« L’OTAN est prête pour tout scénario »
L’OTAN a prépare tous les scénarios militaires pour toute situation de sécurité qui pourrait affecter ses membres, affirme le président par intérim de la Roumanie, Ilie Bolojan.

Bogdan Matei, 11.03.2025, 10:39
L’OTAN à l’heure des incertitudes
Selon une célèbre blague, l’OTAN a été créée, quelques années après l’écrasement du nazisme, pour maintenir les Allemands à terre, les Soviétiques hors d’Europe et les Américains à l’intérieur. Trois quarts de siècle plus tard, cette formule s’avère moins fiable. La Russie post-soviétique a retrouvé son agressivité, sa frénésie meurtrière et son appétit territorial. Et les États-Unis, sous la nouvelle administration républicaine dirigée par le président Donald Trump, semblent de moins en moins intéressés à garantir la sécurité de l’Europe, lui reprochant de ne pas investir suffisamment dans sa propre défense. Ces évolutions créent des inquiétudes notamment sur le flanc Est de l’Alliance de l’Atlantique Nord, dans les pays voisins soit directement de la Russie, soit de l’Ukraine, envahie par les troupes de Moscou.
« Tous les scénarios sont prêts »
C’est aussi le cas de la Roumanie qui partage une frontière d’environ 650 km avec l’Ukraine en guerre. Dans un message censé apaiser les esprits de ses compatriotes, le président par intérim de la Roumanie, Ilie Bolojan, affirme que l’OTAN a préparé tous les scénarios militaires nécessaires pour tout type de situation de sécurité qui pourrait affecter les pays membres de l’Alliance, y compris ceux se trouvant sur son flanc oriental. « Disons qu’il y a ces plans stratégiques imaginés par l’OTAN, y compris par l’Armée roumaine », a précisé Ilie Bolojan. Il a aussi rappelé que la France était désignée nation-cadre pour la défense de la Roumanie, des troupes françaises se trouvant sur le territoire roumain.
« Le problème qui se pose c’est soit de faire croître la contribution des pays membres dans l’actuel engagement de sécurité, ce qui ne va pas changer grand-chose, soit, dans une seconde hypothèse, les pays européens devraient assumer une responsabilité supplémentaire, et il ne s’agit pas uniquement des Etats-membres de l’UE », a encore expliqué le chef d’Etat par intérim de la Roumanie.
Il admet pourtant que « pour assurer sa défense, l’Europe ne peut pas se débrouiller sans l’aide des Etats-Unis ».
Ces déclarations d’Ilie Bolojan surviennent dans le contexte où, selon des sources de l’Alliance, citées par le correspondant de Radio Roumanie à Bruxelles, les Etats-Unis pourraient retirer cette année même une partie des militaires américains déployés en Europe. Selon la même source, cette initiative ne viserait pas à remettre en question l’Alliance elle-même, mais à inciter les Européens à assumer une plus grande part de l’effort de dissuasion et de défense. A l’heure où l’on parle, quelque 160 000 militaires américains sont déployés au-delà des frontières des Etats-Unis, dont la plupart, soit 35 000 environ sont à retrouver en Allemagne. Selon les médias, toujours en raison des incertitudes engendrées par l’administration Trump, les grands groupes du PE préparent un document pour demander à l’UE de plaider pour la création d’un pilier européen au sein de l’OTAN, qui puisse agir de manière autonome si nécessaire. Ce pilier pourrait inclure la Grande Bretagne, la Turquie, la Norvège et l’Islande – des pays qui ne sont pas des Etats-membres de l’UE, mais qui sont des alliés au sein de l’OTAN.