Le marché des eaux minérales
La Roumanie détient plus de 60% des ressources deau minérale de lEurope et se classe 5e dans lUE côté production deaux minérales naturelles
România Internațional, 18.07.2017, 15:35
Au cours des années, de nombreuses stations et usines d’exploitation et d’embouteillage de l’eau ont vu le jour autour des sources d’eau minérale. Bucovina est une compagnie de la région homonyme du nord de la Roumanie qui produit la marque d’eau minérale du même nom. C’est un des plus grands producteurs présents sur le marché roumain. Avec un chiffre d’affaires d’environ 40 millions d’euros en 2015, cette compagnie a connu une croissance de 12% l’année dernière. Il y a deux ans, elle a été rachetée par un groupe polonais qui a annoncé des investissements de 20 millions d’euros dans la fabrique d’eau minérale de Vatra Dornei (nord).
Par ailleurs, en 2004, la marque Borsec a été désignée la meilleure eau pétillante en bouteille au monde, lors de la plus grande compétition du domaine organisée aux Etats-Unis. Ces 18 dernières années, 220 millions d’euros ont été investis dans l’usine de Borsec afin de moderniser le processus technologique d’embouteillage de l’eau. Les exportations d’eau minérale naturelle Borsec visent 19 pays et comptent pour 5% du total de la production. Somme toute, la Roumanie n’exporte que 3 – 4% de son eau minérale mise en bouteille.
A son tour, la Société Nationale des Eaux Minérales, le plus grand producteur de Roumanie, a prévu des investissements de près de 5 millions de lei (l’équivalent d’un million d’euros) pour exploiter de nouvelles sources et acheter des usines d’embouteillage. D’ailleurs, la Roumanie s’enorgueillit d’une longue tradition dans l’exploitation et la vente d’eaux minérales. Depuis déjà l’antiquité on exploitait les sources souterraines de la zone, alors que les débuts de l’embouteillage remontent à il y a deux siècles, affirme le directeur général de la Société nationale des Eaux Minérales, Radu Dumitru : «Il y a 200 ans, la Roumanie comptait parmi les trois premiers pays au monde, non seulement du point de vue de la production d’eaux minérales, mais aussi de leur qualité. Entre 1800 et 1900, les eaux roumaines ont été primées dans toutes les grandes capitales européennes (Berlin, Vienne, …). Par exemple, l’eau de la localité roumaine de Vâlcele n’avait rien à envier à celle de Karlowy Vary. Celle de Borsec était tout aussi connue, elle a d’ailleurs une histoire de plus de deux siècles. A l’époque il y avait les 4 B : Borsec, Buziaş, Biborţeni et Bodoc, à savoir les eaux roumaines les plus connues au niveau européen. Nous étions connus aussi pour les eaux thérapeutiques. Jusqu’au début du 20e siècle, nous étions parmi les premiers du domaine. A l’époque, l’eau minérale était exportée dans des tonneaux en bois à Vienne, alors que des personnalités de la Maison royale de Grande Bretagne venaient se faire soigner en Roumanie. Donc la Roumanie était très, très bien placée dans le domaine des eaux minérales et elle l’est de nos jours encore.»
Malheureusement, à l’heure actuelle il n’y a pas de législation claire pour l’eau qui est mise en bouteille en Roumanie. Cela fait quelques années déjà que des centaines de producteurs sont apparus sur le marché, bien que la Roumanie n’ait que 68 marques reconnues. Radu Dumitru explique : « L’absence d’une législation claire en Roumanie pour ce qui est de la mise en bouteille des eaux minérales a fait apparaître sur le marché roumain cette « eau de table » et « l’eau de source » qui n’est de toute façon réglementée par aucune loi et a occupé une bonne partie du marché de l’eau minérale. La Roumanie est un marché de 3,2 milliards de litres par an. Sur toute cette quantité, environ 1,5 milliards sont des « eaux de table » et des « eaux de source » qui sont présentes sur le marché mais ne sont ni contrôlées ni soumises à une quelconque licence. Les ventes d’eaux minérales proprement-dites ont baissé de ce fait. Elles conservent toutefois un volume de ventes de 1,7 milliards de litres/an en Roumanie.
Il existe en Roumanie 30 usines de mise en bouteille d’eaux minérales, le reste sont des producteurs locaux sans licence de fonctionnement. Dans ce cas, les consommateurs ne savent plus que choisir lorsqu’ils sont devant une vingtaine – une trentaine de types d’eaux, dont beaucoup à de très bas prix. L’Agence nationale pour les ressources minérales a revu la liste des eaux minérales reconnues, et a approuvé au printemps dernier la nouvelle Liste des eaux minérales reconnues en Roumanie. Radu Dumitru : « Il existe plus de 400 fabriques d’embouteillage des eaux, dont 68 seulement sont minérales. Il y a une dizaine de fabriques plus importantes qui mettent en bouteille l’eau minérale. Beaucoup des labels reconnus le long du temps et avec un historique très riche ont à peu près disparu du marché suite à ce phénomène, du moins les 10 dernières années. Je peux dire que seulement la moitié du volume des ventes est contrôlé très attentivement et cela se résume à l’eau minérale naturelle. Le reste de ce qui se vend sur le marché, l’eau de table et celle de source, ont des bulletins d’analyse sommaires au début en vue d’obtenir la licence, et sont considérées de l’eau potable. Pour les eaux minérales, des analyses quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles, annuelles sont faites ainsi que toute sorte de contrôles. Nous avons des suivis en cours de journée, d’heure à heure pour certains paramètres physico-chimiques et biologiques pour les eaux minérales. Le reste des eaux ne sont pas contrôlées. Tous les supermarchés ont fait leur propre label d’eau, mais je ne sache pas que ces magasins aient aussi des fabriques d’embouteillage. Ils mettent en bouteille sous leur propre marque chez différents petits producteurs du pays et c’est ainsi que nous voyons toute sorte d’eaux de table et de source non contrôlées du point de vue législatif. »
Un Roumain consomme 50-55 litres d’eau minérale par an, la moitié par rapport à la moyenne européenne. Pourtant, la Roumanie a un immense potentiel, avec beaucoup de sources pas encore découvertes et donc non exploitées. Le directeur général de la Société nationale des eaux minérales, Radu Dumitru, nous a dit que la Roumanie pourrait devenir un des joueurs importants sur le marché des eaux minérales au niveau mondial, qui pourrait assurer le nécessaire des pays européens pendant 25 ans.