La semaine du 9 au 15 décembre 2024
Feu vert à l’adhésion complète de la Roumanie à l’espace Schengen / Les élections présidentielles ont été annulées / Les partis pro-européens ont démarré le négociation pour former un nouveau gouvernement / L’inflation ne cesse de croître / Clin d’œil sur les performances sportives de cette semaine
Ştefan Stoica, 15.12.2024, 10:35
La Roumanie rejoint enfin l’espace Schengen
La bonne nouvelle de la semaine, attendue et officiellement confirmée jeudi, est l’admission complète de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen. Pour rappel, fin mars, les partenaires européens s’étaient mis d’accord pour accueillir les deux pays dans l’espace de libre circulation avec des frontières aériennes et maritimes. Une fois que les Pays-Bas et l’Autriche ont donné leur feu vert, le Conseil Justice et affaires intérieures a approuvé ce jeudi, à l’unanimité, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace de libre circulation de l’UE, avec leurs frontières terrestres, à partir du 1er janvier 2025. À compter de cette date, des contrôles seront effectués uniquement aux frontières de la Roumanie avec la Serbie, la Moldavie et l’Ukraine. Toutefois, au cours des six premiers mois suivant l’adhésion, des contrôles alternatifs ou aléatoires seront encore effectués, en tant que mesure de sécurité, censée évaluer le fonctionnement de la libre circulation. De tels contrôles temporaires ont déjà été mis en place à plusieurs frontières intérieures de l’espace Schengen en raison de la hausse du nombre d’immigrés clandestins. Les autorités de Bucarest se sont félicitées de l’admission du pays au sein de l’espace Schengen, soulignant que cette décision allait se traduire par une circulation plus rapide des citoyens, une réduction des coûts logistiques pour les entreprises, une compétitivité accrue des produits et services roumains sur le marché européen, des opportunités commerciales et des emplois.
Marathon électoral interrompu
En début de semaine, les Roumains auraient dû élire leur président ou présidente pour les cinq années à venir. Le second tour de l’élection présidentielle était prévu pour le 8 décembre, date finale d’un véritable marathon électoral qui avait débuté en juin dernier par des élections législatives locales et européennes. Cependant, le 6 décembre, la Cour constitutionnelle a annulé les élections à la fonction suprême après avoir constaté que le processus électoral avait été vicié par de multiples irrégularités et violations de la loi électorale. Selon les services de renseignement, le bénéficiaire direct de ce processus électoral, détourné par les attaques hybrides de la Russie, a été le gagnant du premier tour, le candidat indépendant Călin Georgescu, un extrémiste pro-russe, avec un discours anti-occidental virulent et admirateur des dirigeants fascistes roumains de l’entre-deux-guerres. A l’heure actuelle, une enquête pénale concerne deux de ses proches collaborateurs, d’anciens mercenaires. L’un, soupçonné de vouloir causer des troubles dans la capitale, est mis en examen pour non-respect du régime des armes et munitions, opérations pyrotechniques et incitation à la haine, et l’autre pour avoir utilisé des symboles de l’ancienne Garde de fer roumaine, c’est-à-dire des symboles de l’extrême droite antisémite et criminelle des années 1930. Le Financial Times reprend le point de vue des analystes selon lesquels l’attrait des groupes paramilitaires en Roumanie, dont les idées extrêmement « machistes » combinent religion et ultranationalisme, a augmenté parce que les autorités ne sont pas intervenues.
Des négociations pour le futur gouvernement entre les partis pro-européens
Dans ce contexte, le président roumain Klaus Iohannis, dont le mandat sera prolongé jusqu’à l’élection de son successeur, a convoqué le nouveau parlement le 20 décembre. Quatre partis pro-européens, à savoir : le Parti Social-Démocrate (PSD), le Parti National Libéral (PNL), l’Union Sauvez la Roumanie (USR) et l’Union démocrate-magyare de Romanie (UDMR), ainsi que 3 partis souverainistes autoproclamés, l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), SOS Roumanie et Le Parti de la Jeunesse (POT), feront partie du nouveau Législatif, conformément au résultat des élections du 1er décembre dernier. Avec près de deux tiers des sièges, les pro-européens et les députés représentant les minorités nationales ont entamé cette semaine des négociations en vue de la formation d’un gouvernement de large coalition. A noter qu’avant le second tour des élections présidentielles, le PSD, le PNL, l’USR, l’UDMR aux côtés du groupe des minorités nationales avaient signé un pacte pour une coalition pro-européenne et euro-atlantique. Ce document visait à bloquer l’accès de Călin Georgescu à la plus haute fonction de l’État. Après l’annulation des élections, les signataires du document ont renouvelé leur engagement et promettent désormais un programme de gouvernement fondé sur le développement et les réformes, qui tiendra compte des priorités des citoyens. Ils ont convenu de la nécessité d’avoir un plan concret pour rendre plus efficaces, voire réduire les dépenses publiques et la bureaucratie dans l’administration publique. Ils ont également convenu d’accélérer le rythme des investissements et des réformes dans le cadre du Plan National de Relance et de Résilience.
L’inflation, toujours un problème
Le futur Exécutif de Bucarest aura de nombreux défis à relever dans la période à venir, dont notamment le rétablissement de la confiance des citoyens dans la classe politique, la réforme des institutions de l’État ou encore la gestion des nombreux problèmes économiques, dont l’inflation galopante. Alimenté par la hausse des prix des services postaux, des fruits frais et de la margarine, le taux d’inflation a de nouveau augmenté par rapport au mois précédent. Il en va de même pour le taux annuel d’inflation, qui, à comparer les mois de novembre 2024 et 2023, a de nouveau augmenté pour le deuxième mois consécutif, passant de 4,67 % en octobre à 5,11 %. L’une des raisons de cette hausse de l’inflation est le déficit budgétaire élevé, que le gouvernement a du mal à financer, expliquent les analystes. D’ailleurs, selon les plus récentes prévisions de la Banque Nationale de Roumanie l’inflation ne passera pas en-dessous des 3,5 % par an avant 2026.
Football et handball
Côté sport, l’équipe du FCSB de Bucarest, a fait match nul contre les Allemands d’Hoffenheim, jeudi soir, lors de la 6e étape de l’Europa League. L’équipe de Bucarest est 10ème dans le groupe unique et approche à grands pas de la qualification dans la compétition européenne, avec deux matchs restants en janvier, dont le dernier à domicile contre la célèbre équipe anglaise de Manchester United.
En handball, la sélection nationale de handball féminin de Roumanie s’est classée 11e au Championnat d’Europe organisé par l’Autriche, la Hongrie et la Suisse. Toutefois, la performance d’une équipe privée de ses vedettes après le départ de tout un contingent, dont la superstar Cristina Neagu, a été quelque peu appréciée. La sélection nationale a fait la surprise, arrivant dans la phase des groupes principaux après des victoires contre la République tchèque et la Serbie. Puis, dans les groupes, les Roumaines ont battu la Suède, toujours de manière inattendue. (trad. Valentina Beleavski)