Immersion virtuelle dans l’univers musical de George Enescu
Cette année, à l’occasion du 143e anniversaire de la naissance de George Enescu, un spectacle immersif unique consacré au plus grand compositeur roumain, George Enescu, a été présenté en première à Bucarest et cela pourrait devenir une nouvelle série de spectacles dans les futures éditions du Festival international de musique classique George Enescu.
Ana-Maria Cononovici, 17.09.2024, 10:27
Fin août-début septembre, Bucarest a accueilli le Concours international de musique classique George Enescu. Organisé en alternance avec le festival homonyme, le concours est un des événements culturels les plus importants de Roumanie et un tremplin excellent pour les jeunes musiciens en début de carrière.
« Poème roumain : Expérience immersive »
Cette année, à l’occasion du 143e anniversaire de la naissance de George Enescu, un spectacle immersif unique consacré au plus grand compositeur roumain a été présenté en première en marge du Concours et il pourrait être transformé en une nouvelle série de spectacles dans les futures éditions du Festival. A l’origine de ce projet innovant l’on retrouve l’équipe « Ateliers Nomad » du musée des arts immersifs MINA (Museum of Immersive New Art). Intitulé « George Enescu : « Poème roumain : Expérience immersive » – le spectacle invite le public à faire un voyage audiovisuel inédit, à explorer la vie et l’œuvre du compositeur de la perspective de sa première création pour orchestre, composée lorsqu’il n’avait que 16 ans.
Dès le début, la projection immersive fait plonger le spectateur dans l’atmosphère d’une vraie salle de concert où l’orchestre commence à jouer « Poème roumain ». Sur toile de fond ce cette musique, des paysages pittoresques de Roumanie roulent au rythme des notes musicales devant les regards du public et s’arrêtent à différents endroits emblématiques de la vie du compositeur.
Des artistes visuels très appréciés
Notre première invitée, Cristina Uruc est manager d’ARTEXIM, l’organisateur du Festival et du Concours George Enescu, qui a proposé au musée MINA d’y participer avec son projet immersif. Elle a beaucoup aimé la collaboration avec l’équipe des « Ateliers Nomad » qui signe cette expérience virtuelle. Cristina Uruc :
« Ce sont des artistes visuels qui ont travaillé avec les technologies les plus récentes, avec l’intelligence artificielle et avec des éléments qu’ils ont créés eux-mêmes pour générer de nouvelles images vidéo et les superposer à la musique d’Enesco. Comme le dit le nom du projet : c’est une véritable expérience, une expérimentation que nous avons réussi à mettre sur pied avec Les Ateliers Nomad. Leurs projets sont vraiment extraordinaires ! »
Grâce aux technologies de dernière génération, le public a pu voir en première des photos d’Enesco à différentes étapes de sa vie et de sa carrière, animées à l’aide de l’intelligence artificielle. Le film témoigne aussi de l’impact durable d’Enesco sur la musique roumaine et internationale, tout en explorant son influence sur les futures générations de musiciens et compositeurs. Histoire, musique et technologie se donnent rendez-vous pour redonner la vie à l’univers musical de George Enescu.
« Poème roumain » – une création avec une histoire difficile
Gilda Lazăr, directrice du département Corporate Affairs et Communication chez JTI – Immersive Experience, le principal partenaire du Festival, se félicite de cette collaboration :
« Nous faisons partie de cet événement et nous sommes des partenaires de confiance des événements culturels de Roumanie. Au fil du temps, nous avons mis sur pied des événements et nous avons soutenu de nombreux événements, projets et institutions culturelles. Alors, au moment où l’on nous a proposé ce projet, nous avons répondu affirmativement sans hésiter. Pourquoi ? Parce que « Poème roumain » est la première création d’Enesco. Parce que c’est une création de jeunesse qui s’adresse à un public qui n’a pas pu en profiter. Cette création a été interdite et elle n’a pas été jouée pendant 43 ans. Puis, en 1990, elle a encore été mise de côté pour d’autres raisons. Il a fallu 10 ans (n.d.r. après la chute du communisme) pour nous réconcilier avec notre passé et avec l’art interdit avant d’avoir un nouveau début. Vous savez, le « Poème roumain » est dédié à la Reine Elisabeth. Alors, moi j’ai tenté d’imaginer comme c’était à l’époque, pour un jeune de 16 ans, de réaliser qu’il vivait dans un royaume. C’était comme un conte de fées, c’était trop beau, donc son enthousiasme était tout à fait normal. La première représentation du « Poème roumain », à Paris, fut un véritable événement. D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a conservé dans ses archives les informations transmises à l’époque par l’ambassadeur de Roumanie à Paris »
Petite parenthèse : un fragment du « Poème roumain » de George Enescu avait été utilisé dans l’habillage sonore de Radio Free Europe en langue roumaine, un véritable symbole pour les Roumains qui vivaient sous la terreur du régime communiste.
Les spectacles immersifs : une nouvelle catégorie du prochain Festival Enescu
Retour au spectacle immersif de cette année. Les organisateurs ont profité de cette première expérience pour annoncer une nouvelle série de concerts au Festival international de musique George Enescu de l’année prochaine : une catégorie interdisciplinaire accueillie par le Musée des arts immersifs MINA. Gilda Lazăr précise :
« Côté nouveautés, l’année prochaine, il y aura 4 concerts, des spectacles très divers, donnés par des artistes tels le chorégraphe Gigi Căciuleanu ou la mezzo-soprano Ruxandra Donose et autres. Ils auront lieu tous les jeudis au musée MINA dans le cadre du Festival Enescu. C’est aussi une manière de continuer une tradition lancée il y a quelque années avec l’exposition immersive consacrée à Constantin Brancusi ».
Disons pour terminer que la prochaine édition du Festival international de musique classique George Enescu aura lieu du 24 août au 21 septembre 2025, sous le haut patronage du Président de la Roumanie, en tant que projet culturel financé par le gouvernement de la Roumanie par le biais du ministère de la Culture. (trad. Valentina Beleavski)