Paul Jamet (France) – Un paysan écrivain de Roumanie
Découverte d'un talent dans un endroit inattendu
România Internațional, 23.11.2018, 12:46
Cest une histoire racontée par la presse, mais que jai trouvé fascinante, cest pourquoi je vous la propose. Il a été emprisonné par les communistes, a vendu sa terre et vit avec 400 lei (85 euros) par mois pour la liberté de la parole. Même sil dit de lui quil nest quun paysan qui a fait peu détudes, Pavel Păduraru a écrit – et publié – de nombreux livres.
Il vit dans une commune du nord de la Roumanie comme simple agriculteur. Les gens de lendroit connaissent bien son appétit pour la lecture. Il fréquente la bibliothèque communale tous les jours et lit des heures daffilée. Pavel Păduraru a fait un geste qui a laissé le monde du village médusé : il a vendu tout ce quil possédait pour faire de la littérature. Avec un talent littéraire à part, il écrit de tout, à commencer par des poésies jusquaux romans réalistes – la plupart sont des romans qui impressionnent par leur réalisme brutal. Pavel Păduraru sinspire de tout ce qui lentoure, il écrit sur sa vie telle quelle est et sur la vie des gens. Beaucoup décrivains le connaissent. Il a publié 15 livres. « LHomme-oiseau », un roman sur la vie des moines dans les monastères de lépoque communiste, est sa création la plus appréciée. Lauteur ne se considère pas un écrivain. Il dit de lui quil est un paysan passionné de littérature, un autodidacte. Il a été agriculteur toute sa vie. Fasciné par la culture, il a lu énormément, avec avidité. « Je suis un agriculteur des lettres, des mots », aime-t-il dire. Même sa vie est un sujet de roman.
A 18 ans, il écrit des vers à une jeune femme. Cest alors quil découvre que ses écrits pouvaient plaire. Malheureusement, ces vers sont considérés subversifs par la censure communiste et il passe par la case prison à 18 ans. Il refuse décrire pour la propagande, et après cet épisode, ne faisant plus confiance à personne, il cache tout ce quil écrit. Il écrit surtout pour lui et a renoncé à tout, même à sa vie privée, pour la liberté décrire. « Cette liberté de la pensée, de lécriture, personne ne peut vous la prendre », dit Pavel Păduraru.
Après 1990, la liberté de parole acquise, lauteur navait pas dargent pour publier ses écrits. Il a renoncé à tout pour la liberté décrire et de publier. Pour ses 15 livres, il a vendu ses quelques hectares de terrain et presque tout ce quil possédait. Cétait la terre de ses ancêtres, cétait dur pour lui de le faire, mais il en a gardé une petite poche quil porte sur lui à tout moment. Maintenant, il vit dune retraite dagriculteur de seulement 400 lei, léquivalent de 85 euros, mais il dit quil est heureux de pouvoir lire et écrire. Avec cette pension de retraite, il achète des livres. Voilà lhistoire contemporaine dun écrivain paysan de Roumanie.