Jean Barbat, Marcel Lecerf (France) – Les divorces en Roumanie
Combien de divorces en Roumanie?
România Internațional, 04.12.2020, 13:15
La compagnie conseil Frames a fait une étude, en se fondant sur les données de l’Institut national de la statistique. Elle indique qu’entre 1990 et 2018, le nombre des divorces a baissé, celui de 2018 étant un des plus faibles des 30 dernières années. Avec un taux de divortialité d1,5 ‰, la Roumanie se situe au milieu du classement européen dominé par la Lituanie et la Lettonie avec un taux de 3,1‰ chacune. Cela signifie en fait qu’un couple marié sur quatre divorces en Roumanie. Au pôle opposé, on retrouve Malte (0,8‰) et la Grèce (1,0‰).
Petit rappel de ce qu’Adrian Negrescu, manager de la compagnie Frames, déclarait à RRI plus tôt cette année, propos recueillis par ma collègue Christine Leşcu : « Si en 1990, la Roumanie recensait près de 33 000 divorces, en 2018, leur nombre a chuté à moins de 31 000. Même si la baisse nest pas significative, elle indique quand même un certain niveau de maturité. On fait plus attention à la relation actuelle, en essayant de mieux gérer les problèmes potentiels. Les Roumains ont appris – ou du moins, ils sont en train de le faire – comment entretenir une relation à long terme. Cela dépasse le simple fait de vivre ensemble, cela suppose daccorder davantage dattention au partenaire et à ses attentes afin de pouvoir bâtir un avenir à deux. Un autre aspect intéressant, cest lâge du divorce chez les Roumains. En 2018, la moyenne était de 43 ans chez les hommes et de 39 chez les femmes. Dans le cas des hommes, cet âge coïncide avec la soi-disant crise de la quarantaine. En ce qui concerne les femmes, je pense quil sagit de limage quelles se font delles-mêmes. Normalement, les femmes mûrissent plus vite que les hommes et cest pourquoi, dans leur jeunesse, elles prêtent plus dattention à des aspects que les hommes ignorent. Souvent, le simple fait de faire partie dun couple ne satisfait plus les femmes qui se sentent bloquées dans le rôle de femme au foyer. Du coup, elles souhaitent mettre un terme à la relation dans une tentative dobtenir plus de la vie. Ce nest pas par hasard quune telle révolte arrive vers lâge de 39 ans, quand la plupart des femmes ont atteint leur indépendance financière et de ce fait, elles remarquent que leurs attentes par rapport à lavenir diffèrent souvent de celles de lhomme quelles ont épousé dans leur jeunesse. »
Selon les données de l’Institut national de la statistique, le nombre le plus élevé de divorces est à retrouver en milieu urbain — le double par rapport à celui enregistré en milieu rural. Le nombre de femmes en âge de moins de 30 ans à avoir divorcé a été 2,4 fois plus élevé que celui des hommes de la même tranche d’âge. Après 50 ans, toutefois, le taux est inversé, 1,4 fois de plus pour les hommes de 50 à 54 ans, et plus de 1,9 fois pour les 55 ans et plus.
Qu’en est-il en 2020, une année spéciale ? Eh bien, le nombre de mariages baisse en Roumanie, alors que celui des divorces croît. Pendant la période de confinement, notamment, le nombre de divorces a explosé. Une explication possible, c’était qu’avant, on allait travailler, on se voyait moins, alors que durant le confinement, par manque d’activité, on a réexaminé les différents problèmes du passé. Selon la statistique, en août 2019, près de 2 000 divorces avaient été prononcés ; en août 2020, plus de 2 300.
En guise de conclusion : « le nombre des divorces à la hausse, tout comme l’absence de politiques publiques de soutien pour les familles divorcées, engendre une baisse de la confiance dans le mariage et aussi du sérieux de l’implication des adultes dans les familles. Si la famille, qui est la cellule de base de la société, connaît un déclin, c’est la force de la société dans son ensemble qui décline, et l’individualisme gagne de plus en plus de terrain », pense Gabriela Dumitriu, auteure d’une étude sur le phénomène de la divortialité en Roumanie.