« Des histoires de 1974 »
Avez-vous jamais pensé à immortaliser votre vie sur papier ? Quelles seraient les histoires que vous aimeriez faire connaître à vos proches, sinon au monde ? C’est d’un tel défi que nous parlons aujourd’hui : l’écriture autobiographique.
Ana-Maria Cononovici, 30.07.2024, 13:50
Notre invitée de cette semaine, Claudia Maria Udrescu est la créatrice de ce qu’elle a appelé le « Cours imparfait d’écriture autobiographique ». Son projet le plus récent est encore plus concret : « Des histoires de ‘74 » destiné à la génération née en 1974 et qui fête cette année son 50e anniversaire. Elle nous explique comment cette idée lui est venue à l’esprit :
Son 1 : « Cela fait 3 ans que je m’occupe du genre autobiographique. Une personne peut écrire sur elle-même par exemple, si elle a besoin de se présenter sur un blog, sur un site, dans un projet, ou bien quand elle se trouve face à un changement, à une transition professionnelle ou personnelle. L’idée du projet « Des histoires de ‘74 » est née parce que je fais partie de cette génération-là. Donc, le 50e anniversaire que nous fêtons cette année est spécial, c’est un moment où l’on se demande « Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce que je ne veux plus faire ? ». Il s’agit d’un moment où l’on devient une personne différente, à la moitié de sa vie. C’est plus que la crise du milieu de la vie. A cette occasion, j’ai entendu plein de gens s’interroger sur leur rôle ou sur leur destin.. »
Claudia Maria Udrescu nous a aussi parlé du rôle curatif du genre autobiographique :
Son 2 : « Ce projet autobiographique m’a beaucoup aidée lorsque je vivais un moment de transition. J’ai observé qu’au moment où une personne commence à écrire, que ce soit pour un livre ou un site où l’on veut partager son expérience, eh bien, c’est à ce moment-là que l’on se heurte à un problème : un sentiment de culpabilité, dit de « l’imposteur » qui nous fait plonger dans le doute. On se dit : qui suis-je moi pour avoir le droit d’écrire, alors que beaucoup d’autres l’ont déjà fait avant moi. Mais c’est justement à ce moment-là que nous devons écrire, parce que chacun d’entre nous a une histoire invisible, qui devient visible lorsque l’on la met sur papier. Pour moi, l’écriture compte beaucoup sur la clarté des idées et sur la créativité, parce que l’on se connecte avec soi-même. J’aime beaucoup ce que dit un philosophe italien, Ducio Demetrio, qui a écrit beaucoup de livres sur ce processus de l’écriture autobiographique. Il dit : chacun d’entre nous a ce qu’il appelle « Io tessitore » à l’intérieur de soi-même, c’est-à-dire « le soi-même qui tisse des histoires », qui raconte notre histoire du passé, jusqu’au futur, en passant par le présent. C’est ça, pour moi, l’écriture autobiographique. Elle nous aide à éclaircir notre chemin vers l’avenir, à trouver la bonne direction ou à apaiser notre esprit. C’est très bénéfique pour retrouver sa tranquillité. »
Ecrire, cela fait du bien à l’esprit, donc. Mais notre invité va encore plus loin et nous invite à commencer par écrire à la main. Claudia Maria Udrescu explique pourquoi:
Son 3 : « Je recommande toujours l’écriture à la main, qui est reconnue comme étant thérapeutique. A mon avis, chaque personne doit trouver ce que qui lui va le mieux. Malheureusement, beaucoup disent : « Je n’écris plus, j’ai eu un journal personnel au lycée, j’ai écrit à l’université, quelqu’un m’a dit un jour que je n’écrivais pas bien, alors j’ai arrêté. » C’est bien dommage. Mais c’est merveilleux quand on recommence. Quand on écrit, on est seul avec soi-même. C’est notre moment intime de réflexion et de calme et cela aide énormément. Lors d’une conversation, on peut être distrait, c’est différent. Alors, ce moment où l’on est tout seul avec soi-même est en quelque sorte un moment sacré : on écrit, point. »
Après cette invitation à écrire, sans doutes, sans peur, Claudia Maria Udrescu nous explique en quoi consiste concrètement son projet « Des histoires de 1974 » :
Son 4 : « J’invite les gens de ma génération à mettre leurs les histoires sur papier. Je suis à la recherche de personnes ouvertes à cela. Des personnes comme moi, comme vous, car nous vivons dans un monde déjà dominé par l’IA et par le fait que Chat GPT peut écrire n’importe quoi. Pourtant, on sait que c’est à travers nos histoires que nous nous connectons les uns aux autres. Et j’aimerais bien pouvoir créer une plateforme pour partager ces vécus. »
Quel que soit votre âge, écrire cela fait toujours du bien, en fait c’est le message principal que notre invitée souhaite transmettre par ses « ateliers imparfaits d’écriture autobiographique ». La perfection n’est pas un but en soi, mais l’introspection et puis le partage. Alors, à vos plumes !