Le cimetière multiconfessionnel de la ville de Sulina
Située sur la rive droite du Danube Salina est devenue une attraction touristique estivale dans les années 70 pour ceux qui souhaitaient découvrir les joyaux du delta du Danube et profiter, en même temps, de la plage sauvage au sable très fin le long de la mer Noire.
Ștefan Baciu, 14.06.2024, 11:00
Port fluvial et maritime, Sulina est la ville la plus orientale de la Roumanie et de l’Union européenne. Elle est située sur la rive droite du Danube et est devenue une attraction touristique estivale dans les années 70 pour ceux qui souhaitaient découvrir les joyaux du delta du Danube et profiter, en même temps, de la plage sauvage au sable très fin le long de la mer Noire. Les bâtiments historiques de Sulina rappellent la période de gloire de la ville, lorsqu’elle abritait le siège de la Commission européenne du Danube, qui avait pour rôle d’assurer la navigation de tous les navires sur le fleuve, quel que soit leur pavillon, conformément au Traité de Paris de 1856. L’aménagement pour la navigation du bras central du Danube a été un projet complexe, réalisé en plusieurs étapes et coordonné par l’ingénieur anglais Charles Hartley, consultant également pour le projet du canal de Suez.
De la piraterie à la diplomatie internationale
La ville a prospéré dans la seconde moitié du 19ème siècle, puisque Sulina abritait des consulats, des bureaux d’armateurs et de commerçants, de grandes affaires y étaient menées, notamment dans le domaine des céréales. Dans les bâtiments situés sur le quai, sur la rive droite du Danube, fonctionnaient, bien sûr, de nombreuses tavernes. Plusieurs anciens bâtiments de Sulina ont disparu pendant la période communiste, remplacés par des blocs d’appartements. Pour les visiteurs, en plus des anciens bâtiments qui ont été préservés, y compris celui du siège de la Commission européenne du Danube, une des attractions principales reste le cimetière multiconfessionnel, témoignage de la vie cosmopolite de l’ancienne Sulina.
Il a été fondé en 1864 et était administré par la Commission européenne du Danube. Dans ce cimetière commun pour toutes les religions reposent des hommes d’affaires, des princesses, des femmes légendaires, des pirates, des marins, des habitants et des aventuriers du monde entier. Valentin Lavric, professeur à Sulina et membre de l’Association « Descoperă Sulina », une organisation qui promeut la ville en tant que destination touristique, présente aux visiteurs les histoires de nombreuses personnes qui reposent dans ce cimetière et les zones réservées aux catholiques, protestants, juifs, Turcs, Russes Lipovènes et orthodoxes, principalement grecs et roumains. Dans la zone réservée aux orthodoxes, on peut aussi voir la tombe d’un pirate de Sulina. Valentin Lavric nous a dit davantage :
« Le monument le plus prisé est celui du Monument du Pirate. Il s’appelait Gheorghios Kontogouris, il était un « areistos politeisis », ce qui signifie bon citoyen. Évidemment, si vous prenez aux riches pour donner aux pauvres, un peu comme Robin des Bois, les gens vous apprécient ! Né à Céphalonie, il a vécu 33 ans et est mort à Sulina, le 25 mars, jour de la fête nationale grecque, l’Annonciation. La tombe a été érigée par son frère, Grigorios. Au pied de la tombe, on peut voir un crâne et des os de jambe, ce qui en fait la seule tombe de pirate attestée en Europe. Comment opérait le pirate à l’époque ? Il utilisait un bœuf comme animal de compagnie sur la plage, avec une barre de bois entre les cornes, d’où pendaient des lanternes. Les navires au large voyaient des lumières en mouvement, pensant qu’il s’agissait d’une manœuvre portuaire, indiquant une profondeur suffisante. Ils avançaient à pleine vitesse et s’échouaient sur le banc de sable. Il n’y avait donc pas de combats comme dans les Caraïbes ou dans le roman « Toate pânzele sus ». Il s’agissait plutôt d’une sorte de braquage. C’est ainsi qu’il semble s’être enrichi, car la tombe de son frère, que nous verrons également, est beaucoup plus grande et imposante.
Une destination aujourd’hui très prisée
En 1871, l’année de la disparition du pirate Gheorghios Kontogouris, le phare qui indiquait aux navires la voie vers le port de Sulina venait juste d’être mis en service. Aujourd’hui, il est connu sous le nom de Vieux Phare et se trouve loin du rivage, à l’intérieur de la petite ville située à l’embouchure du Danube sur la mer Noire. Chaque année, la terre avance de quelques mètres à cause des alluvions que le Danube apporte et dépose autour de ses embouchures dans la mer. D’ailleurs, en raison de ce phénomène, une bande de terre s’est formée entre les bras de Sulina et de Chilia, devenant ainsi un lieu de nidification pour de nombreux oiseaux. C’est une zone strictement protégée, qui ne peut être admirée par les touristes que de loin, depuis les embarcations avec lesquelles ils se déplacent lors des excursions sur les canaux et les lacs du delta du Danube.
Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant vous avoir donné envie de découvrir cet endroit unique en Roumanie et dans le monde entier, à bientôt pour une nouvelle destination ! (Trad. Rada Stănică)