La Roumanie, une destination touristique attrayante
Pour la Roumanie, le tourisme savère être, encore et toujours, une ressource économique peu exploitée.
Florin Orban, 06.03.2018, 15:39
Les paysages montagneux spectaculaires, la biodiversité du Delta du Danube, la beauté inouïe des villages traditionnels ou encore l’attraction que peuvent exercer les monuments historiques multiséculaires ne constituent que les prémisses d’un véritable développement de ce secteur de l’économie. Il faudrait consentir à faire d’autres efforts pour mieux performer. La récente Foire du tourisme de Bucarest a été l’occasion rêvée pour pas mal de compagnies de présenter leur modèle d’affaires, les innovations et les réussites qui ont fait leurs preuves dans le domaine du tourisme en Roumanie.
Meidan Butnaru est le directeur commercial d’un des plus importants tour-opérateurs israéliens présents sur place. Originaire de notre pays, il est particulièrement sensible aux lieux et aux gens du terroir. Il est également au fait des problèmes et des défis rencontrés par le secteur du tourisme en Roumanie, mais il a aussi remarqué les opportunités spécifiques. Cela a permis à Meidan Butnaru de construire une offre touristique qui s’est avérée viable : « C’est bien moi qui a lancé, il y a 4 ans, si je ne m’abuse, la première offre de type city break à Bucarest. Tout le monde était sceptique, on disait que Bucarest est une ville d’affaires et qu’il n’y aurait rien pour les touristes. Pour ma part, je leur ai dit que, si on savait vendre le produit, les touristes suivraient. Pour preuve, il y a plein de compagnies qui nous ont ensuite emboîté le pas, et actuellement Bucarest est bondée de touristes. Mon ambition c’est de toujours montrer ce que l’on peut faire. J’avais aussi dit que la clé du développement du tourisme en Roumanie c’était la voie aérienne, et ça on le voit clairement. Nous avons ainsi lancé les premiers vols charter vers Bucarest, il y a 4 ans, et nous avons mis en valeur la formule du city break. Et aujourd’hui tout le monde nous suit. Du coup, on encourage le développement du marché aérien. »
Certaines entreprises du secteur du tourisme visent la côte de la mer Noire, et en particulier la station de Mamaia, située au nord de Constanta, le principal port maritime roumain. Dernièrement, Mamaia est devenue un pôle des attractions estivales, dotée d’hôtels et de boîtes de nuit très à la mode. Meidan Butnaru nous présente toutefois sa vision un peu décalée de cet endroit: « Mamaia, en Roumanie, vise un public qui veut s’éclater. Nous, en revanche, nous l’avons promue à l’intention des familles. Alors, notre trafic aérien destiné aux touristes qui vont rejoindre Mamaia est réalisé à 89% pour des familles. C’est certainement plus rentable. Plutôt que de vendre une place, on en vend 4 ou 5, il y a les deux parents avec leurs enfants. Donc, plutôt que de conclure 5 transactions individuelles, j’en conclus une seule, et 5 places d’avion sont parties. C’est plus facile, j’arrive plus vite au taux d’occupation escompté. »
Pour satisfaire la demande croissante des touristes israéliens, la compagnie qui emploie Meidan Butnaru a bien dû lancer de nouveaux produits : « Nous, on s’agrandit constamment, depuis 15 ans. Si, jusqu’il y a un an, on n’offrait que des paquets de 6 ou de 7 nuitées, depuis l’année passée nous avons aussi une offre de circuit étalé sur 4 jours. Une autre formule, qui rencontre un franc succès, est le circuit intégré, qui marie le littoral à la montagne, mais qui ne se pratiquait plus de nos jours. Les gens pestaient contre le manque d’infrastructures, contre ceci, contre cela. Or, c’est faux. Tout est affaire de bien présenter l’offre au client, au touriste, c’est ce qui importe. Nous avons donc lancé cette formule et, ça va vous surprendre, le plus grand nombre de clients ce sont des familles avec enfants. Parce que nous y avons introduit toutes les attractions de la côte, le parc aquatique, le cirque, le delphinarium… Puis, si la demande suit, nous allons les amener jusqu’à Tulcea, dans le Delta du Danube, en bateau. L’idée c’est que nous diversifions nos produits, et nous envisageons de réserver un avion pour ce genre de circuits. Les cars attendront les touristes à l’aéroport et, à l’instar de ce qu’on fait à partir de Bucarest, pour aller à Brasov, à Sibiu, on partira depuis le bord de la mer Noire vers le nord… »
D’évidence, la descente massive de touristes peut mettre à rude épreuve les capacités des opérateurs roumains. Meidan Butnaru, le directeur commercial d’un des plus importants tour-opérateurs israéliens actifs sur le marché roumain, précise: « Les hôteliers, notamment ceux de Bucarest, ont augmenté leurs tarifs dernièrement, surtout les deux dernières années. C’est terrible ! Si cela va continuer, on aura un problème. Nous collaborons avec tout le monde, mais je pourrais leur ramener plus de touristes, à condition de pouvoir bénéficier de chambres à des prix raisonnables. On n’arrête pas de ressasser que la Roumanie est bon marché pour ses restaus, le shopping, les taxis, mais elle devient chère pour ses hôtels, surtout à Bucarest. Très, très chère. Plus chère qu’à Budapest ou à Prague, plus chère que dans bien d’autres destinations. La ville de Bucarest, il est vrai, s’est beaucoup développée, la Roumanie s’est développée… Pour moi, je vous le dis franchement, le seul frein que je voie c’est la hausse des tarifs hôteliers à Bucarest. »
Malgré tout, on reste optimiste quant aux perspectives de croissance du secteur, affirme Meidan Butnaru. Bien qu’il ne suffise pas de se fier aux projections pour réaliser du profit : « Nous sommes tous d’accord que la Roumanie est un beau pays, n’est-ce pas ? Oui, en effet, elle est belle, et on peut en faire du profit. Certes, il nous manque ceci, il nous manque cela. Mais, s’en plaindre à l’infini n’est pas la bonne solution. Nous avons apporté la preuve que l’on peut faire du bon boulot avec les ressources actuelles. Il est vrai que certaines ressources se laissent attendre. Mais voilà, les mentalités changent, il y a de nouvelles opportunités… Et tout le monde a compris que l’on peut faire un bon travail si on y met du sien. » (Trad. Ionut Jugureanu)