Le rapport d’un organisme gouvernemental français sur les interférences numériques
Un organisme gouvernemental de France confirme la manipulation de l’information ayant ciblé l’élection présidentielle roumaine de 2024.
Newsroom, 06.02.2025, 12:09
La crise politique de Roumanie, sans précédent durant les 35 années de démocratie post-communiste, est devenue une étude de cas pour les experts étrangers. L’ingérence numérique qui a entraîné l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie est „aisément reproductible », selon le rapport de Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, cité par la correspondante Radio Roumanie à Paris. L’organisme public a indiqué « l’existence de manoeuvres très sophistiquées visant à perturber le bon déroulé de l’élection » roumaine. Concrètement, la « manoeuvre informationnelle » a permis la mobilisation des milliers de comptes, pour « amplifier artificiellement la popularité de mots-clefs associés au candidat Calin Georgescu, proche de la Russie de Poutine. L’algorithme de recommandation de TikTok a été manipulé afin que les articles respectifs apparaissent dans le fil d’actualité des utilisateurs pour alimenter la popularité de Georgescu.
La Roumanie a été le troisième pays européen touché par des ingérences numériques dans un contexte électoral
Plus d’une centaine d’influenceurs Tik Tok, sans préoccupation politique et plus de huit millions d’utilisateurs actifs auraient été recrutés pour participer, sans le savoir, à une campagne censée augmenter la visibilité du candidat souverainiste. Le même rapport ajoute que des cas d’ingérence numérique ont été observés sur d’autres plateformes aussi, telles Facebook ou Instagram. Après la Géorgie et la Moldavie, la Roumanie a été le troisième pays européen touché par des ingérences numériques dans un contexte électoral, précise Viginum dans son rapport, et ajoute que le commanditaire derrière la campagne en faveur de M. Georgescu n’a pas été identifié.
Certaines interrogations persistent en Roumanie
A l’heure où l’on parle, certaines interrogations persistent en Roumanie quant aux élections présidentielles annulées. Organisé selon le calendrier électoral le 24 novembre dernier et validé initialement par la Cour Constitutionnelle, le premier tour du scrutin présidentiel a été annulé par la suite par la même Cour, après que le Conseil suprême de défense nationale a rendu publiques des notes de renseignement préalablement déclassifiées faisant état de l’ingérence d’un acteur étatique étranger. Par conséquent, la Cour a décidé l’annulation de tout le processus électoral. Précisons que suite aux résultats du premier tour, le second, prévu le 8 décembre, aurait dû opposer le candidat indépendant et souverainiste, Calin Georgescu et la responsable de l’USR, la pro-européenne Elena Lasconi.
La Commission de Venise s’exprime sur la décision de la CCR
La décision de la Cour constitutionnelle est intervenue après que des dizaines de milliers de Roumains de l’étranger se sont déjà rendus aux urnes ouvertes depuis le 6 décembre. Or, selon la Commission de Venise, une telle décision ne doit pas être fondée uniquement sur des informations classés, qui ne garantissent pas la transparence nécessaire. En revanche, il faut indiquer avec précision les normes enfreintes et apporter des preuves en ce sens. Plus encore, il faudrait limiter le pouvoir de la Cour Constitutionnelle à des circonstances exceptionnelles et le réglementer de manière très claire. Les experts indépendants en droit constitutionnel estiment également qu’il est particulièrement difficile de prouver que la loi a été transgressée dans les campagnes électorales menées en ligne ou sur les réseaux sociaux.