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Les fruits des bois – modèle de business à succes…

... surtout dans les régions de montagne de Roumanie.

Les fruits des bois – modèle de business à succes…
Les fruits des bois – modèle de business à succes…

, 16.08.2016, 14:10

Chaque année, de l’été jusqu’à l’automne, on cueille des quantités considérables de fruits des bois sur les versants ensoleillés des Carpates. Leur parfum est 3 fois plus fort que celui des fruits de serre. On les considère comme des produits écologiques, parce qu’ils poussent dans des zones de grande altitude, loin de la pollution. Pour toutes ces raisons, ces fruits des bois sont très appréciés des étrangers. C’est justement pourquoi la Régie des forêts Romsilva table cette année sur une production d’environ 3300 tonnes qui seront valorisées pour la plupart sur le marché extérieur. Mais à part ces fruits cueillis de la flore spontanée, il existe aussi de nombreux Roumains qui ont développé des affaires profitables avec des plantations de fruits des bois.

80.000 euros – c’est la somme investie par Ioan Păşcănuţ de la région de Sibiu (centre) dans une plantation d’argousier. Il nous raconte les pas parcourus pour avoir un business à succès : «J’ai commencé en 2006, lorsque j’ai planté 7,5 hectares d’argousier. A l’époque, j’ai profité des fonds européens et j’ai accédé à un programme SAPARD. Je n’ai pas touché une somme trop grande, mais elle a fait la différence. Puis, j’ai obtenu le label de production écologique. C’est une affaire rentable, je dirais. De nombreuses personnes la considèrent comme un domaine de niche de l’agriculture qui leur permettra de s’enrichir rapidement. Mais cela n’arrive pas du jour au lendemain. Certes, c’est un côté alternatif de l’agriculture, qui peut générer des profits à condition d’être bien géré. Les productions ne sont pas si grandes que les quantités véhiculées, alors que le prix de vente, notamment celui du marché autochtone, est en-dessous des attentes en raison de la concurrence de la flore spontanée. Mais si nous réussissons à exporter, nous obtenons un prix assez correct qui rend la plantation rentable. De nombreux cultivateurs font l’erreur de créer une plantation sans prendre en compte les possibilités de la valoriser. Il faut investir dans des espaces de congélation, de stockage etc… L’argousier ne peut être gardé que surgelé ou sec. Nous traitons une partie des fruits, en faisant du nectar d’argousier, du miel à l’argousier en coopération avec d’autres producteurs, mais ce n’est pas là que nous obtenons du profit. Ces produits sont assez périssables, il faut les vendre rapidement, parce que nous ne nous permettons pas de les introduire dans un réseau de magasins. On vend la plus grande partie de la production en tant que fruits surgelés ou déshydratés. »

Il y a 14 ans, Ion Vasile Moraru de la commune de Cosminele, du département de Prahova (sud), a planté sa première culture de ronces greffées de Roumanie, avec des plants apportés des Pays-Bas. Il a été impressionné par le fait que cet arbuste était riche en fruits et sans épines. A présent, bien qu’il n’ait pas une évidence précise de ses revenus, Ion Vasile Moraru peut toutefois soutenir sa famille de cette petite affaire. Et ça marche pas mal : « J’ai démarré cette affaire en 2002, avec seulement une centaine de mètres carrés. C’était la première plantation de ronces du pays. A présent j’ai 300 mètres carrés plantés de ronces. J’ai travaillé tout seul, aidé parfois par ma famille ou par des amis, donc cela ne m’a pas coûté trop cher. L’argent investi, je l’ai vite récupéré : au bout de deux années seulement. A un moment donné, les revenus sont devenus constants parce que les arbrisseaux arrivent à maturité après 4 ou 5 ans et produisent pendant 15 ans. S’il est bien entretenu, un arbuste peut produire environ 5 kilos de mûres. J’ai aussi traité des mûres, j’en ai fait de la confiture, des sirops, de l’eau-de-vie, de la liqueur de mûres. Jusqu’ici je n’ai conclu aucun contrat de collaboration parce que les mûres ne peuvent être envoyées à l’étranger que si elles sont congelées. Ce sont des fruits périssables, ils ne résistent pas plus de 48 heures à température normale. Mais je me suis fait construire deux chambres froides et à partir de cette année, si ma production est bonne, je vais congeler les produits. Je n’ai jamais tenu compte de la production obtenue. Je ne tiens pas la comptabilité de ma propre plantation. J’ai refait mes réserves et j’ai récupéré mon investissement. J’ai été très content. »

Pour l’instant en Roumanie, il y a peu de fabriques de transformation des fruits de bois. Les directions forestières du pays exportent les fruits sous forme de matière première, les clients étrangers les transforment en produits finaux, qu’ils commercialisent ensuite partout en Europe, avec des marges importantes. Mais les choses semblent s’améliorer puisque la Fédération des Agriculteurs de montagne Dorna, en partenariat avec la Fondation OPENFIELDS et l’Institut norvégien de recherches en bio-économie, ont mis en œuvre un projet de transformation des fruits de bois avec des sources d’énergie renouvelables et non polluantes. Déroulé sur 18 mois, le projet a visé le développement des modèles agricoles de la région de montagne de Roumanie par l’intégration des activités traditionnelles au système économique moderne.

De quoi s’agit-il en fait ? Réponse avec Ioan Agapi, directeur de la Fédération des agriculteurs de montagne Dorna : «D’abord, nous avons constaté que les membres de la Fédération des agriculteurs de montagne détiennent de petites superficies de terrain sans la région de montagne de Roumanie et non pas de grandes superficies censées leur permettre d’obtenir des cultures intensives de fruits de bois. Donc l’idée de départ du projet a été celle selon laquelle il y a beaucoup de terrains difficiles d’accès et au sol acide qui ne sont pas mis en valeur. Donc nous nous sommes proposé de fonder une unité de transformation des fruits de bois pour que nos membres puissent bénéficier d’une valeur ajoutée à leur production. Ce n’est pas uniquement le bois qui est valeureux, mais aussi les fruits des bois et les champignons. Et en partant de cette idée, nous avons suivi trois composantes, vu que la ligne de financement qui nous a été offerte par le Gouvernement norvégien s’appelle « industrie verte ». Nous avons pensé pouvoir transformer les fruits des bois en utilisant l’énergie verte. Du coup, nous pouvions réaliser plusieurs objectifs : offrir des services à nos membres, développer la marque « Aroma muntelui » (L’Arôme de la montagne), qui a été déjà enregistrée à l’Office des inventions et des marques, étant actuellement protégée par le gouvernement roumain, mais aussi produire l’énergie verte nécessaire au fonctionnement des équipements de la fabrique. A présent, nous avons seulement deux lignes de transformation : l’une consacrée aux fruits séchés et l’autre destinée aux jus. A présent, nous produisons des champignons séchés et des jus naturels combinés : pomme/myrtille, myrtille/mûre… Une chose est claire, d’un côté nous assurons des services à nos membres et de l’autre nous transformons la production de tous ceux qui souhaitent vendre des produits à valeur ajoutée. Nous avons pensé à acheter de la matière première et à vendre des produits finaux, sous la marque « l’Arôme de la montagne » qui appartient à la Fédération des agriculteurs de montagne de Vatra Dornei.»

Voilà donc que ce projet appelée « Entreprise sociale de transformation des fruits des bois avec des sources d’énergie renouvelables » contribuera également à la protection de l’environnement et à la conservation durable des forêts. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

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