L’apiculture roumaine en 2016
Cette année, la production de miel de la Roumanie baissera à moitié par rapport à la moyenne des dernières années, qui se situait autour des 20 - 22.000 tonnes.
Florin Orban, 03.10.2016, 13:15
Cette chute a été entraînée principalement par la météo défavorable qui a affecté les effectifs d’abeilles. Toutefois, les apiculteurs affirment que le miel ne fera pas défaut sur le marché roumain. Les prix n’augmenteront pas non plus, parce qu’il y a assez de stocks. En plus, les Roumains ne sont pas de très grands consommateurs de miel.
Ioan Fetea, président de l’Association des éleveurs d’abeilles de Roumanie, précise: « Le problème numéro 1 en 2016 a été le fait que la nature, notamment les changements climatiques, n’ont pas permis de valoriser le potentiel mellifère national. C’est pourquoi, 2016 est une des années apicoles les plus faibles des 5 dernières décennies. Pourquoi je dis cela ? Parce que l’on a enregistré environ 40-50% de la production moyenne, soit quelque 9.000 tonnes de miel. De ce fait, les apiculteurs n’ont même pas pu récupérer 40% des dépenses, qui d’ailleurs ont été assez importantes cette année. Et je ne pense pas forcément aux dépenses courantes liées à la modernisation des rayons de miel, aux traitements, aux déplacements dans la nature etc., mais surtout au nécessaire de compléments nutrititionnels, à la nourriture nécessaire aux ruches. Cela s’ajoute aux autres problèmes préexistants : les traitements phytosanitaires, le fait qu’en Roumanie on importe des substituts bien qu’il existe un excédent de miel, le fait que ces succédanés, des mélanges de miel roumain avec d’autres produits, font la concurrence aux produits roumains de qualité en raison de leurs prix très bas. Tout cela altère la qualité du miel. En fait, le consommateur est menti par ce système d’étiquettes qui indique si le miel est fabriqué dans l’UE ou non, miel roumain ou miel extra-communautaire. Ce n’est pas correct par rapport à ceux qui souhaitent consommer ce produit. »
Plein de questions sensibles donc dans le monde des apiculteurs roumains. Et ce n’est pas tout. Ioan Fetea ajoute : « Cette année, les exportations de miel ont baissé en dessous des 10%, et pas seulement à cause d’une production faible. Les importations de miel en Europe ne sont plus contrôlées, c’est un véritable problème. On importe du miel extra-communautaire, sans frais de douane, sans assurer une protection de la protection interne. En plus, on pratique le mélange de produits roumains de qualité avec des substituts. Cela détruit l’apiculture. C’est un phénomène que nous ne pouvons pas contrôler. C’est pourquoi nous avons fait des démarches auprès du Parlement et nous attendons un signe de la part des élus, en espérant que la loi de l’étiquetage pour les produits apicoles sera adoptée chez nous aussi, comme ce fut le cas du lait. Nous espérons que le coupage ne sera plus permis et que l’UE acceptera cette démarche législative. Voilà, donc, il y a beaucoup de problèmes, cette importation de miel se fait en grandes quantités non seulement en Roumanie, mais à travers l’Europe, parce que des pays tels le Mexique, l’Argentine et la Chine, mais surtout les deux premiers, connaissent une année apicole beaucoup plus longue que celle de Roumanie. N’oublions pas que du miel arrive aussi d’Ukraine, des quantités allant de 5 à 10 mille tonnes entrent en Europe afin de compenser l’embargo imposé par la Russie. Et tous ces éléments ont des conséquences sur le secteur apicole aussi, un secteur indépendant qui allait bon train et qui n’avait pas besoin d’interventions financières particulières comme c’est le cas dans d’autres domaines. »
Selon le ministère roumain de l’Agriculture et du Développement rural, en 2015, la Roumanie a exporté près de 10.900 tonnes de miel, d’une valeur totale de 41 millions d’euros et demi. Les importations se sont chiffrées à 2450 tonnes seulement, étant estimées à 5,55 millions d’euros. De même, toujours en 2015, on recensait 40.000 apiculteurs en Roumanie et 1,47 millions de familles d’abeilles.
Notons aussi que les apiculteurs roumains toucheront bientôt une aide de 15 lei (3,4 euros) pour chaque famille d’abeilles qu’ils détiennent, une somme censée couvrir une partie des pertes de production enregistrées cette année en raison de la météo défavorable.
A l’horizon 2017-2019, la Roumanie bénéficiera d’un budget de 21 millions et demi d’euros pour le Programme national apicole, soit 7,2% de plus par rapport à la somme allouée pour la période 2014-2016. Ce programme vise à financer les acquisitions de médicaments, de familles d’abeilles ou bien d’outillages pour les apiculteurs.
Selon les statistiques, les Roumains consomment en moyenne 450-500 grammes de miel par an et par habitant. La consommation de miel a donc augmenté par rapport aux chiffres d’il y a 10 ans. Mais la Roumanie est encore loin de la consommation d’autres Etats membres, tels l’Allemagne avec 2 kilos de miel par an par habitant ou bien les Pays Bas ou la Belgique avec 1 kilo et demi. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)