Le château des Corvin, une légende au cœur de la Transylvanie
Situé dans l'ouest de la Roumanie, cet imposant édifice est l'une des principales attractions touristiques de la région.
Daniel Onea, 09.05.2024, 12:22
L’un des plus beaux châteaux du monde
Le château de Corvin est le monument le mieux préservé de l’architecture gothique, civile et militaire de l’Europe centrale et du sud-est. Situé dans l’ouest de la Roumanie, cet imposant édifice est l’une des principales attractions touristiques de la région. Au fil des ans, le château de Corvin est entré dans de nombreux palmarès à travers le monde : l’un des plus beaux châteaux du monde, mais aussi l’un des plus terrifiants. Ainsi, l’édifice de Hunedoara présente différentes facettes qui ne demandent qu’à être découvertes par les visiteurs, explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin.
« L’histoire du château commence au XIVe siècle, en relation étroite avec celle du fer, un métal qui a défini l’existence de cette commune depuis sa création. En effet, le nom allemand de Hunedoara est Eisenmarkt, en français, Marché du fer. Ainsi, au XIVe siècle, sur le site actuel du château, il existait une petite fortification avec une seule tour de défense, de forme triangulaire, et directement liée à l’exploitation du fer dans la région, mais aussi à l’existence d’un noble qui finit par posséder le domaine de Hunedora. En 1409, le roi Sigismond de Luxembourg cède cette forteresse à un noble roumain nommé Voicu, en raison des nombreux services qu’il avait rendu au roi hongrois. »
Des débuts historiques encore flous
À l’heure actuelle, il n’existe aucune information prouvant attester que le château de Corvin a été bâtit par ce Voicu. A l’inverse, il y a fort à parier que son fils, Ioan de Hunedoara, ait débuté la construction de ce que nous appelons aujourd’hui le château de Corvin, poursuit Sorin Tincu.
« Cette construction s’est déroulée en deux phases. Dans la première, Ioan de Hunedoara a étendu la fortification avec sept nouvelles tours de défense. La particularité de l’architecture militaire transylvanienne réside dans les tours circulaires. Ces tours, que l’on retrouve surtout dans l’Europe du XVe siècle, semblent être arrivées en Transylvanie avec la construction du château de Corvin et à l’époque à laquelle Ioan de Hunedoara a vécu. Après la mort de ce dernier, la construction a été poursuivie par son fils cadet, Mathias Corvin, qui a érigé l’une des premières manifestations de la Renaissance transylvaine. Il s’agit du corps appelé Logia Mattia. Le troisième et dernier grand bâtisseur du château a vécu au XVIIe siècle, il s’agissait du prince de Transylvanie, Gabriel Bethlen, qui construisit une série de bâtiments militaires et civils. »
Une architecture unique et une structure bien conservée
Selon Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin, l’itinéraire de la visite conduit d’abord le touriste à la cour des hussards. Pour y accéder, il faut traverser le ruisseau Zlaști. Sorin Tincu :
« La traversée de ce ruisseau se fait par un ancien pont-levis qui, dans le passé, avait un segment mobile. En cas de danger, il était relevé. L’itinéraire se poursuit jusqu’à la nouvelle tour d’entrée. C’est également là que se trouve le côté obscur du château, avec la prison et le bastion de torture situés à gauche et à droite du château. Des informations historiques mentionnent également l’existence d’un pilori dans ce secteur. De là, le visiteur est conduit au rez-de-chaussée de la Loggia Mattia, où il reçoit une description générale du château, puis entre dans la cuisine de la garnison, et de là sur une terrasse défendant le pont, avec une vue imprenable sur la cour des hussards et les environs du château. »
Après avoir visité ces différentes salles, le visiteur descend l’escalier qui mène à la cour intérieure du château, d’où il atteint la salle des chevaliers, peut-être l’une des salles les plus emblématiques du château de Corvin, récemment restaurée. Vous ferez alors connaissance avec l’une des légendes du château, nous raconte Sorin Tincu :
« Après la salle des chevaliers, le visiteur arrive à la fontaine monumentale, dont la légende est bien connue. Elle raconte l’histoire de la construction de ce puits par trois prisonniers turcs qui ont travaillé pendant 15 ans en creusant dans le calcaire pour atteindre la nappe phréatique. Cependant, à la fin de leur mission, ils n’ont pas été libérés comme ils le souhaitaient, mais ont été exécutés. L’un d’entre eux aurait alors écrit sur les murs du château, comme le raconte la légende, « L’eau que tu as, le cœur que tu n’as pas ». De la fontaine, le visiteur peut se rendre au lapidaire gothique, où l’on peut admirer un certain nombre d’éléments gothiques retirés des murs du château lors de sa restauration au 19e puis au 20e siècle. Ensuite se trouve la terrasse d’artillerie ou le bastion des munitions, une autre construction du 17e siècle, ainsi que la grotte des ours. Il s’agit d’une petite cour du château. Une légende sanglante raconte que des ours y étaient autrefois gardés et que les prisonniers amenés au château leur servaient de nourriture. »
Un lieu historique mais aussi culturel
Tout au long de l’année, et surtout pendant la saison estivale, les visites du château sont animées par des événements hauts en couleurs. En 2024, le calendrier des événements est riche, comme nous l’explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin :
« Je laisserai de côté les événements plus modestes comme les vernissages d’expositions itinérantes qui sont également très fréquents, pour me concentrer sur les événements de grande envergure comme ceux qui ont lieu en mai, juin et août. Il s’agit notamment du Salon européen des châteaux, pour lequel nous sommes déjà en train de nous préparer. La Nuit des Musées aura quant à elle lieu le 18 mai. Cet événement attire plus de 20 000 visiteurs à la Cour des Hussards. Un événement tout aussi important est la fête médiévale qui a lieu à la fin du mois d’août et qui rend hommage au personnage de Ioan de Hunedoara. Nous organisons également un certain nombre d’événements plus modestes, tels que la Journée de la robotique médiévale, au cours de laquelle des étudiants passionnés de robotique et d’histoire se rencontrent au château de Corvin dans le cadre d’une véritable compétition entre le Moyen-Äge et la modernité. Enfin, l’année se termine par un concert de chants de Noël dans la chapelle du château. »
Plus de 20 pièces du château de Corvin à Hunedoara ont été rénovées dans le cadre d’un projet européen d’un montant d’environ cinq millions d’euros. L’année dernière, le monument a été visité par plus de 400 000 touristes, roumains et étrangers. Passionnés d’histoire ou simples curieux, n’hésitez pas à faire une petite virée par le château si vous vous trouvez dans la région. Cela vaut le détour ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)