L’intelligence artificielle dans le monde des banques
La rationalisation des processus administratifs, la personnalisation des services bancaires, la prévention de la fraude et l'amélioration de l'expérience client ne sont que quelques-uns des domaines dans lesquels la mise en œuvre de l'intelligence artificielle peut présenter des avantages significatifs. Mais il existe aussi des risques, principalement liés à la protection des données et aux pertes d'emploi. Analyse.
Corina Cristea, 12.07.2024, 10:17
Le monde de la finance à l’ère de l’intelligence artificielle
De plus en plus présentes dans nos vies, les nouvelles technologies transforment grandement les différents domaines et industries. Le monde de la finance n’y fait pas exception, le recours à l’intelligence artificielle (IA) devenant un impératif pour maintenir un niveau compétitif et offrir de meilleurs services aux clients, affirment les spécialistes du domaine. Rationaliser les processus administratifs, personnaliser les services, prévenir la fraude et améliorer l’expérience de l’usager ne sont que quelques-uns des avantages offerts par l’introduction de l’IA. Il n’en va pas moins que certains risques se font jour devant ce virage technologique, des risques principalement liés à la protection des données et aux pertes d’emplois.
Mais finalement comment l’intelligence artificielle peut-elle contribuer à protéger et sécuriser le secret bancaire et les données sensibles ? Premièrement, en détectant et en prévenant les cyberattaques de manière plus rapide et plus précise, ce qui constitue l’une des caractéristiques clés des pare-feu bancaires qui utilisent l’IA. L’intelligence artificielle peut alors évaluer et analyser rapidement un grand volume de données en temps réel, permettant ainsi une identification rapide et efficace des menaces et la mise en œuvre de mesures de sécurité appropriées. Ses algorithmes peuvent également être utilisés pour automatiser des tâches répétitives et routinières, comme vérifier l’authenticité des documents, ouvrir des comptes en banque ou évaluer la solvabilité d’un emprunteur potentiel, par exemple.
Ces technologies peuvent être encore utilisées pour analyser les données des clients et fournir des solutions personnalisées concernant la gestion des comptes, la planification financière ou les investissements. Par ailleurs, l’usage de l’IA peut jouer un rôle crucial dans la détection et la prévention de la fraude. En effet, des algorithmes d’apprentissage automatique peuvent être formés pour identifier d’éventuelles anomalies présentes dans les transactions, tirant ainsi la sonnette d’alarme sur d’éventuels montages frauduleux.
L’IA – un instrument utile pour les Banques centrales
Quant aux banques centrales, l’intelligence artificielle pourrait représenter un outil prometteur dans la lutte contre l’inflation, affirme Cristian Popa, membre du conseil d’administration de la Banque Nationale de Roumanie, lors d’une récente conférence
Cristian Popa : « Le processus de décision en matière de politique monétaire est encore plus complexe dans les périodes caractérisées par d’énormes changements structurels, telle celle que nous traversons actuellement. Et pour n’en mentionner que quelques-uns : La mondialisation, qui recule ; La régulation, qui devient de plus en plus intense ; Le protectionnisme, que nous voyons croître, au moins au niveau transatlantique ; Les dividendes de la paix qui s’amenuisent, alors que de plus en plus de ressources sont dirigées vers le secteur militaire, au détriment de l’éducation ou de la santé par exemple ; Le vieillissement de la population qui s’accompagne d’une baisse significative du taux de natalité ; La disparition du dividende énergétique ; La question des déficits budgétaires chroniques, qui ne cessent d’augmenter ; Enfin, la transition vers l’économie verte, qui implique également de nouveaux coûts. Tous ces changements structurels semblent indiquer que les pressions inflationnistes persisteront pendant longtemps. Face à cela, l’intelligence artificielle peut limiter l’impact des changements structurels mentionnés, dans la mesure où son utilisation massive pourrait stimuler une croissance économique durable grâce à la hausse de la productivité du travail, et en ouvrant de nouvelles voies vers l’innovation et le progrès. »
Des effets visibles sur le long terme
Cristian Popa estime cependant que le rythme de ces changements reste encore incertain et que l’impact généralisé de la mise sur le marché des technologies qui utilisent l’intelligence artificielle ne pourrait devenir palpable que sur le long terme, car nécessitant une période d’ajustement progressif pour le bien-être des usagers.
Mais l’intelligence artificielle sera à terme en mesure d’améliorer certaines capacités que nous pourrons exploiter dans de nouvelles opportunités professionnelles, explique Cristian Popa. Il n’en reste pas moins, ajoute-t-il, qu’il subsiste des risques liés à la protection des données et à leur juste interprétation par les algorithmes utilisés par l’intelligence artificielle. C’est pourquoi si la BNR compte introduire progressivement ces nouvelles technologies, elle gardera l’œil ouvert sur les risques potentiels et les biais qui pourraient survenir.
Prévisions: l’IA pleinement intégrée dans les services bancaires dès 2030
L’introduction des technologies qui font appel à l’IA se fera dans un premier temps dans les activités bancaires non critiques, excluant pour l’instant d’utiliser l’IA dans la gestion des risques bancaires ou de la prise de décision d’octroi de prêts, a également déclaré Cristian Popa. Pourtant, et en dépit des autres risques associés à l’introduction de l’intelligence artificielle dans le domaine de la gestion financière, liés notamment à la confidentialité des données mais aussi à de possibles effets sociaux, les spécialistes estiment que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur bancaire soit pleinement intégrée dans la plupart des processus et services bancaires dès 2030. (Trad. Ionut Jugureanu)