Rapport annuel du Conseil budgétaire
En Roumanie le taux du déficit budgétaire pourrait dépasser les 7 % du PIB à la fin de l'année, selon le Conseil Fiscal.
Mihai Pelin, 20.08.2024, 12:44
Cette année, la Roumanie pourrait connaitre une croissance économique inférieure à celle sur laquelle table le Gouvernement de Bucarest, à savoir 3,4 % – averti le Conseil Fiscal. Dans son rapport annuel, les responsables préviennent également que le taux du déficit budgétaire dépassera les 7% du PIB à la fin de l’année, sur toile de fond de l’absence de mesures de consolidation budgétaire et fiscale. Le Conseil Fiscal rappelle qu’après les six premiers mois de cette année, le taux du déficit généré par des dépenses plus élevées que les recettes a dépassé les 3,6 % du PIB, soit un taux supérieur par près de 1,3 % à celui calculé pendant la même période de l’année dernière. Sur base de ces données, les calculs indiquent que le taux du déficit risque d’atteindre les 8 % du PIB, étant donné que la nouvelle loi sur les retraites générera des coûts supplémentaires dans le second semestre de l’année, auquel s’ajoutent les augmentations de salaire accordées dans le secteur public.
Un manque de politiques suffisamment concrètes et crédibles
Dans ce contexte, les représentants du Conseil avertissent qu’en l’absence de politiques suffisamment concrètes et crédibles, qui soutiendraient la réalisation de l’assainissement fiscal et budgétaire à moyen terme en ce qui concerne les recettes, mais aussi l’augmentation du niveau du recouvrement, la balance des risques penche clairement vers des déficits supérieurs à celui sur lequel les autorités nationales et européennes tablent pour la période 2025-2027.
Le Conseil Fiscal est composé de représentants de la Banque Nationale de Roumanie, de l’Association Roumaine des Banques, de l’Académie Roumaine, de l’Académie des Sciences Economiques et de l’Institut Bancaire Roumain, nommés par le Parlement pour une période de neuf ans. Dans la procédure de déficit excessif déclenchée par Bruxelles, la Roumanie dispose, selon les nouvelles règles budgétaires européennes, de sept ans pour revenir à un taux de déficit budgétaire de 3 % du PIB. La réduction progressive de cet indicateur ne sera possible que sur la base d’un programme réaliste et, évidemment, en le respectant, estiment les spécialistes.
La nécessité d’une augmentation des recettes budgétaires
Le dernier rapport « Roumanie – La Zone Euro MONITOR », réalisé par une équipe d’experts de la Banque Nationale de Roumanie coordonnée par l’académicien Daniel Dăianu, démontre qu’une augmentation des recettes budgétaires est absolument nécessaire et ne peut être réduite à une meilleure collecte des taxes et des impôts, mais des changements sont nécessaires dans le régime fiscal et une correction budgétaire sur une période de plus de quatre ans est nécessaire. Essentiellement, le déficit budgétaire découle des dépenses excessives, dans un contexte où les recettes nominales sont plus élevées dans l’exécution budgétaire, mais où les dépenses ont augmenté trop rapidement, selon le rapport.
La pression sur le budget public augmentera si l’on prend en compte l’engagement d’avoir des dépenses destinées au secteur militaire de 2,5 % du PIB, assumé dans la relation avec l’OTAN – expliquent les auteurs de l’analyse. Le niveau extrêmement faible des recettes fiscales est également le résultat d’un régime fiscal qui a favorisé l’évasion et ceux qui ont éviter les paiements, a encouragé des pratiques telles l’inclusion des dépenses personnelles dans les dépenses des entreprises, mais aussi le paiement des salaires non enregistrés dans les systèmes fiscaux, montre également le rapport réalisé par l’équipe de la Banque Centrale.