Regard rétrospectif sur le marché roumain des capitaux
En 2014, le marché roumain des capitaux a enregistré plusieurs résultats exceptionnels, auxquels viennent sajouter des transformations majeures. Elles visent à faire du marché roumain émergeant des capitaux un marché de frontière. Survol.
Florin Orban, 20.01.2015, 13:53
L’année dernière, l’indice de référence BET de la Bourse des valeurs de Bucarest — qui indique l’évolution des cotations des 10 actions les plus liquides — a connu une hausse de 9,07%, jusqu’à 7.083 points. Dans le courant de l’année dernière, cet indice avait atteint un seuil minimum le 14 mars, avec 6.135 points, et un maximum le 1er octobre, avec 7.278 points.
Les actions les plus transactionnées ont été celles du Fonds Proprietatea, une société par actions qui fonctionne comme un fonds d’investissements, listée à la Bourse des valeurs de Bucarest. Le Fonds a été créé par le gouvernement de la Roumanie en 2005, pour dédommager les personnes dont les propriétés avaient été confisquées abusivement du temps du régime communiste et ne peuvent être rétrocédées en nature. Ils ont reçu des actions à ce Fonds sous forme de compensation. Le Fonds Proprietatea est un des fonds d’investissements d’Europe Centrale et de l’Est les plus importants grâce aux participations qu’il détient à plusieurs compagnies roumaines importantes. En 2014, ses actions ont connu une hausse des cotations de 7,5%, suivies par celles de la Banque Transilvania, avec une hausse de 15,64%, et la compagnie gazière roumaine Romgaz, en progression de 3,42%.
Notons aussi que 2014 a apporté pour le marché roumain des capitaux une offre publique record à la Bourse des valeurs de Bucarest, par laquelle la compagnie d’électricité Electrica a attiré l’équivalent de 440 millions d’euros des investisseurs, mais aussi des transformations majeures dues aux efforts visant à passer du statut de marché de frontière à celui de marché émergent. Du 6 au 25 juin dernier, l’offre Electrica a fait venir environ 2.000 nouveaux investisseurs à la bourse roumaine ; c’est la plus grande cotation et la première privatisation qui utilise exclusivement le marché local de capitaux.
En début d’année, ce marché a été influencé par les événements extérieurs. Les tensions en Ukraine ont engendré des baisses des volumes et des cotations à la Bourse de Bucarest, le point culminant étant atteint le 14 mars, avant le référendum de Crimée. Sur la toile de fond de ces baisses, des opportunités d’investissement sont apparues aussi, que les investisseurs ont partiellement fructifiées. Ainsi, du 14 mars au 7 avril, l’indice de référence BET a-t-il progressé de plus de 5%, et neuf nouvelles compagnies, dont Transelectrica et la Banque Transilvania, ont connu des hausses de 3 à 10%. Ultérieurement, les tensions d’Ukraine ont été ignorées par le marché, qui s’est concentré de nouveau sur les fondements positifs.
En Roumanie, l’année 2014 a également apporté la Loi sur la suppression du marché Rasdaq des marchandises, qui stipule que l’activité de ce marché et du marché des valeurs mobilières non cotées cesse 12 mois après l’entrée en vigueur de la loi. Ainsi, les compagnies présentes sur le marché Rasdaq et sur le marché des valeurs mobilières non cotées doivent-elles décider les prochains mois si elles migreront sur le marché réglementé ou sur le système alternatif de transactions de la Bourse de Bucarest. Plus de 900 compagnies sont listées sur le marché Rasdaq, avec une capitalisation cumulée de l’équivalent de 1,7 milliards d’euros.
Le statut Rasdaq a été une des questions les plus problématiques qui a affecté l’opinion des investisseurs sur le marché des capitaux, vu que, selon les directives européennes, ce marché ne figure ni dans la catégorie des marchés réglementés, ni dans celle des systèmes de transaction alternatifs.
Ecoutons le président de l’Autorité de suivi financier (ASF), Mişu Negriţoiu, faire état de l’une des initiatives les plus récentes sur le marché de capitaux : « Nous avons lancé, très récemment, un programme d’information financière, appelons-le programme éducationnel. C’est asfedu.ro, on peut y accéder par l’intermédiaire du site de l’ASF, asfromania.ro, qui donne des détails sur les types d’instruments présents sur le marché, comment investir. Au-delà de l’information des consommateurs notre rôle est d’assurer la stabilité et la confiance sur les marchés. Nous avons lancé un programme que nous appelons STEAM, adressé aux investisseurs roumains et étrangers, qui se propose de consolider l’infrastructure du marché, pour qu’il n’y ait plus d’actions perdues, que tout soit transparent, que les marchés soient liquides, qu’il existe assez d’instruments de marché, tant des actions que des obligations, et que nous procédions à une information. Nous avons un programme spécial que nous appelons marché des capitaux pour tous, censé faire venir un nombre aussi grand que possible d’investisseurs individuels sur le marché boursier, sur les marchés réglementés à tous les instruments. Nous voulons créer cette confiance et simplifier aussi les procédures, l’ouverture des comptes, les transactions, pour que les gens sachent où s’adresser s’ils souhaitent acquérir des actions ou des obligations. En tout cas, je peux affirmer que les revenus obtenus par ces instruments sont supérieurs aux intérêts sur le marché bancaire. »
Le président de l’Autorité de suivi financier a également fourni d’autres informations concernant le marché roumain des capitaux : « Il existe, maintenant, en Roumanie, des fonds mutuels très solides, aussi bons que les banques solides, et auxquels on peut faire confiance. Il est possible de se porter acquéreur d’actions auprès de ces fonds dont la plupart sont à participation internationale, mais aussi locale. Un exemple : le temps des aventures et des constructions pyramidales sur les marchés financiers est bel et bien révolu en Roumanie. Il y a ensuite des transactions et de très bons émetteurs. Des émetteurs tels que les sociétés d’Etat fournisseurs d’électricité ou de gaz, ou des sociétés bancaires, créditées de confiance et dont il est possible d’acquérir des titres. Nous les vérifions, même dès le moment où ils sont cotés, et nous procédons à l’émission. Voilà comment le marché de capitaux s’est construit en Roumanie : pendant la période de privatisation, les sociétés ont été poussées à agir. Tel fut le marché Rasdaq, en voie d’être liquidé maintenant. Les nouveaux émetteurs sont vérifiés en détail lorsqu’ils sont listés, parce que nous avons une responsabilité — ils doivent être dignes de confiance. C’est notre activité de suivi. Nous apportons sur le marché des instruments toujours meilleurs, auxquels les gens puissent faire confiance. » (trad. Ligia Mihaescu)
Le 25 février, un nouveau marché d’actions sera lancé à la Bourse de Bucarest, consacré aux PMEs, appelé AeRO. « C’est un marché nouveau, pour des affaires innovantes, créatives », a dit le directeur général de la Bourse bucarestoise, Ludwik Sobolewski. « Ce qui nous intéresse, ce n’est pas d’avoir des compagnies cotées, mais de voir qu’elles ont franchi à succès le test du marché. Le 25 février, nous aurons les premières compagnies AeRo qui obtiendront de l’argent et qui attireront des investisseurs. Le lancement d’AeRo sera un événement important pour le marché roumain des capitaux. Je peux vous assurer que c’est un projet stratégique de la Bourse des valeurs de Bucarest », a encore affirmé Ludwik Sobolewski.