L’économie roumaine en 2015
Prévisions formulées par les spécialistes roumains et étrangers.
Florin Orban, 13.01.2015, 13:14
En 2015, les analystes prévoient pour la Roumanie une croissance économique de 2 à 3%. Le budget de l’Etat table sur une croissance de 2,5% – cible prudente, pourtant le gouvernement se propose d’atteindre une croissance de plus de 3%. Cet objectif dépend cependant des évolutions extérieures — a affirmé pour l’Agence roumaine de presse Agerpres le conseiller du premier ministre Cristian Socol. A son avis, le budget est orienté, cette année aussi, vers les investissements et la création de nouveaux emplois.
Les dépenses destinées aux investissements ont progressé de 24% par rapport à 2014. Le budget 2015 est respectueux du milieu privé, prévoyant une augmentation du cofinancement destiné à l’absorption des fonds européens, des schémas de garanties et d’aides d’Etat, plus de soutien aux producteurs agricoles, l’octroi de facilités ponctuelles aux investissements étrangers à valeur ajoutée, le développement des parcs industriels et technologiques. Le budget stimule également l’enseignement technique — a précisé le conseiller du premier ministre.
Le budget 2015 table également sur un déficit de 1,83%, convenu avec le FMI et la Commission européenne, et sur une inflation annuelle de 2,2%.
Business Monitor International – Société du Fitch Group — prévoit pour l’économie roumaine une croissance de plus de 3% en 2015 et 2016, fondée sur le passage d’une croissance reposant sur les exportations à une progression engendrée par la demande intérieure.
De son côté, la Commission nationale de la prospective prévoit pour 2015 une croissance économique de 2,5%. Ce chiffre est très proche de celui avancé par la Commission européenne et par le FMI — soit 2,4 et respectivement 2,5%. Il est pourtant inférieur à celui fourni par la Banque Mondiale, qui anticipait en juin dernier pour la Roumanie une croissance économique de 3,2% en 2015.
« Cette année, la situation économique de la Roumanie sera bonne, pourtant elle doit encore récupérer les décalages qui la séparent des Etats développés de l’UE. Or, les politiques visant à stimuler la demande intérieure font progresser la croissance économique et déterminent, du même coup, la réduction de ces décalages » – estime Radu Crăciun, économiste en chef de la Banque commerciale roumaine, membre du groupe Erste Bank.
Radu Crăciun: « Nous prévoyons une croissance disons médiocre, d’environ 2%. Le taux d’inflation restera faible en raison du bas niveau de la demande. Nous pouvons être fiers du taux d’endettement très bas et d’un taux de change stable. Ce qui nous manque, pourtant, c’est la dynamique, la croissance, la rapidité du changement. Et ce sont là des éléments-clés pour réduire le décalage par rapport aux autres Etats de l’Union. »
L’analyste économique Aurelian Dochia met en exergue quelque risques : « Nous avons une croissance économique, même une des plus importantes de l’UE, selon les indicateurs fournis ces derniers temps. La question qui se pose est de savoir si cette croissance est soutenable, car, malheureusement, l’économie européenne est loin d’avoir connu une relance et d’être très vigoureuse. Au niveau de l’Union, la relance est très fragile. Or, nous sommes plutôt dépendants de ce qui se passe dans l’UE et dans la zone euro et, de ce fait, à mon avis, la prudence est toujours nécessaire. Le fait que nous avons une croissance économique est une bonne chose, utiliser les opportunités est également une bonne chose. Nous l’avons constaté : par exemple, même la crise ukrainienne a engendré pour la Roumanie certains flux de capitaux. Nous devons être capables d’utiliser toutes les opportunités, sans pourtant nous faire d’illusions et croire que nous avons dépassé tous les risques. »
L’analyste économique Constantin Rudniţchi attire l’attention sur ce qui se passe dans le secteur privé : « Dans le secteur privé, les choses ne vont toujours pas comme on le souhaiterait ou comme les indicateurs macro-économiques l’indiquent. C’est que la croissance économique dont on parle souvent ne concerne pas nécessairement le secteur privé. L’économie roumaine se trouve dans une situation paradoxale, c’est ce qu’indiquent les chiffres. Le secteur dépendant du budget de l’Etat est beaucoup plus stable et même les majorations salariales sont enregistrées surtout dans ce secteur et moins dans celui privé. Cela prouve que l’économie réelle n’est pas encore fonctionnelle, les croissances macro-économiques ne se retrouvent pas dans l’économie réelle, nombre de secteurs vont mal, les affaires vont mal — soit elles n’enregistrent aucune croissance, soit cette croissance est très faible et alors les entrepreneurs font attention aux salaires qu’ils offrent à leur employés. Même si l’industrie représente globalement près de 30% du PIB, une partie seulement des industries roumaines sont performantes, enregistrant une croissance et c’est surtout le cas des compagnies exportatrices et de celles qui bénéficient d’importants secteurs du marché intérieur : sociétés actives dans le domaine énergétique, c’est-à-dire les sociétés pétrolières, de distribution du pétrole et du gaz. »
L’agence de notation Standard & Poor’s prévoit pour la Roumanie en 2015 — 2017 une croissance moyenne du PIB de 2,7%, alors que Fitch anticipe une croissance moyenne annuelle pour 2015-2016 de 3%, y compris sur la toile de fond de la relance des investissements. (Trad. : Dominique )