L’église orthodoxe roumaine, à l’heure de son Centenaire
Outre ses activités liturgiques actuelles et l'assistance religieuse qu'elle apporte dans les hôpitaux, les orphelinats, les prisons et les maisons de retraite, l'Église orthodoxe, qui est majoritaire en Roumanie, déploie également une vaste activité sociale et philanthropique en faveur des personnes défavorisées et des personnes confrontées aux problèmes les plus divers.

Roxana Vasile, 05.03.2025, 10:52
2025 : année du Centenaire du Patriarcat Roumain
Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine a déclaré 2025 – année du centenaire du Patriarcat roumain. Une loi à cet effet a également été adoptée par le Parlement de Bucarest. En fait, l’anniversaire est double ! En effet, il y a 100 ans, le 4 février 1925, l’Eglise orthodoxe roumaine devenait un Patriarcat, alors que 40 ans plus tôt elle avait déjà fait un pas dans ce sens en devenant autocéphale, le 25 avril 1885. Un moment du bilan, donc, pour l’Eglise ! Outre ses activités liturgiques actuelles et l’assistance religieuse qu’elle apporte dans les hôpitaux, les orphelinats, les prisons et les maisons de retraite, l’Église orthodoxe, qui est majoritaire en Roumanie, déploie également une vaste activité sociale et philanthropique en faveur des personnes défavorisées et des personnes confrontées aux problèmes les plus divers.
Et cela ne date pas d’hier !
Des centres pour aider les personnes vulnérables
Le conseiller social du patriarche Daniel de Roumanie, le prêtre Ciprian Ioniță, évoque brièvement le passé de cette activité :
« C’est le commandement de notre Sauveur Jésus-Christ d’aimer notre prochain et ceux qui ont besoin d’aide, et nous, en tant qu’Église, nous avons toujours eu des centres socio-médicaux dans les monastères, et dernièrement certains d’entre eux ont été accrédités, autorisés et offrent des services de qualité aux personnes vulnérables. Immédiatement après 1990, des fondations ont été créées aux côtés de l’Église : par exemple, l’association Diaconia, la fondation St Macrina de Solidarité et Espérance – une autre fondation à Iasi, qui possède également le plus grand hôpital de l’Église orthodoxe… Il y en a tellement ! Nous disposons d’une carte actualisée de tous les services sociaux sur social-fililantantropic.patriarhia.ro. Vous y trouverez tous les services que l’Église développe actuellement. Chaque diocèse a au moins un secteur socio-philanthropique où il y a un conseiller et des inspecteurs diocésains, ainsi que des ONG. Et le prêtre qui veut développer une activité dans sa paroisse peut s’adresser au diocèse pour être guidé ou bien à nous, au Patriarcat. Nous avons également une Fédération qui rassemble les ONG les plus importantes de l’Eglise et il y en a actuellement 27 ».
La zone rurale, le plus en besoin
L’action de la Fédération de Philanthropie, à travers les associations et fondations qui la composent, n’exclut ni les zones urbaines, ni les zones rurales. Mais, étant donné que les besoins sont plus importants dans les villages, les actions qui leur sont destinées représentent 60 % de l’ensemble des actions menées par les associations religieuses.
Le père Ciprian Ioniță nous en dit plus.
« Puis-je vous donner un exemple actuel ? La Fédération de philanthropie mène une campagne intitulée ‘Rend le sourire à une personne âgée’ destinée aux personnes âgées vulnérables. Nous avons reçu une demande d’une paroisse située quelque part à la frontière entre le comté de Bacău et le comté de Harghita… qui souhaitait participer à notre campagne de consultations ophtalmologiques et de lunettes gratuites. Comment ça se passe concrètement ? Nous allons sur place avec nos volontaires, nous faisons la consultation pour les personnes âgées, et ensuite nous retournons à Bucarest, nous commandons le type de lunettes dont chaque personne a besoin et nous les lui faisons parvenir. Aujourd’hui même, nous avons reçu une demande pour 70 personnes. Nous avons des activités que nous organisons et qui sont sur notre page Facebook… Un prêtre m’a appelé, je lui ai dit de contacter d’abord le conseiller social de l’archidiocèse de Roman et Bacău, avec lui nous avons fait une demande, nous l’avons présentée au Patriarche et évidemment il donne son feu vert ».
Aide aux toxicomanes
L’Église aide les personnes âgées, qui sont les bénéficiaires les plus nombreux. Mais elle aide aussi quelque 130 000 enfants dont le destin est difficile, des mères célibataires, des femmes victimes de violences domestiques, des malades qui n’ont pas les moyens de payer les services médicaux, qui n’ont rien à mettre sur la table ou qui ont besoin d’être conseillés – par exemple, les chômeurs ou les toxicomanes.
Le père Ciprian Ioniță apporte des détails.
« La Fédération de philanthropie est un organisme de formation et nous avons un cours de spécialisation dans le domaine de l’aide aux toxicomanes. Au départ, nous avons pensé qu’il serait utile pour nos confrères prêtres de connaître ce problème. Mais entre-temps, nous avons reçu de très nombreuses demandes de la part d’enseignants ou de personnes qui travaillent dans certains centres de traitement des dépendances et nous abordons, dans ce cours, toute la partie relative aux dépendances – alcool, dépendances numériques, toxicomanie… Et vous devez savoir que c’est un cours qui, ces derniers temps, est très apprécié. Les cours sont suivis par ceux qui veulent aider les personnes en situation d’addiction, mais nous avons également organisé un cours à Târgu Mureș, il y a quelques années, où des personnes qui avaient dépassé leur addiction voulaient suivre ce cours, afin d’être en mesure d’aider les personnes dans des situations similaires ».
Le cours de lutte contre la toxicomanie existe depuis 2022 et a permis de former environ 500 personnes à ce jour. Les cours de spécialisation ou de formation professionnelle présentent également un grand intérêt. À l’avenir, l’Église orthodoxe souhaite par exemple développer son propre réseau d’aides à domicile.
Aides à domicile
Ciprian Ionita poursuit sur ce projet et d’autres encore.
« Nous considérons que les personnes âgées sont très vulnérables et ont besoin d’aide et c’est pourquoi nous voulons former un réseau de soins à domicile pour l’ensemble du Patriarcat, d’autant plus que les statistiques montrent que la Roumanie devient un pays plutôt vieillissant et, d’une manière ou d’une autre, il faut soutenir ces personnes. C’est l’un de nos projets pour l’avenir proche. En ce qui concerne les enfants, différents projets ont été soumis. Nous avons eu des projets et nous allons en avoir d’autres dans le domaine de l’écologie. Nous avons pris des initiatives au sein de l’Église orthodoxe roumaine, en collaboration avec la République de Moldavie. Hier encore, je suis revenu d’un cours sur la violence domestique, auquel j’ai participé en tant que formateur pour des prêtres ».
Des difficultés, aussi
Le siècle d’existence et de riche activité du Patriarcat roumain a été marqué, selon le Patriarche Daniel, par de nombreuses bénédictions, mais aussi par des épreuves difficiles. Quelles sont les difficultés en termes d’activité socio-philanthropique ? Le conseiller patriarcal Ciprian Ionita répond :
« Le plus difficile, parfois, c’est quand, par manque de fonds, parce que nous sommes limités, un centre ferme et que nous réfléchissons à la manière de transférer les personnes qui sont dans ce centre ou qui dépendent de nos services vers un autre centre. Mais, Dieu merci, même si un centre a fermé, deux ont probablement ouvert. Si, par exemple, en 2022, nous avions 767 services, cette année nous en avons 100 de plus, soit 867 ».
Le conseiller social du patriarche roumain, le père Ciprian Ioniță, est coauteur d’un livre sur le travail socio-philanthropique de l’Église orthodoxe depuis un siècle. Il sera publié en octobre, lorsque l’année du centenaire du patriarcat roumain culminera avec la grande consécration de la cathédrale nationale de Bucarest. Construite à côté du Palais Parlement, son immense dôme le dominant, la cathédrale semble le juste symbole de la place centrale occupée par l’Eglise orthodoxe roumaine dans les affaires du pays. (trad. Clémence Lheureux)