L’entrepreunariat roumain, durable et au féminin
De plus en plus d'entreprises durables, basées sur le reconditionnement de produits utilisés dont les matériaux peuvent être réutilisés, sont créées en Roumanie. Nombre d'entre elles sont fondées et dirigées par des femmes.
Christine Leșcu, 06.03.2024, 15:33
De plus en plus d’entreprises durables créées par des Roumaines
De plus en plus d’entreprises durables, basées sur le reconditionnement de produits utilisés dont les matériaux peuvent être réutilisés, sont créées en Roumanie. Nombre d’entre elles sont fondées et dirigées par des femmes. C’est pourquoi l’entreprise ALTRNTV, elle-même fondée par deux entrepreneuses, a développé le programme « Les voix des femmes entrepreneuses ».
ALTRNTV est un magasin qui vend des produits obtenus par upcycling et conçus à base de matériaux écologiques, elle fait partie de l’association Mercy Charity qui détient également un atelier social de recyclage de vieux vêtements. Grâce au programme « Les voix des femmes », plus de 2000 lycéens et étudiants ont pu découvrir qui se cache derrière les entreprises durables, ce qu’est une entreprise durable ou encore comment fabriquer des produits écologiques.
« Les voix des femmes entrepreneuses »
Daniela Staicu, l’une des initiatrices du projet « Les voix des femmes entrepreneuses », nous offre quelques détails.
» A travers ce projet, nous avons voulu et je crois que nous avons réussi à amener devant des lycéens, des étudiants et des professeurs, des designers roumains qui font des produits durables, c’est-à-dire fabriqués à partir de matériaux recyclés. Je vais vous donner comme exemple une entreprise de Sibiu qui collecte et recycle des tee-shirts à partir desquels sont fabriqués des tapis qui seront vendus en magasin et sur internet. Ainsi entre 30 et 40 tee-shirts sont réutilisés par tapis au lieu de venir remplir les poubelles. Une autre designer ne travaille qu’avec des matériaux naturels, du plastique recyclé ou du marc de café, ces derniers devenant par exemple des lunettes de soleil plutôt que de garnir les décharges. Et oui, les branches de ses lunettes contiennent aussi du marc de café. Il y a beaucoup d’exemple comme ceux-ci et nous avons voulu mettre en lumière les femmes qui proposent ce genre de produits et que nous ne connaissons habituellement pas. On ne les voit pas parce que la plupart du temps elles sont dans leur atelier et elles travaillent ».
La première phase du projet – en contact avec les écoles
15 des 140 designers dont les produits sont vendus chez ALTRNTV, ont participé à la première phase du projet qui s’est déroulée en juillet dernier.
Daniela Staicu raconte la démarche de mise en valeur et en lumière de ces entrepreneuses.
« Nous sommes allées dans leur atelier avec une équipe de tournage, nous les avons filmées, nous leur avons demandé de raconter leur histoire, comment elles en sont arrivées à fabriquer ce genre de produits et à devenir entrepreneuses. Ces vidéos ont ensuite été montrées en cours d’entreprenariat écologique à des lycéens et étudiants afin de servir de base de discussion avec leur professeur. Il existe à présent la semaine de « L’école autrement » et « La semaine verte » dans les programmes scolaires, ainsi il y a de multiples occasions de discuter et d’analyser ce type d’exemples ».
Les initiatives se multiplient
Et les exemples se sont multipliés ces dernières années, un nombre toujours plus grand de jeunes se lançant dans entrepreneuriat social et durable. Daniela Staicu:
« Il y a de plus en plus de jeunes qui choisissent de créer des produits à partir de matériaux recyclés. On peut recycler de nombreux matériaux, en plus de ceux que j’ai cités précédemment. Il y a des designers qui travaillent avec du plastique recyclé, ils collectent des bouteilles, fondent le plastique et le remodèlent en divers accessoires comme des boucles d’oreille ou des colliers qui sont très beaux. On peut utiliser aussi des claviers d’ordinateur ou des disquettes. Il y a des produits fabriqués à partir de disquettes, comme des sacs ou des fermoirs. Des carte-mères d’ordinateurs peuvent aussi devenir des boucles d’oreille, des pendentifs etc. Donc beaucoup d’objets peuvent être recyclés afin de devenir la matière première d’un nouvel objet ».
Un projet qui continuera
Daniela Staicu et Alina Țiplea ne comptent pas s’arrêter là. Elles envisagent de continuer cette année le projet « Les voix des femmes entrepreneuses » afin d’y faire participer toutes les designers avec lesquelles elles collaborent.
Daniela Staicu: « La majorité de nos designers sont des femmes. Nous avons voulu commencer avec cette session de 15 vidéos de femmes entrepreneuses parce que ce sont elles qui peuvent motiver ou inspirer des mères qui voudraient changer de carrière par exemple et s’orienter vers l’entreprenariat ou alors des femmes qui sont à la retraite et qui désirent faire quelque chose du temps qu’elles ont à disposition. Nous avons donc voulu montrer qu’il existe une large palette de façons de devenir entrepreneuse. Nous avons pensé que si nous montrions ces exemples, ça pouvait constituer un matériel inspirant pour les personnes qui voudraient bifurquer en s’engageant dans ce domaine du recyclage et de l’entreprenariat créatif ».
Le projet « Les voix des femmes entrepreneuses » a bénéficié d’une subvention allouée par le Département d’Etat des Etats-Unis. (trad. Clémence Lheureux)