Les grands défis de l’année en matière de relations internationales
La guerre en Ukraine, les événements du Proche-Orient, le début du second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, les élections à risque prévues pour cette année en France, en Allemagne et en Pologne, voilà les événements marquants qui vont jalonner cette année l’agenda des relations internationales.
Corina Cristea, 24.01.2025, 10:06
De son côté, l’Union européenne, espace de paix et de sécurité et qui avait exclu pendant longtemps la guerre du champ du possible, devrait apporter des réponses adéquates à toutes ces questions, et notamment à cette guerre d’Ukraine qui se prolonge depuis déjà trois années. Ce fut un choc pour ce continent qui ne pensait pas qu’une telle guerre soit encore possible sur son sol ou à ses portes, explique le professeur des universités Dan Dungaciu, spécialiste en questions de sécurité. Une guerre qui nous rappelle combien les connexions économiques, les interactions, les contacts, les négociations constituent le seul garant de la paix.
Le modèle franco-allemand d’après la Seconde Guerre mondiale est là pour nous le rappeler, affirme encore Dan Dungaciu :
« Pourtant, l’on voit aujourd’hui que l’interdépendance économique, les connexions, les relations économiques ne mènent pas toujours à la paix. L’UE devrait se réinventer. Cette Union a été conçue comme un projet post national. Non pas antinational, mais postnational. Or, le monde revient aujourd’hui à une logique nationale, voire nationaliste. On le constate de manière prégnante lors de cette guerre entre la Russie et l’Ukraine. Car la résistance ukrainienne fait appel aux ressources du nationalisme ukrainien. L’Ukraine se réinvente, se redécouvre, se développe grâce à cette identité nationale redécouverte à la faveur de la guerre. Et l’UE devrait se réinventer à son tour face à ce monde qui change, devrait redéfinir son projet et son identité ».
Des guerres au Proche et Moyen-Orient
Fin 2024, la guerre en Ukraine a été éclipsée par la guerre au Proche-Orient et par la chute du régime Assad en Syrie. Une victoire indirecte mais stratégique d’Israël, esstime Dan Dungaciu :
« La chute du régime Assad porte un coup au régime iranien, qui se voit priver du corridor terrestre qui lui permettait d’abreuver son allié régional le plus important, les milices Hezbollah. Il est à parier que la nouvelle administration Trump abordera à brève échéance le dossier du Proche-Orient, probablement juste après le dossier ukrainien, une priorité assumée de la présidence de Donald Trump. Et il va falloir voir l’angle d’attaque de l’administration Trump à cet égard. La Syrie demeure à beaucoup d’égards un Etat artificiel, mais qui se trouve au carrefour d’intérêts régionaux divergents. Regardez les intérêts clamés par la Turquie dans la région d’une part, les intérêts iraniens de l’autre, enfin les intérêts israéliens. Et tous ces intérêts devraient s’accommoder entre eux, d’une manière ou d’une autre. Et c’est à l’administration Trump de tenter de définir les contours de futures évolutions dans la région ».
Les bouleversements auxquels l’on assiste au Moyen-Orient sont sans précédent, poursuit Dan Dungaciu :
« Il faudrait voir de quelle manière interviendra l’administration Trump de sorte à infléchir le cours des événements sans pour autant intervenir militairement dans la région. Parce que s’il y a bien une chose que le président Trump craint c’est celle de se voir attirer dans une guerre non désirée, qu’il considère comme la voie la plus sûre de faire échouer son mandat. Un mandat qu’il désire exceptionnel ».
La guerre hybride menée par la Russie
Plus près de chez nous, la guerre hybride, la guerre numérique que livre la Russie à l’Europe, une guerre censée nourrir notamment l’extrémisme demeure à son tour un sujet inquiétant. Les élections qui doivent se tenir cette année en France et en Allemagne, les élections présidentielles polonaises constituent autant d’opportunités pour le pouvoir de nuisance de cette guerre hybride russe. L’analyste Dan Dungaciu rappelle dans le contexte combien il serait dangereux de laisser la voie libre à cette propagande qui poursuit le dessein d’insinuer le doute dans les valeurs européennes au sein même des sociétés européennes. (Trad. Ionut Jugureanu)