Résultats économiques
L'actuelle croissance de l'économie roumaine rappelle celle que l'on enregistrait avant la crise. Y a-t-il le risque de revenir à cette situation-là ?
Florin Orban, 27.09.2016, 13:28
Le PIB de la Roumanie a progressé de 5,2% au premier semestre de l’année en cours, par rapport à la même époque de 2015, a fait savoir l’Institut national de la statistique. Le PIB estimé pour le second semestre 2016 est lui aussi supérieur de 6% à celui enregistré à la même période de l’année dernière.
Voici ce que déclarait la ministre roumaine des Finances, Anca Dragu, dans une interview accordée à la radio publique. : «Nous avons, sur le second semestre, une croissance de 6%, soit la plus importante en Europe. Cela va probablement conduire à un taux de croissance économique en 2016 supérieur aux estimations des analystes, qui tablaient sur 4,2%. C’est la consommation qui connaît la hausse la plus significative. Rien d’étonnant à cela, vu les mesures la favorisant, dont la réduction des taxes à la consommation et les majorations salariales. Par ailleurs, certains investissements ont suivi une tendance ascendante au deuxième semestre. Le secteur du BTP, par exemple, a progressé de 9%, mais nous avons eu aussi des investissements ayant enregistré 15%, voire 20 % de croissance par rapport à 2015. C’est vrai que dans la première moitié de l’année les investissements publics dans l’infrastructure n’ont pas été conséquents. Je voulais mentionner aussi la hausse de 20% des investissements étrangers directs. C’est un élément important, qui reflète un degré élevé de confiance à l’égard de l’économie roumaine. Bref, les compagnies roumaines et étrangères continuent d’investir dans notre économie ».
L’actuelle croissance de l’économie roumaine rappelle celle que l’on enregistrait avant la crise. Y a-t-il le risque de revenir à cette situation-là ? Voici la réponse de Anca Dragu: « Non, pas du tout, puisque les situations sont toutes autres. Avant la crise, la Roumanie subissait de multiples déséquilibres, internes et externes. Ce qui l’avait marquée le plus c’était le très faible rythme des exportations, traduit par un déficit du compte courant de 14% du PIB, alors que ce même déficit devrait se situer en 2016 aux alentours d 2%. Cela fait donc un grand écart entre les deux situations. Sur le plan intérieur, on enregistrait des déséquilibres et un déficit budgétaire accru. Ce que nous devons faire c’est de continuer à mener des politiques prudentes, de sorte à ne plus alimenter comme jusqu’ici la consommation. En outre, il nous faudra maintenir la cible de déficit budgétaire et démarrer, dans les années à venir, le processus de réduction graduelle du déficit public ».
Qu’en sera-t-il, d’ici la fin de l’année, de la croissance économique ? Eléments de réponse avec la ministre roumaine des Finances, Anca Dragu: « Peut-être que 6% est un pic. Le troisième trimestre est fortement influencé par l’agriculture. 2016 semble être assez bon, de ce point de vue, mais la différence entre une bonne et une très bonne année agricole peut être déterminante pour les chiffres du troisième trimestre. Pour conclure, je dirais qu’il n’y a pas de rapprochements à faire entre le présent et l’état de choses d’avant la crise, mais je souligne la nécessité d’avoir une approche prudente et de conserver les équilibres macro économiques actuels. »
Les données fournies par l’Institut national de la statistique révèlent qu’au mois d’août le taux annuel d’inflation était de moins 0,2%. Voici les explications de l’analyste économique Aurelian Dochia: « L’inflation est restée négative un bon bout de temps. Je pense que nous allons clore l’année en situation de déflation. Je pense que nous allons clôturer l’année en situation de déflation. Même si c’est une expérience inhabituelle pour la Roumanie, notre Banque centrale n’est pas intervenue, comme d’autres institutions financières similaires à travers le monde l’avaient fait, en abaissant leurs taux directeurs sous zéro. Cela ne s’est pas passé en Roumanie et peut-être qu’il ne se passera pas non plus à l’avenir, pour la simple raison que l’on s’attend à ce que l’inflation retrouve une tendance ascendante sur la seconde moitié de l’année en cours, voire même l’année prochaine. Bien sûr que plusieurs choses dépendent des évolutions sur le plan extérieur. Le cours du pétrole reste étonnamment bas et il n’y a pas de chances d’augmenter. Cela revient à dire qu’en Roumanie aussi ce facteur contribuera à maîtriser l’inflation. La récolte 2016 s’annonce assez bonne. En dépit des récentes mises en garde des agriculteurs contre une possible augmentation du prix des céréales, je dirais que ces hausses ne seront pas importantes du point de vue de l’inflation. Bref, il paraît que tous les facteurs concourent à un très faible niveau de l’inflation, qui s’approchera même du territoire négatif vers la fin de l’année. Il est possible de revenir, en 2017, à une situation normale, c’est-à-dire à une inflation positive. Pourtant, d’ici là, bien des choses peuvent arriver sur les marchés européens. Une certaine nervosité s’est déjà installée sur les marchés financiers, ce qui n’est pas sans influer sur les politiques monétaires des banques centrales et sur d’autres facteurs qui impactent les prix ».
En août dernier, ce sont les fruits frais, les pommes de terre et d’autres légumes qui ont enregistré les réductions de prix les plus significatives, tandis que des produits tels que les agrumes, les œufs, le tabac, les haricots, le sucre et la viande de porc ont connu les hausses de prix les plus conséquentes. (Trad. Mariana Tudose)