Les changements climatiques et leur impact sur la Roumanie
Dans le contexte du changement climatique accéléré, l’été 2024 a apporté une nouvelle série de records alarmants aux niveaux mondial et régional, mettant en évidence l’impact significatif du réchauffement climatique sur l’environnement et sur la société. Analyse.
Daniel Onea, 29.11.2024, 14:50
L’été 2024 – des records de chaleur alarmants
Dans le contexte du changement climatique accéléré, l’été 2024 a apporté une nouvelle série de records alarmants aux niveaux mondial et régional, mettant en évidence l’impact significatif du réchauffement climatique sur l’environnement et sur la société. Par ailleurs, la Roumanie a enregistré une hausse constante des températures au cours des sept dernières décennies et le phénomène de l’îlot de chaleur urbain est apparu. Après un effort scientifique collectif d’un groupe de 11 auteurs, un rapport a été publié qui analyse en détail tous les changements climatiques et leurs effets en Roumanie.
Aussi, selon le rapport intitulé « Etat des lieux climatique. Roumanie, 2024 », entre 1950 et 2023, la durée et la fréquence des périodes caniculaires ont augmenté de façon significative, la plupart des régions du pays enregistrant des périodes de canicule qui s’étendent pendant 10 à 15 jours, le sud-ouest et l’est du pays pendant 25 à 30 jours. Les projections indiquent que cette tendance ira croissant d’ici à la fin du siècle, affectant la santé publique et l’économie.
La sécheresse, autre défi majeur
Outre les vagues de chaleur, la sécheresse constitue un autre défi majeur pour la Roumanie. Les zones touchées par des sécheresses modérées, sévères et extrêmes ont augmenté, avec des pics enregistrés durant les années 2018-2020 et 2021-2023. La première a été la plus longue période enregistrée, avec des effets dévastateurs sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. La tendance à l’aridisation se poursuit, influençant profondément les écosystèmes et la production agricole. D’autres phénomènes météorologiques extrêmes, comme les tempêtes violentes, sont également devenus plus fréquents. Aussi, entre 1940 et 2023, les conditions favorables pour voir se produire de tels événements se sont accrues, notamment dans l’est et le nord du pays. Les projections pour 2025-2050 et puis jusqu’à la fin du siècle indiquent une hausse probable de ces phénomènes, qui auront un impact négatif sur l’agriculture et les infrastructures.
Bogdan Antonescu, l’un des auteurs du rapport, chercheur en météorologie et en climatologie, chargé de cours à la faculté de physique de l’université de Bucarest, spécialiste des phénomènes météo extrêmes et des tornades, explique :
« Malheureusement, le rapport constate la poursuite de cette tendance lourde où l’on voit un impact toujours croissant des activités humaines sur le climat, parce que la température moyenne mondiale continue d’augmenter. Le continent européen se réchauffe davantage que les autres continents et nous ressentirons de plus en plus souvent les effets du changement climatique. Nous aurons davantage de vagues de chaleur, plus longues et plus intenses. La Roumanie constitue à cet égard un cas d’école. Par ailleurs, les populations urbaines seront les premières affectées par la formation de ces îlots de chaleur urbain. La présence du béton et de l’asphalte amplifie la durée et les effets des vagues de chaleur. Des vagues de chaleur qui dureront plus longtemps et qui entraîneront des conséquences encore plus importantes. Pour les prochaines années, les choses continueront à évoluer dans cette direction : davantage de vagues de chaleur, une hausse de la durée et du nombre de périodes de sécheresse, davantage de tempêtes. »
Les conséquences des activités humaines
Mais la Roumanie a déjà connu des périodes de sécheresse sévère et de chaleur excessive dans le passé. Cependant, l’apparition de nouveaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne une augmentation de la température moyenne mondiale. Ce phénomène naturel est alors amplifié par la conséquence des activités humaines.
Bogdan Antonescu : « Prenez par exemple la tempête Boris, qui a touché l’Europe centrale entre le 12 et le 15 septembre de cette année. Cette tempête a été analysée en détail, et ce que l’on a pu constater est que la quantité de pluie aurait été inférieure de 20% en l’absence des conséquences du changement climatique. Les glaciers sont également un point critique du système climatique, car une fois fondus, ils ne se rétabliront pas. La fonte des glaciers fait monter le niveau des océans, ce qui entraîne l’inondation de certaines zones côtières. Les écosystèmes aquatiques sont également affectés, au même titre que les communautés humaines établies au long des côtes. Certes, cela prend du temps et l’on ne verra pas la disparition des glaciers en quelques années, mais il s’agit d’une tendance lourde. Les coraux sont également affectés par la hausse des températures océaniques et leur survie est mise en question. Les solutions technologiques censées parer la hausse des températures, telle l’extraction du dioxyde de carbone de l’atmosphère, sont toujours à l’étude, mais encore loin d’être opérationnelles. Ce qu’il nous reste à faire à l’heure actuelle c’est d’agir sur les causes, c’est-à-dire essayer de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Mais le changement climatique est là, et il faut aussi s’y adapter. Adapter les cultures dans l’agriculture par exemple. Et puis, surtout, agir au niveau global pour tenter de diminuer les rejets de gaz à effet de serre. »
Urgent : une législation nationale et une vision intégrée
Auteurs du rapport « Etat des lieux climatique. Roumanie, 2024 » montre que des mesures nationales en matière d’efficacité énergétique et de promotion des énergies renouvelables ont été mises en œuvre, mais que la lutte contre le réchauffement climatique appelle à la rédaction d’une législation nationale et à la mise en œuvre d’une vision intégrée en la matière. Le secteur de l’énergie demeure au cœur de cette transition. Aussi, alors que les combustibles fossiles se taillent toujours la part du lion dans le mix énergétique de la Roumanie actuelle, il est prévu d’augmenter les capacités renouvelables et nucléaires d’ici 2050. L’électrification de l’économie et le développement des infrastructures de stockage d’énergie demeurent essentiels pour atteindre la neutralité climatique.
En outre, alors que le changement climatique soit reconnu comme un problème réel par les Roumains, seuls 4% le considèrent comme une priorité nationale. Aussi, la prise de conscience de l’impact du changement climatique sur l’agriculture, sur l’eau, sur l’économie et la santé ne se traduit pas encore par une forte demande d’action climatique. (Trad. Ionut Jugureanu)