Jacques Augustin (France) – La Roumanie accueille-t-elle les migrants ou s’y refuse-t-elle ?
Selon les quotas obligatoires de migrants fixés en septembre 2015 pour chaque Etat membre, la Roumanie devait intégrer 4180 réfugiés au total.
România Internațional, 01.09.2017, 14:13
Pour mémoire, selon les quotas obligatoires de migrants fixés en septembre 2015 pour chaque Etat membre, la Roumanie devait intégrer 4180 réfugiés au total. La Commission européenne annonçait en juin dernier que la Roumanie devait encore accueillir 3.456 réfugiés, conformément à la politique des quotas. C’est dire que la Roumanie avait reçu, jusqu’à début juillet dernier, un peu plus de 600 migrants. Le ministre roumain des Affaires étrangères a précisé que la Roumanie avait offert d’accueillir environ 2000 réfugiés des camps de Grèce et d’Italie. La Roumanie accueille donc des migrants, mais il faut voir cela dans le contexte actuel.
Pour le moment, la Roumanie est un pays de transit. Les réfugiés souhaitent arriver en Occident. Si, au début de la crise, ce pays était quelque part à l’abri des flux migratoires, fait que je m’explique par le peu de ressources mises à leur disposition, la situation a changé entre temps. Ainsi, cette année seulement, le pays a connu une hausse quintuplée de réfugiés par rapport à 2016. Une quatrième route des migrations pourrait être ouverte en mer Noire.
Il y a quelques jours, pour ne citer que cet exemple, un yacht avec 69 Irakiens, dont 29 mineurs à bord, a été repéré à proximité de la ville-port de Mangalia. L’embarcation battait pavillon turc et était conduite par des trafiquants bulgares et chypriotes. 2500 personnes ont été interpellées en train de franchir clandestinement les frontières roumaines les six premiers mois de 2017. Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, indique qu’une seule personne avait tenté d’entrer illégalement dans l’UE sur la mer Noire pendant toute l’année dernière.
Les frontières terrestres subissent aussi des assauts. Le nombre des migrants qui ont été appréhendés en train de traverser clandestinement les frontières ouest du pays a triplé en cinq mois par rapport à la même période de l’année dernière. L’eurodéputé Laurenţiu Rebega met en garde que sur le court et le moyen terme, la Roumanie ne dispose pas de la capacité économique, institutionnelle, sociale et non dernièrement culturelle pour recevoir des réfugiés. Il estime que la Roumanie a de grands problèmes pour payer ses propres citoyens à la valeur de leur travail. Et elle rencontre aussi des problèmes en matière d’éducation nationale. Malheureusement, déplore-t-il, les Roumains qui ont quitté le pays et qui le quittent sont les plus instruits et les plus qualifiés. Et d’opiner que lorsque la Roumanie saura conserver ses citoyens par des conditions décentes de vie et de travail, à peine alors, nous pourrons parler de la possibilité d’accueillir des migrants venus d’ailleurs.