Le secteur de la viande de porc en quête de solutions
Avec une grande capacité de production à lépoque communiste, le secteur de la viande de porc de Roumanie a été sérieusement affecté tant par les rigueurs de léconomie de marché, que, surtout, par labsence dune politique cohérente dans le domaine.
Florin Orban, 02.01.2018, 11:33
En Roumanie, la consommation de viande de porc est bien ancrée dans la tradition. Fraîche ou transformée, elle s’est trouvée presque toujours sur la table des Roumains, aussi bien à la campagne, provenant des cochons qu’ils élèvent eux-mêmes, qu’en ville, où elle est achetée dans les magasins, au marché ou directement chez le producteur. Il y a eu des années, durant les dernières dizaines d’années du communisme, lorsque la viande de porc et les produits à base de viande de porc sont devenus une denrée rare, à cause de la politique de l’Etat, qui prévoyait une baisse sévère de la consommation, y compris dans le domaine alimentaire. La viande était exportée, au détriment du marché intérieur, car elle rapportait au régime de grands bénéfices, notamment des devises.
Après 1989, les producteurs de viande de Roumanie ont dû affronter la concurrence sur les marchés du monde, ce qui a eu un grand impact sur ce secteur, surtout en l’absence d’une politique économique cohérente. Les entreprises agro-industrielles qui produisaient des millions de tonnes de viande ont été fermées et le marché roumain est devenu dépendant des importations. L’adhésion de la Roumanie à l’UE s’est traduite au début par de nouvelles possibilités de développement pour tous les secteurs de l’économie, y compris pour les producteurs de viande de proc et de produits à base de viande de porc.
Notre longue tradition dans ce domaine aurait dû propulser la Roumanie parmi les plus grands producteurs et apporter des bénéfices importants aux fermiers. Pourtant, non seulement il n’en fut pas ainsi, mais les éleveurs ne réussissent même pas s’imposer sur le marché intérieur.
Emil Dumitru, president de la Fédération nationale de l’organisation PRO AGRO des producteurs du domaine agricole, de l’industrie alimentaire et des services connexes, explique: « Nous avons constaté que la moitié de la quantité de viande utilisée dans l’industrie alimentaire ainsi que la viande fraîche qui se trouve sur le marché provient du commerce intracommunautaire. Elle n’est donc pas produite en Roumanie. Il est inadmissible que la Roumanie, un pays agricole important, qui produit et exporte une grande quantité de céréales, ne réussisse pas à développer ce secteur si important qu’est l’élevage porcin. La Roumanie importe environ 2 millions et demi de porcelets, alors qu’elle devrait développer le secteur de la reproduction. Vu que la Roumanie bénéficie de fonds européens importants dans le domaine de l’agriculture, elle devrait devenir un des plus importants exportateurs sur le marché européen du porc. »
Cependant, les exportations roumaines ont été confrontées à de grandes difficultés. Les livraisons de viande porcine et de produits à base de viande de porc provenant de sociétés roumaines ont été interdites sur les marchés de l’UE dès 2003, car en Roumanie les cochons étaient vaccinés pour éradiquer la peste porcine classique. En 2007, la Commission européenne a décidé de prolonger, jusqu’au 31 décembre 2009, l’interdiction imposée aux sociétés roumaines, estimant que la peste porcine n’était pas encore sous contrôle. Par la suite, les organismes européens ont permis aux entreprises roumaines de transformation de la viande de porc d’exporter des produits à base de viande, pour libéraliser ensuite complètement les exportations de viande et de cochons vivants sur le marché communautaire.
Emil Dumitru, président de la Fédération nationale PRO AGRO: « Nous avons eu des difficultés liées à la peste porcine classique et une période de suivi a été imposée à notre pays. Cette période est pourtant achevée et les restrictions ont été levées ; la traçabilité dans nos fermes et abattoirs est au même niveau qu’en France ou en Allemagne, donc il ne devrait plus y avoir aucune raison d’inquiétude. Pour l’instant, nous devons regagner le marché roumain et c’est seulement après que l’on pourra parler d’un éventuel commerce intracommunautaire ou d’exportation. »
Le producteurs de viande de porc souhaiteraient que l’Etat roumain s’implique davantage dans ce domaine par le biais des politiques économiques.
Emil Dumitru, président de la Fédération nationale PRO AGRO, précise: « A mon avis, nous n’avons pas bénéficié d’une stratégie de l’administration centrale, de l’Etat, pour développer ce secteur. Cela signifie une absorption de la matière première, des céréales, et une prédictibilité du prix des céréales que nos producteurs agricoles obtiennent chaque année. Grâce à la modernisation des fermes et aux investissements beaucoup plus rapides, si nous bénéficions d’une stratégie dans ce domaine, nous pouvons redevenir, à tout moment, un grand producteur de viande de porc. Cela s’impose et, à mon avis, en appliquant de telles politiques agricoles, l’Etat peut même accroître les recettes budgétaires. » (Aut. : Florin Orban; Trad.: Dominique)