L’Exposition personnelle « This Side of Paradise » de l’artiste Marius Bercea
Une exposition regroupant huit salles avec des ouvrages et des concepts illustrant des thèmes spécifiques
Eugen Cojocariu et Ion Puican, 14.09.2024, 11:21
La ville de Timișoara (ouest de la Roumanie) a accueilli jusqu’à la mi-août une exposition très spéciale : « This Side of Paradise », la première exposition personnelle de l’artiste visuel Marius Bercea, ouverte au siège de la Fondation Art Encounters. Marius Bercea est un des artistes roumains les plus appréciés dans le monde de l’art contemporain. A Timișoara, le public a pu admirer plus de quarante toiles et dessins réalisées en Roumanie et aux Etats-Unis ces quinze dernières années. Marius Bercea a expliqué le choix du titre de son exposition:
« C’est une première pour moi aussi le fait d’exposer un nombre assez grand de créations réalisées à travers quatorze ou quinze ans. Le titre est évidemment lié au roman « This Side of Paradise » de F. Scott Fitzgerald, et c’est à l’intérieur de ce cadre que j’ai travaillé avec Diana Marincu. Nous avons construit une exposition dont les huit salles ont des descriptions individuelles. »
Une composition de grandes dimensions, avec une composante théâtrale
Dans les huit salles mentionnées par Marius Bercea, les ouvrages et les concepts ont illustré des thèmes spécifiques, a-t-il ajouté:
« La majorité des ouvrages a été réalisée dans l’environnement traditionnel de la peinture. Deux des salles, que l’on pourrait appelées « de poche », ont été consacrées à une zone de dessins, d’esquisses, une sorte de journalisme visuel de l’instant. Dans une autre salle l’on a pu voir un montage photo dynamique, issu d’une série nombreuse de photographies que j’avais prises à la périphérie de la ville de Los Angeles, dans les déserts de Mojave, Morongo et Death Valley. La commissaire de l’exposition a été très généreuse, puisque je me suis appuyé sur une sorte d’armature et de construction de plusieurs thèmes que j’ai traités. On y a donc trouvé une salle avec des créations des années 2009, 2010, 2011, qui s’est rapportée à un temps passé. Il y a eu de nombreuses citations de la zone de l’architecture, de Zirra, des années 1980, lorsque nous étions bien-sûr contraints en quelque sorte de passer nos vacances dans ces lieux enveloppés dans un éclectisme architectural, et puis un autre type de salle, où il y avait un rapprochement visible entre un type de modernisme des rives de la mer Noire et un modernisme de l’architecture présent plutôt sur la côte ouest de l’Amérique, au sud de la Californie, une zone dont j’ai explorée l’architecture et le design. C’est ce qui explique la présence, dans plusieurs de mes ouvrages, de ce mythe moderne du « design et architecture ». Il y a eu ensuite une salle très, très personnelle, où était exposée, je dirais, la pièce centrale de l’exposition « The Theory of Chapel ». C’est une composition de grandes dimensions, avec une composante théâtrale, issue d’une certaine manière de « La Cerisaie » de Tchekhov. Ce sont deux moments, quand l’action se déroule à l’extérieur, dans les deuxième et quatrième actes de la pièce, et quand on trouve cet élément musical. Dans ses indications de mise en scène, Tchékhov ouvre la scène par le son lointain d’une corde cassée, qui explique la chorégraphie du mouvement effectué par le personnage de cette composition. Il y a aussi eu plusieurs ouvrages qui se réfèrent à tous les temps que nous vivons. Et j’ai aussi proposé un ouvrage qui parlait du confort et de l’hospitalité qui rencontrent le mythe et la violence, de ce qui nous transforme tous en spectateurs ou téléspectateurs, ou vidéo spectateurs, de ce reality show absurde que nous vivons depuis quelques années. »
Portrait de Marius Bercea
La commissaire de l’exposition, Diana Marincu, a fait une brève présentation de l’artiste Marius Bercea :
« Marius Bercea fait partie d’une génération d’artistes déjà extrêmement convaincants, qui ont prouvé la force de leur message artistique à un niveau national et international. La Fondation Art Encounters a également pour mission de créer une plateforme dédiée à ce type de confirmation, qui est malheureusement trop peu livrée par les institutions de Roumanie, mais plutôt par celles d’Occident. Marius Bercea a développé son talent dans les années 2000, quand la ville de Cluj abritait cet incroyable boom créatif et c’est en raison de ce phénomène qu’il a davantage exposé à l’étranger. »
Diana Marincu a aussi parlé du contenu de l’exposition dont elle a été la commissaire:
« L’exposition a rassemblé des ouvrages réalisés par Marius Bercea à différentes époques, ce qui a été intéressant et la transformait en une mini rétrospective, mettant en lumière son intérêt pour le développement social et politique de la Roumanie et pour sa recherche en Amérique, en Californie plus exactement. Mais nous avons aussi des ouvrages qui s’arrêtent sur la nouvelle génération, née après 1990, après la Révolution, et dont les repères sont entièrement différents des ceux de la génération précédente. Cette exposition a donc montré son intérêt pour des lieux, des espaces et des personnages, pour des situations vécues par des collectivités. »
Pourquoi le choix de l’artiste Marius Bercea ?
Le président de la Fondation Art Encounters, Ovidiu Șandor, a quant à lui souligné l’intention de ramener à l’attention du public national des artistes roumains reconnus à une échelle internationale. Ovidiu Șandor a également expliqué le choix de l’artiste Marius Bercea pour cette rencontre:
« Nous parlons déjà d’une série d’expositions et nous souhaitons continuer cette démarche, née, je crois, dans le contexte de l’exposition Adrian Ghenie de l’année dernière. Nous avons compris qu’il y avait déjà des artistes bien connus et reconnus dans le monde de l’art et qui, pour des raisons diverses, n’avaient pas été très visibles en Roumanie. Cette fois-ci, il s’agissait de Marius Bercea et nous nous proposons d’inviter à l’avenir ces artistes présents dans des expositions, des galeries d’art, à des biennales à l’étranger, et de les convaincre de la nécessité de se faire mieux connaître du public de Roumanie. Certes, à présent, nous avons accès à des images et des expositions sur tous nos écrans – portables, ordinateurs – mais nous nourrissons la conviction que la rencontre directe avec l’art et l’artiste est importante. Il est important pour la culture roumaine d’avoir la possibilité de voir ici aussi les œuvres de ces artistes. Je crois que cela est important pour les étudiants des Beaux-Arts. Marius Bercea est un peintre par excellence. Ici, nous avons accès à d’autres créations, à la manière dont il emploie la photographie comme source d’inspiration et comme démarche esthétique vers sa peinture. Marius Bercea est un peintre qui mérite d’être encore plus connu et reconnu dans notre pays, tel qu’il l’est sur la scène internationale de l’art. » (Trad. Ileana Ţăroi)