Energie roumaine – indépendance et inefficacité
Jusquici largent versé par lEtat roumain a servi à couvrir linefficacité économique du secteur énergétique plutôt quà développer l'efficacité de celui-ci, selon les spécialistes.
Florin Orban, 01.12.2015, 13:15
Bien que la Roumanie sapproche de son objectif dindépendance énergétique, près de la moitié de sa capacité de production de lélectricité est économiquement inefficace ou à la limite de lefficacité, constatent les spécialistes. Les capacités de production nécessitent des alternatives de financement acceptées au niveau de lUE. La Roumanie aurait dû mettre sur pied un cadre adéquat de financement, car jusquici largent versé par lEtat a servi à couvrir linefficacité économique plutôt quà développer lefficacité énergétique, affirment les mêmes spécialistes.
A noter aussi que les compagnies étrangères du secteur énergétique ont investi plus de 22 milliards deuros en Roumanie depuis 2002, une somme qui a contribué à la stabilité du secteur, souligne le Conseil des investisseurs étrangers. Selon cette principale organisation des investisseurs étrangers de Roumanie, si elle veut attirer de nouveaux investissements, la Roumanie doit créer un marché stable et prévisible, régi par des politiques publiques et une législation transparentes.
Le président de lAutorité Nationale de Régulation du secteur de lénergie, Niculae Havrileţ explique: « Les investissements sont nécessaires parce que la Roumanie offre de nombreuses opportunités de développement des marchés de lénergie, à commencer par la production dénergie de sources renouvelables et par la mise en valeur de nouveaux gisements de gaz dans la Mer Noire, jusquà sa position géostratégique. Grâce à cette position la Roumanie peut jouer un rôle important dans la gestion de nouvelles infrastructures dinterconnexion entre les Etats membres de lUE, ainsi quavec des pays tiers, comme la République de Moldova. »
Quelle est la situation des tarifs du gaz et de lélectricité en Roumanie ? Le président de lAutorité Nationale de Régulation du secteur de lénergie, Niculae Havrileţ répond : « Les prix sont la principale préoccupation de notre institution. Au cours de la saison froide on na pas prévu daugmentations des tarifs, parce que nous avons décidé danalyser les prix une seule fois par an, en été, justement pour que les prix restent stables et prédictibles sur une période dau moins une année, au lieu de chaque trimestre comme cétait le cas auparavant. »
Quels sont les risques pour les consommateurs ? Peut-on sattendre à des problèmes de fourniture du gaz ? Niculae Havrileţ répond: « Chaque année, notre pays est confronté à des problèmes liés à la stabilité de la pression dans les systèmes de transport et de distribution. Cest justement la raison pour laquelle notre institution a fixé une obligation de stockage pour les sociétés qui fournissent du gaz aux consommateurs domestiques et non domestiques. Son but est de garantir lalimentation en gaz pendant lhiver. Cette obligation de stockage sélève à 1,7 milliards de mètres cubes. Mais les stocks des producteurs dépassent cette quantité, si bien quau début de la saison froide on a mis à la disposition du marché 2 milliards et demi de mètres cubes de gaz. Pour les périodes de froid extrême, lAgence a décidé dimporter un minimum de 3% pour assurer les gaz nécessaire aux consommateurs domestiques.»
Le président du Régulateur national s’est penché également sur les importations de gaz en Roumanie: «Les importations de gaz naturel ont chuté de 27 à 7,5%, ces trois dernières années Cette baisse est due à une série de facteurs aussi bien extérieurs qu’intérieurs, dont: la baisse de la consommation sur fond d’une hausse des énergies renouvelables et d’une forte préoccupation pour laugmentation de l’efficacité chez les consommateurs aussi bien domestiques qu’industriels. Le revêtement des immeubles parallèlement à la diminution des activités des grandes industries consommatrices de gaz a engendré une baisse de la consommation. Or, du coup, cela s’accompagne d’une chute des importations. Concrètement, depuis avril dernier, la Roumanie n’a importé plus un seul mètre cube de gaz. »
Pour sa part, l’eurodéputé Theodor Stolojan a déclaré quant au rôle énergétique de la Roumanie en Europe centrale et de l’Est: «N’oublions pas que nous sommes presque indépendants du point de vue énergétique. La Roumanie est un fournisseur de sécurité énergétique dans la région, en mesure même d’exporter de l’énergie. Il est vrai que la situation n’est pas des meilleures si l’on parle de notre intégration européenne, puisque de grands écarts régionaux existent toujours. Je crois que pour mettre à profit son potentiel énergétique, la Roumanie devrait se doter avant tout d’une stratégie dans ce domaine. »
«On voudrait offrir des tarifs de l’énergie accessibles et protéger les consommateurs» s’exclament à leur tour les représentants du Ministère de lEnergie. «On se propose des investissements stratégiques dans des projets énergétiques censés ranimer l’industrie roumaine. A titre d’exemple: rendre opérationnels les réacteurs 3 et 4 de la Centrale nucléaire de Cernavoda, construire une centrale thermique de 600 MW en Olténie, redresser le secteur de la production énergétique à base de charbon, moderniser les mines, renforcer l’interconnexion avec les pays avoisinants, jeter les prémisses de l’extension des compagnies énergétiques roumaines sur des marchés extérieurs », ont encore affirmé les autorités de Bucarest. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)