Les Fêtes religieuses selon l’ancien calendrier
En Roumanie, plus d’un million de fidèles orthodoxes célèbrent Noël selon un calendrier à l’ancienne. Il s’agit surtout des Russes lipovéens, la communauté russe basée en Dobrodgea, des Ukrainiens, des Moldaves et des Serbes.
Ana-Maria Cononovici, 21.01.2025, 15:15
Le calendrier à l’ancienne est donc le calendrier Julien, qui marque les jours selon une ancienne méthode de calcul qui ne prenait pas en considération la véritable durée du mouvement de la Terre autour du soleil : le calendrier Julien est donc décalé de 13 jours par rapport au calendrier que l’on utilise aujourd’hui. Par conséquent, Noël et le Nouvel An sont ainsi célébrés avec plusieurs jours de décalage par rapport au calendrier d’Europe occidentale, Noël le 7 janvier et la Nouvelle Année, dans la nuit du 13 au 14 janvier.
Même si la date diffère, le calendrier à l’ancienne des traditions et coutumes de Noël est similaire à celui actuel. Les fidèles s’habillent en costumes folkloriques et chantent des cantiques de Noël, avant de se réunir autour de la table.
Paul Condrat, un Lipovéen de Jurilovca, nous a parlé des fêtes organisées par sa communauté :
« Les Lipovéens sont des russes, de confession orthodoxe qui respecte l’ancien calendrier. C’est une orthodoxie archaïque et originelle. Par rapport aux restes des Orthodoxes, qui utilisent le calendrier nouveau ou Grégorien, les Lipovéens utilisent, eux, le calendrier julien. Il existe également quelques différences culturelles. De nos jours, la plupart des traditions sont encore respectées. Les fêtes diffèrent un peu : ces célébrations, c’est à dire la Naissance du Seigneur et le passage au Nouvel An, sont marquées en cercle restreint, au sin de la famille. La Nuit du Réveillon est marquée d’une manière calme et paisible. La veille de Noël, les enfants et les jeunes chantent des cantiques de Noël. Le premier jour du Nouvel An, c’est aux enfants plus petits de faire du porte à porte pour chanter des cantiques de Noël, notamment la chanson dite de la Petite charrue, qui commence par les mots « Dieu marche sur les champs ». La transition vers la nouvelle année est marquée de cette manière.»
Nous avons demandé à Paul Condrat s’il y avait des plats particuliers censés apporter chance et succès pour la nouvelle année:
« D’une certaine manière, les paroles des cantiques de Noël se retrouvent également sur la table. Par exemple, chez les Lipoveni, la tradition veut qu’à Noël, on prépare des petits fours sous la forme d’une noix. La pâte est simple et très bonne, même s’il n’y a pas de crème. »
La célébration des fêtes d’hiver selon l’ancien calendrier est aussi un prétexte pour les fidèles d’autres confessions de continuer à faire la fête.
Nous avons demandé à Paul Condrat quelles sont les douceurs préparées pour les touristes :
« Nous leurs offrons de la bonne gastronomie traditionnelle, avec des plats à base de poisson et bien sûr, nous avons aussi des plats traditionnels à base de porc : des sarmale, de piftia de porc, sorte d’aspic au porc. Parmi les plats traditionnels on retrouve les plats à base de poisson, tel le bortsch qui reste la vedette de la table, qui ne peut manquer à aucun repas. Il y a aussi des entrées à base poisson, tels des amuse-bouche aux taramas, du poisson mariné ou encore des boulettes de poisson. »
La communauté ukrainienne
Dans la communauté ukrainienne du nord de la Roumanie, les femmes préparent douze plats végétariens pour le repas qui précède Noël, en utilisant des champignons, des haricots, de la farine, de la farine de maïs, des pommes de terre et de la choucroute. Pour obtenir 12 plats, on utilise souvent les mêmes ingrédients. Un des plats spécifiques est une sorte de raviole à base de farine blanche, fourré soit de confiture, soit de noix ou encore, du chou.
La soupe de chou en saumure et les « petits rouleaux remplis d’une sorte de porridge au millet » sont des plats présents sur toutes les tables en cette période de fête. Pour les Ukrainiens de Maramureş, la tradition veut que neuf plats soient placés sur la table de Noël, symbolisant la richesse tout au long de l’année. Le plat le plus important reste la « hrebleanca », un plat à base de champignons cuits dans du jus de chou. Le plateau de blé cuit, symbole de riches récoltes, et le poisson ne peuvent pas manquer non plus de la table. Selon une coutume spécifique à cette région, les pieds de la table restent attachés avec une chaîne jusqu’au jour de l’Epiphanie pour que le bien reste dans le foyer. Parmi les desserts traditionnels que les ukrainiens mangent à Noël, mentionnons la kutya, un plat composé de grains de blé bouillis, de miel et de graines de pavot.
A la fin, disons que le jour de Noël, la communauté serbe du Banat prépare des plats à base de poisson, du porcelet à la broche et une tarte appelée « cesniţa », avec beaucoup de noix et de miel, afin que l’année à venir soit douce et tendre. Avant d’enfourner la tarte, on y glisse deux pièces de monnaie. Ceux qui les trouveront auront de la chance toute l’année.