La Roumanie doit impérativement réduire ses dépenses
Au vue des dépenses excessives de la Roumanie au cours des dernières années, le président roumain par intérim Ilie Bolojan recommande une réduction drastique.

Leyla Cheamil, 25.03.2025, 12:26
La Roumanie fait face à une situation budgétaire préoccupante après plusieurs années de dépenses excessives. C’est le constat dressé par le président roumain par intérim, Ilie Bolojan, qui appelle à un effort soutenu pour rééquilibrer les finances publiques et relancer l’économie au cours des deux prochaines années. Lors d’une intervention télévisée, le chef de l’État a esquissé les solutions envisageables : réduire les dépenses de fonctionnement ou, en dernier recours, augmenter les impôts et les taxes. Il a également insisté sur la nécessité d’améliorer la collecte des recettes fiscales, notamment en matière de TVA, où des marges de récupération subsistent.
Toutefois, Ilie Bolojan a souligné que l’augmentation de la pression fiscale ne devrait être envisagée qu’en ultime recours, dans des circonstances exceptionnelles. Une approche prudente qui vise à concilier discipline budgétaire et soutien à l’activité économique. Ilie Bolojan :
« À mon avis, si nous agissons de manière ordonnée en réduisant nos dépenses, en soutenant la croissance économique et en attirant des fonds européens, nous pourrions éviter ce scénario. À l’inverse, sans ces mesures, il deviendra inévitable. La question des hausses d’impôts devient alors secondaire : quelle que soit la forme qu’elles prennent – augmentation de la TVA ou des impôts sur le revenu – la charge retombera sur les contribuables. Soit par une hausse des prix, soit par une ponction plus lourde sur les salaires. Si nous tardons à mettre en place ces ajustements, nous finirons par y être contraints. Dire la vérité n’est jamais facile, mais l’inaction ne ferait qu’aggraver la situation. »
Trop de dépenses et d’emprunts
Interrogé sur les dépenses les plus injustifiées, Ilie Bolojan a répondu que selon lui, une intervention était nécessaire dans de nombreuses entreprises publiques. Il a également attiré l’attention sur le fait que la Roumanie avait contracté d’importants emprunts : « L’année dernière, nous avons contracté environ un milliard d’euros de prêts hebdomadaires pour assurer un certain équilibre budgétaire », a précisé le chef de l’État, ajoutant que les taux d’intérêt de ces emprunts augmenteraient chaque année. Et d’ajouter que quel que soit le gouvernement au pouvoir l’année prochaine, il ne pourra pas échapper à cette réalité d’ici deux à trois ans. Le président a également déclaré qu’il fallait agir avec un certain sentiment d’urgence. « Il faudra un effort d’un an, d’un an et demi, voire de deux ans, pour corriger légèrement le déficit budgétaire et créer les conditions de la relance de notre économie», a ajouté Monsieur Bolojan.
Notation basse des agences
Rappelons que l’agence de notation Moody’s a maintenu la note souveraine de la Roumanie recommandée pour les investissements, mais a révisée la note sur les perspectives de stable à la baisse, la déclarant désormais négative. Selon Moody’s, en l’absence de mesures supplémentaires de réforme budgétaire et de réduction des dépenses, le déficit budgétaire devrait rester élevé cette année, atteignant les 7,7 % du PIB. Selon les analystes de l’agence la Roumanie est également exposée à un risque géopolitique en raison de l’approche de la guerre en Ukraine. Moody’s était la seule des trois principales agences à avoir une perspective stable associée à la notation souveraine de la Roumanie. Fitch et Standard & Poor’s ont déjà des perspectives négatives, ce qui place la Roumanie à un pas de la catégorie « junk », déconseillées pour l’investissement.