Les défis du secteur bancaire roumain
Le système bancaire local va enregistrer à la fin de lannée une perte de quelques 450 millions deuros...
Florin Orban, 16.12.2014, 13:07
Le secteur bancaire roumain, celui qui finance en proportion de 90% l’économie, continue de se trouver en « thérapie intensive » après six années de crise pour la raison de ne pas avoir été restructuré à temps et qu’il suppose toujours des coûts élevés et des revenus en baisse — lit-on dans une analyse de JURNALUL FINANCIAR.
Les coûts administratifs des banques, depuis les salaires des employés jusqu’aux loyers des sièges des unités en territoire, se retrouvent dans les intérêts des crédits qui, quoiquen baisse, sont encore à un niveau élevé vis-à-vis de l’intérêt de politique monétaire ajustée à 2,75%. Pendant les années de crise, un crédit sur cinq était devenu non-performant, l’infrastructure de l’industrie bancaire de Roumanie atteignant l’apogée en 2008 lorsque les réseaux territoriaux étaient parvenus à un record de presque 6600 succursales et agences où travaillaient plus de 71 500 employés.
Six ans après le début de la crise économique un cinquième de ces emplois et unités sont disparus ce qui veut dire 13 600 employés qui ont quitté le système et 1200 unités fermées. L‘effort de placer hors bilan des crédits non-performants et les autres mesures liées aux provisions voués nettoyer en général le système bancaire afin de le préparer pour l’exercice d’évaluation de la qualité des actifs de l’année prochaine ont fait que 2014 soit une année difficile pour les banques.
Le système bancaire va enregistrer à la fin de l’année une perte de plus de 2 milliards de lei (quelques 450 millions d’euros) selon les estimations du chef de la Direction Surveillance de la Banque Nationale roumaine (BNR), Nicolae Cintezà — « Le 30 septembre le système bancaire enregistrait une perte de 1,6 milliards de lei (360 millions d’euros). Il était naturel que les provisions massifs enregistrés le troisième trimestre mènent à cette perte. Et ce n’est pas fini » – déclare encore Nicolae Cintezà en précisant que le niveau des crédits non-performants a baissé d’avril à septembre 2014 de 22,3% à 15,33% tandis que le degré de couverture en provisions des crédits non-performants est de 66,22%.
Une opinion semblable à l’égard des pertes que va enregistrer le système bancaire est celle du président de l’Association Roumaine des Banques, Radu Gratian Ghetea : « Selon moi, 2014 sera une année de pertes majeures. D’ores et déjà la BNR a annoncé une perte au niveau du système général et ce que nous appelons maintenant le nettoyage des bilans n’était qu’à peine commencé.»
Les crédits au secteur privé continuent d’avoir un rythme annuel négatif en dépit de la dynamique positive des crédits en lei et le gouverneur de la BNR, Mugur Isàrescu, explique la raison pour laquelle le crédit total ne récupère pas même si le manque d’argent à la disposition des banques n’en est pas une cause : « Les banques de Roumanie ont même un excédent de liquidités maintenant, tant en lei qu’en devises fortes. Donc, ce n’est pas l’absence de l’argent qui est la raison principale du processus de ralentissement et de baisse dans le cas des crédits en devises fortes. L’évolution du crédit est liée prioritairement à toutes ces transformations structurelles, à la situation des crédits non-performants, à un certain état de manque de confiance instauré entre les banques et les clients. Nous essayons d’atténuer cet état de manque de confiance, y compris par des mesures positives de politique monétaire en assurant un climat stable du point de vue économique et financier. Donc, nous oeuvrons sur plusieurs niveaux. »
Fin octobre, la Banque Centrale Européenne (BCE) a rendus publiques les résultats des testes de stress auxquels étaient soumises 130 grandes banques européennes. Certaines des banques n’ayant pas passé le test oeuvrent à travers des banques de Roumanie. Voici la déclaration de l’analyste économique Aurelien Dochia à l’égard du système bancaire en Roumanie : « Même si des banques qui ont opéré se trouvent parmi les banques à problèmes à l’échelon européen, de Grèce, d’Italie etc., le système bancaire roumain est quand même formé par des banques qui sont indépendantes. Du point de vue des capitaux propres ainsi que du point de vue de la situation de leur bilan, elles sont indépendantes vis-à-vis des banques-mères et sont surveillées par la BNR. Donc, il n’y a pas de liaison directe ni une inquiétude directe à l’égard de la situation de ces banques car selon les données qui sont à notre disposition et qui sont centralisées par la BNR , les banques de Roumanie ont un très bon niveau de capitalisation, le niveau moyen se situant à plus de 15% en général, ce qui est beaucoup plus que la demande européenne et, pour cela, nous disons qu’il n’y aurait pas de raison d’inquiétude. La seule question qui pourrait avoir un impact sur les banques roumaines est le cas où une des banques roumaines aurait besoin d’urgence de capital supplémentaire et devrait appeler à la banque-mère pour lui fournir ce capital supplémentaire. Dans une telle situation, il serait possible qu’une des banques européennes à problèmes ne dispose pas de ce capital supplémentaire nécessaire à une banque de Roumanie. Mais, comme je disais, les banques roumaines sont bien capitalisées actuellement sans risque de nécessité subite de capital à demander aux banques-mères. »
Les banques de Roumanie seront soumises le plus probablement en octobre 2015 à un exercice d’évaluation intégrale avant l’entrée en vigueur du Mécanisme unique de surveillance institué par la BCE. (trad.: Costin Grigore)