L’industrie laitière
Les 130 fabriques qui existent encore risquent dêtre confrontées à de nouvelles difficultés à partir du 1er avril, lorsque seront éliminés les quotas laitiers en UE.
Florin Orban, 17.02.2015, 14:12
Un tiers des fabriques de laitages de Roumanie, soit plus d’une cinquantaine, ont fermé l’année dernière à cause de la hausse des coûts de production. De même, les importations massives et la majoration de la taxe de positionnement dans les linéaires de supermarché ont rendu encore plus difficile la situation des producteurs du secteur. Ce qui plus est, les 130 fabriques qui existent encore risquent d’être confrontées à de nouvelles difficultés à partir du 1er avril, lorsque seront éliminés les quotas laitiers en UE.
Le président de la Fédération Nationale des Eleveurs de Bovins, Claudiu Frânc précise: «Cette année, notre tâche s’annonce beaucoup plus dure, parce que, depuis septembre dernier, les opérateurs du secteur de transformation travaillent sur les stocks. Au 4e trimestre 2014, la Roumanie a importé une quantité de lait et de produits laitiers supérieure de plus de 30% à celle de l’année précédente. Toute cette pression sur le marché pèse lourd sur les producteurs, qui sont en contradiction avec les transformateurs laitiers, lesquels travaillent sur les stocks afin de réduire le prix de la matière première à la sortie de la ferme».
A son tour, le président de l’Association patronale roumaine de l’Industrie laitière, Dorin Cojocaru, affirme qu’il existe une différence entre la production intérieure et les importations : «Une partie des coûts de production des pays européens est soutenue par les gouvernements, voire même par des subventions masquées. Néanmoins, suite à l’embargo appliqué par la Russie depuis le mois de juillet, nous avons constaté que des produits provenant de Pologne, des pays nordiques, de Hongrie ou de Slovénie sont entrés sur le marché roumain à des prix de dumping, faisant ainsi une concurrence déloyale aux produits autochtones.»
Selon l’Institut national des statistiques, la consommation de lait roumain a augmenté de 6% en 2014. Dorin Cojocaru: « Il convient de remarquer la croissance des importations de produits finis, leur volume ayant doublé par rapport à l’année dernière. Il suffit de faire attention à un seul aspect : l’ampleur des marques de distributeur sur les étals, parce que cette marque n’inclut pas la taxe de positionnement dans les linéaires, comme c’est le cas d’autres produits, marques de renom ou produits roumains. Le lait vendu sous marque de distributeur en Roumanie provient à hauteur de 60% de Pologne et de Hongrie et les ventes ont doublé par rapport aux années précédentes. Comment s’explique cette tendance ? Par le fait que le pouvoir d’achat des Roumains est en berne, or c’est bien le pouvoir d’achat qui détermine le portefeuille des produits vendus. Je pense toutefois que la réduction de la TVA sur les laitages et les produits alimentaires en général pourrait relancer la consommation et rajouter à la valeur nutritive de ceux-ci, au bénéfice du consommateur roumain. »
A part cela, le président de l’Association patronale roumaine de l’Industrie Laitière, Dorin Cojocaru identifie un autre problème du secteur : « A partir du 1er avril 2015, les quotas laitiers seront supprimés. Il s’agit des quantités de lait qu’un Etat membre de l’Union était autorisé à produire et à traiter. L’embargo russe de l’été dernier a été en fait une avant-première de ce qui va se passer à commencer par le 1er avril. Nous serons envahis par les laitages et le lait matière première à bas prix en provenance de Pologne, d’Allemagne et de Hongrie. C’est une guerre économique que l’on mène depuis des années déjà. Nous aimerions avoir le soutien du gouvernement roumain, à l’instar des producteurs polonais, hongrois, allemands et français qui bénéficient du soutien de leurs gouvernements respectifs. Le consommateur roumain est le seul à pouvoir faire la différence. C’est lui qui doit opter, devant les étals, pour le produit qu’il considère à même de garantir un avenir, à lui — même, à sa famille, à ses amis. »
Malgré toutes ces difficultés, il y a des marques roumaines fortes. Dorin Cojocaru explique : «Oui, mais il y a 20 marques connues sur le marché tout au plus. N’oublions pas qu’il y a eu 423 fabriques. N’oublions pas non plus que les grands transformateurs laitiers ont limité leur activité, passant de 4 — 5 fabriques à une seule qui fonctionne à 20% de sa capacité. Cela implique des coûts très élevés. Par conséquent, de nombreuses fabriques ont fermé leurs portes, alors que les grandes compagnies se sont ciblées sur une seule localité. Bref, la capacité de traitement des produits laitiers a beaucoup diminué, ce qui fait que les fermiers ne peuvent plus valoriser le lait de leurs fermes».
Utiliser le budget d’intervention pour aider les fermiers et les transformateurs laitiers et ouvrir de nouveaux marchés au Moyen Orient — voilà deux des solutions avancées par les patronat du secteur. On propose également des mesures visant l’étiquetage des produits laitiers afin d’éviter la falsification, comme ce fut le cas au printemps 2014 lorsque l’on a découvert sur le marché roumain du fromage qui ne contenait pas un seul gramme de lait.
Notons aussi que les investisseurs étrangers s’intéressent à l’industrie roumaine des produits laitiers depuis plus de 20 ans, lorsque le groupe allemand Hochland a ouvert des fabriques de production en Roumanie. Les compagnies françaises Lactalis, qui en 2008, avait racheté le groupe La Dorna, Danone, ainsi que la compagnie hollandaise Friesland et grecque Olympus partagent le marché roumain des laitages avec les producteurs autochtones, dont les plus importants sont Albalact, Delaco et Covalact. (Trad.Valentina Beleavski)