Manifestations contre une fiscalité excessive
En Roumanie, les syndicalistes du Bloc national syndical ont protesté contre le niveau élevé de la fiscalité appliquée au travail.
Leyla Cheamil, 14.05.2024, 14:26
La fiscalité excessive imposée par l’Exécutif roumain au travail, a amené le Bloc national syndical de Roumanie et ses 29 fédérations affiliées à protester lundi à Bucarest devant le siège du Gouvernement. Sous le slogan « Respect du travail et de ceux qui travaillent ! Les travailleurs de Roumanie ne veulent plus être les cobayes des expérimentations fiscales ! », les représentants des fédérations syndicales du pays ont exigé une réduction des impôts, qu’ils jugent trop élevés par rapport aux salaires. Selon les syndicalistes, la situation actuelle n’est pas du tout encourageante, car le niveau élevé des impôts entraîne encore plus de travail au noir.
Des charges fiscales élevées
Selon les représentants du Bloc national syndical, la Roumanie est l’unique pays de l’Union européenne et l’unique pays au Monde d’ailleurs où les contributions des entreprises au système de sécurité sociale ont été transférées aux salariés en 2018. Ainsi les contributions aux systèmes de santé et des pensions de retraite ont-elles doublé pour les salariés, tandis que les employeurs n’ont aucune participation.
C’est pourquoi, soulignent les représentants de la Banque Nationale de Roumanie, le pays a aujourd’hui l’une des charges fiscales sur le travail les plus élevées de l’UE, soit de 42,8 %, contre la moyenne européenne de 38,6 %. Plus de 87 % de la charge fiscale est constituée par les cotisations sociales prélevées pour financer la sécu. 82,6 % du financement du système de pensions de retraite et du système d’assurance maladie est couvert par les cotisations des assurés, dont plus de 97 % sont salariés.
La charge fiscale des salariés dépasse les 50 %, soit la charge maximale prévue par la Convention de l’Organisation internationale du travail et le Code européen de la sécurité sociale, soulignent les manifestants.
Ils citent d’ailleurs les données d’Eurostat, selon lesquelles c’est à cause des salaires bas et de la fiscalité élevée que la Roumanie a enregistré le troisième niveau d’occupation de la main d’œuvre le plus bas de l’UE en 2023, après l’Italie et la Grèce. Seuls 69 % des Roumains âgés de 20 à 64 ans travaillent, ce qui signifie que près d’un tiers des Roumains ne travaillent pas.
Le premier ministre roumain admet qu’il existe un problème
Le premier ministre Marcel Ciolacu a admis que le niveau de la fiscalité du travail en Roumanie est un des plus élevés d’Europe. Et lui de déclarer que le grand problème était la fiscalité élevé imposée aux bas revenus. « Je ne peux pas risquer de proposer des réductions d’impôts pour le salaire minimum et ensuite de me rendre compte que le taux des employées qui touchent actuellement le salaire minimum n’est pas d’un tiers, mais de deux tiers » a ajouté le premier ministre. Il a déclaré aussi que le gouvernement tentait de mettre en place un système de déductions pour les personnes qui touchent des revenus bas et qu’une partie des mesures pourraient être introduites à partir de cette année.