L’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique »
Le Palais Suțu, composante emblématique du MMB, accueille, jusqu’à la fin du mois de septembre, l’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique ».
Ion Puican, 02.03.2024, 15:01
L’exposition annuelle de la Pinacothèque de Bucarest, appartenant au Musée municipal (MMB), est bien spéciale puisqu’elle s’inscrit dans le contexte général de la célébration des 30 années de francophonie institutionnelle en Roumanie. Ainsi, le Palais Suțu, composante emblématique du MMB, accueille, jusqu’à la fin du mois de septembre, l’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique ».
Roumanie/France un lien intrinsèque
La directrice adjointe du MMB, Elena Olariu, donne davantage de détails: « L’exposition a été ouverte le 17 novembre 2023 et elle restera ainsi jusqu’à la fin du mois de septembre de cette année, donc suffisamment longtemps pour que les amateurs d’art puissent la visiter. L’année dernière, la Roumanie a fêté 30 ans d’appartenance à la francophonie institutionnelle et cette exposition fait partie des événements organisés à cette occasion. Les œuvres exposées mettent toutes en évidence l’idée la plus importante, qui celle du lien intrinsèque entre l’art roumain et l’art français. Pendant la seconde moitié du XIXème siècle et, surtout, la première partie du XXème, jusqu’à l’instauration du régime communiste, les jeunes roumains allaient ailleurs en Europe pour étudier l’art. Ils choisissaient Munich ou Paris et sa célèbre École des Beaux-Arts, car, pendant la seconde moitié du XIXème siècle du moins, la capitale française était devenue le centre mondial de l’art. »
Aman, étudiant à Paris
Parlant de l’histoire de la francophonie roumaine du point de vue des arts plastiques ainsi que de l’attraction exercée par la France et sa capitale sur les artistes roumains, Elena Olariu a évoqué le début de l’art moderne en Roumanie et la création de l’école supérieure des arts grâce aux efforts du peintre Theodor Aman (1831-1891) : « C’est dans la capitale de la France que Theodor Aman, par exemple, se rend aussi pour faire des études d’art complètes à Paris. Il commence même à exposer ses ouvrages dans des salons parisiens officiels, qui étaient en fait des expositions d’art de grandes dimensions, les plus grandes d’Europe, où exposaient les artistes français bien-sûr, mais aussi ceux qui étudiaient en France ou qui choisissaient de rester à Paris après la fin de leurs études afin de se construire une belle carrière. Theodor Aman réalise donc son grand rêve de faire des études dans la capitale européenne des arts et il rentre ensuite en Roumanie où il fonde l’Ecole des Beaux-Arts. »
Les grands peintres roumains, influencés par la France
La directrice adjointe du MMB a rappelé les noms de grands peintres roumains (tels que Nicolae Grigorescu 1838-1907, Ion Andreescu 1850-1882, Ștefan Luchian 1869-1916), dont des toiles peuvent être admirées dans l’exposition accueillie par le Palais Suțu, des artistes influencés par la France et ses liens artistiques: « Un autre grand artiste, le grand maître et peintre national Nicolae Grigorescu, se rend lui aussi à Paris pour approfondir ses études artistiques. Parmi ces artistes, il y en avait beaucoup qui étaient en fait des peintres d’église et ils se rendaient dans la capitale française pour apprendre l’art moderne, la peinture de chevalet, comme on dirait de nos jours. Même chose pour Andreescu. Après eux, Ștefan Luchian, qui avait choisi Munich pour étudier dans un premier temps, arrivait lui aussi à Paris où il est resté pendant un certain temps. Ce pèlerinage, disons, très intéressant entre Munich et Paris dure un certain temps. »
Theodor Pallady et Henri Matisse, une relation extraordinaire
Elena Olariu rappelle également l’extraordinaire relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et le grand peintre français Henri Matisse: « En France, les artistes roumains rencontrent de grands maîtres français… Pallady, par exemple, se lie d’amitié avec Matisse, … pour ceux qui ne connaissent par l’histoire extraordinaire des blouses roumaines, il faut dire que Pallady offre au grand peintre français une petite série de blouses traditionnelles brodées à la main. Matisse crée une série importante d’ouvrage d’art graphique, mais aussi de tableaux inspirés par ces blouses enfilées par de jeunes femmes, qui sont ses modèles. … A noter ce fait très important des extraordinaires liens artistiques, mais aussi de mise en lumière de la culture roumaine en général. »
L’exposition « Entre la Roumanie et la France » contient également des œuvres signées par Ștefan Popescu, formé à Munich et à Paris ; par Kimon Loghi, Iosif Iser, Max Arnold, Ștefan Constantin et de nombreux autres artistes qui oscillent entre la Roumanie et la France ; ou encore Cecilia Cuțescu-Storck. Selon Elena Olariu, l’exposition reflète parfaitement les importantes relations établies entre la Roumanie et la France notamment à l’entre-deux-guerres et l’apogée atteint à l’époque par l’art roumain. (Trad. Ileana Ţăroi)