Le marché roumain de l’automobile
Sous la pression des immatriculations massives des voitures d'occasion.
România Internațional, 29.08.2017, 13:43
L’industrie automobile roumaine va bon train depuis pas mal de temps. Si en 2014, le chiffre d’affaires de l’ensemble de l’industrie s’élevait à 18 milliards d’euros, en 2015 il a dépassé le seuil des 20 milliards pour franchir les 22 milliards d’euros en 2016. Qui plus est, l’industrie automobile compte pour près d’un quart du volume des exportations de la Roumanie. Les compagnies de cette industrie exportent des produits dont la valeur s’élève à 13 milliards d’euros, selon le président de l’Association des constructeurs d’automobiles de Roumanie, Gabriel Sicoe.
Gabriel Sicoe : « A l’heure actuelle, l’industrie automobile de Roumanie est une industrie de grande série qui a plusieurs atouts importants. Elle offre des emplois significatifs, introduit la modernisation dans plusieurs autres secteurs d’activité, donc dans d’autres secteurs de l’industrie aussi. C’est le secteur industriel le plus mondialisé. En Roumanie, il y a à présent environ 470 compagnies de l’industrie automobile qui emploient plus de 206 mille salariés. En 2016, le chiffre d’affaires du secteur a dépassé les 22 milliards d’euros, ce qui représente 13% du PIB, alors que l’exportation de cette industrie a représenté plus de 13 milliards d’euros, donc 24% de l’exportation nationale ».
Deux géants de l’industrie automobile sont présents en Roumanie : Renault, qui détient les usines Dacia de Pitesti, et Ford avec son site industriel de Craiova, les deux dans le sud du pays. Le côté composantes automobiles, c’est-à-dire pièces et accessoires, est également bien développé et compte pour 72% du chiffres d’affaires total de l’industrie automobile.
L’année dernière, 358.861 véhicules ont été produits en Roumanie. Pourtant les immatriculations de voitures neuves ne se sont élevées qu’à 94.919 unités. Donc beaucoup moins que la production, et ce rapport sera à l’avenir aussi défavorable aux voitures neuves. Surtout qu’après l’élimination de la taxe de pollution, en février 2017, l’importation de véhicules d’occasion a carrément doublé, phénomène qui a eu un impact négatif aussi sur le budget de la Roumanie, affirme Gabriel Sicoe.
Gabriel Sicoe : « La Roumanie occupe la 10e place au classement des producteurs européens d’automobiles. C’est une place honorable, vu que nous sommes devancés par des pays tels l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, la France ou l’Italie. Le problème ne relève pas de la place que nous occupons en tant que producteurs, mais de la place que nous occupons pour ce qui est des voitures neuves immatriculées, puisqu’en ce cas nous occupons la 16e place. Même si la demande sur le marché roumain a été double en termes de pourcentages par rapport à la moyenne de l’UE, le volume des immatriculations est toujours réduit à cause de la concurrence faite par les voitures d’occasion importées. Le marché des véhicules neufs compte donc toujours pour un tiers de ce qu’il représentait dans les années 2007 – 2008, soit avant la crise économique. Il est confronté à la concurrence représentée par les voitures d’occasion importées, puisque pour chaque voiture neuve immatriculée, il y en a six d’occasion importées. Le problème, c’est que 72% des voitures d’occasion importées en 2017 ont plus de 10 ans, ce qui ne fait que contribuer au vieillissement du parc automobile roumain. A présent, la Roumanie a un parc automobile de 5,1 millions de véhicules, dont la moyenne d’âge est de 14 ans, ce sont donc des tacots pour la plupart. »
Pour l’année en cours, les programmes de renouvellement du parc automobile sont beaucoup plus généreux. Par exemple, la subvention accordée à l’achat d’un véhicule électrique est de 10 mille euros. Pour ce qui est du programme classique de renouvellement du parc automobile, qui en est à sa 13e édition, la prime à la casse demeure inchangée depuis deux ans déjà, soit 6500 lei, près de 1500 euros. La seule nouveauté, c’est qu’à partir de cette année le gouvernement accorde un bonus de 400 euros pour les voitures hybrides et de 250 euros pour les véhicules dont les émissions polluantes sont inférieures à 98 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre. Et pourtant, les spécialistes affirment que le programme de renouvellement du parc automobile ne suffit pas. Cette importation massive de véhicules d’occasion ne fait que réduire l’attractivité de la Roumanie pour les investissements potentiels dans l’industrie automobile. Par exemple, Dacia exporte 93% de sa production, alors que seulement 7% de celle-ci arrive sur le marché roumain, alors que dans le cas de Ford, seulement 1% de la production des usines de Craiova est acheminée vers le marché autochtone. Les investisseurs étrangers, sont intéressés à venir en Roumanie dans la mesure où notre pays demeure compétitive ou elle réussit à devenir encore plus compétitive. L’équilibre du marché européen pourrait se réaliser uniquement si l’Etat encourage l’achat de voitures neuves et décourage l’importation de voitures usagées, affirme le président de l’Association des constructeurs d’automobiles de Roumanie, Gabriel Sicoe.
Gabriel Sicoe : « Primo, il faut stimuler les ventes de voitures neuves. Cela peut se réaliser par le biais de programmes de renouvellement du parc automobile, mais on pourrait imaginer également aussi un programme de crédits accordés à ceux qui souhaitent s’acheter une voiture neuve et qui n’ont pas suffisamment d’argent. On a également proposé un programme appelé « La première voiture », mais vu que les crédits n’étaient accordés que sur une période de cinq ans, le programme n’a pas été assez intéressant. Notre proposition est de prolonger la période de remboursement des crédits de 5 à 7 ans. Secundo, il faut fiscaliser l’importation de véhicules d’occasion. Le TVA devrait s’appliquer sur la valeur totale de la voiture et pas uniquement sur la marge de profit des importateurs. Tertio, il faudrait imposer un paquet de règles techniques dans le cas des voitures d’occasion importées. Donc, au moment de la vente, un véhicule devrait passer obligatoirement par un contrôle technique, parce qu’en général en Roumanie, on importe de vieilles voitures, qui posent de nombreux problèmes en termes de sécurité routière. Une autre mesure, un contrôle technique annuel pour les véhicules de plus de huit ans, par exemple, devrait réduire les problèmes de sécurité de la circulation. Mais il faut également régler le problème des kilométrages. Truquer le kilométrage d’un véhicule signifie tromper le client d’une voiture d’occasion. Le nombre des kilomètres devrait figurer sur la facture, dès le premier contrat de vente. »
Les seuls modèles de voitures produites en Roumanie qui s’inscrivent dans le top 100 des véhicules les mieux vendus dans l’Union européenne sont la Dacia Sandero, qui occupait la 20e place au premier trimestre de cette année avec 48 mille unités commercialisées, et le SUV Duster qui est 36e, avec 36 mille unités, en hausse de 3% selon les chiffres du quotidien économique Ziarul financiar. (Trad. Alex Diaconescu)