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Nouari Naghmouchi (Algérie) – Les relations roumano-russes (2e partie)

Alexandr Beleavski, le correspondant de Radio Roumanie à Moscou, explique lévolution des rapports roumano-russe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et jusquà présent.

Nouari Naghmouchi (Algérie) – Les relations roumano-russes (2e partie)
Nouari Naghmouchi (Algérie) – Les relations roumano-russes (2e partie)

, 27.02.2015, 16:10


Entre 1948 et 1989, lhistoire des relations roumano-soviétiques se confond à celle des rapports entre les deux partis communistes. Une histoire de rapprochements et de mises à distance. Installé au pouvoir avec le soutien de lURSS et marionnette soviétique au début de son existence, le régime communiste de Roumanie sest finalement transformé en un régime avec une idéologie communiste – nationaliste et une politique étrangère indépendante sans prendre trop de distance par rapport aux dogmes communistes. Cest pour cela que la fronde de Bucarest, des années plus tard, na pas vraiment inquiété les Soviétiques.



Le processus de transformation de la Roumanie selon le modèle soviétique sest accompagné dune escalade des tensions entre les groupes rivaux à la tête du Parti communiste. Larbitre suprême et le seul à décider de la direction à la tête des pays placés dans la sphère dinfluence soviétique était le leader communiste russe, Joseph Staline. La Roumanie ny faisait pas exception et du coup, la principale préoccupation des dirigeants communistes roumains était dentrer dans les grâces de Staline. Pourtant, il nétait pas rare que les décisions venues de Moscou reposent sur les intérêts géopolitiques de lURSS. En plus, le dictateur soviétique voulait encourager les rivalités entre les dirigeants communistes afin dexercer un plus de contrôle sur les pays en question. Pour cela, il se servait notamment de larmée, la police, les services secrets et le parquet, à la tête desquels il plaçait des agents soviétiques. Parmi les mesures adoptées à lépoque figure notamment la mise en place de la Securitate, la police politique, lun des instruments les plus terribles du régime communiste.



Le 4 février 1948, la Roumanie et lUnion soviétique ont signé un Traité damitié, de coopération et dassistance mutuelle, un des premiers documents à la base du système collectif de sécurité du bloc communiste qui a culminé, en 1955, par la création du Pacte de Varsovie. Dans un premier temps, Staline a souhaité préserver léquilibre entre les deux factions communistes rivales, celle proche de Moscou, dite internationaliste, comportant les communistes émigrés en URSS et rentrés en Roumanie au moment de loccupation soviétique, et celle locale, regroupant les communistes autochtones. En février 1948, les deux groupes rivaux ont partagé la direction du Parti des ouvriers roumains créé suite à la fusion par absorption entre le PCR et lancien Parti social-démocrate.



Le nouveau parti était donc devenu parti unique en Roumanie, selon le modèle soviétique. Son leader – Gheorghe Gheorghiu-Dej – ancien ouvrier et détenu politique – sest vu élire à la tête de la cette nouvelle formation. Pourtant, ses prérogatives étaient limitées par le groupe rival ayant à sa tête Ana Pauker, Vasile Luca et Teohari Georgescu. Deux semaines plus tard, la Roumanie a été proclamée République populaire et un mois plus tard, elle sest vu doter de sa première constitution communiste. Ce fut là un premier pas vers la mise en place dun communisme dur en Roumanie, inspiré du modèle soviétique. Léconomie a été nationalisée, lidéologie rouge a conquis tous les domaines, les répressions en masse des opposants au régime senchaînaient.



Devenu lun des partisans les plus fervents de Staline dans son conflit contre le leader communiste yougoslave Tito, Gheorghe Gheorghiu-Dej a renforcé ses positions au sein du parti. Profitant de la campagne antisémite déclenchée par le leader russe, Dej a mis sur pied sa propre campagne dépurations et sest imposé définitivement devant le groupe rival de Ana Pauker. En plus, Dej a tiré profit de la guerre froide, en se rangeant du côté de Staline qui avait besoin plus que jamais de leaders fidèles à la tête des pays satellites de Moscou.



La mort de Staline en mars 1953 et le début de la déstalinisation en Union soviétique nont presque pas du tout affaibli les pouvoirs de Dej. A la différence dautres leaders communistes, il est arrivé à préserver son contrôle et à éliminer petit à petit ses adversaires de la scène politique. Face aux changements intervenus en URSS, Dej a commencé timidement à réduire la sphère de linfluence soviétique, en tablant pour la première fois sur le nationalisme. Il sest rapproché à lépoque du leader chinois Mao Tzedong, un adversaire de la déstalinisation. Sur le plan intérieur, Dej a adopté une série de mesures censées améliorer le niveau de vie et il a même décrété une amnistie partielle.



La Roumanie a adhéré en 1955 au Pacte de Varsovie, organisation militaire du bloc communiste, et puis, la même année, elle a commencé à tâtonner pour obtenir le retrait des troupes soviétiques de son territoire et la dissolution des « sovroms ». Créés juste après la guerre, ces « sovroms » étaient des entreprises roumano-soviétiques qui travaillaient au bénéfice de lURSS, en pillant pratiquement léconomie roumaine. Après que le leader soviétique Nikita Khrouchtchev dénonce officiellement, en 1956, les crimes de Staline, Dej refuse de suivre son exemple et déclare que la déstalinisation de la Roumanie est intervenue au moment de lécartement du pouvoir du groupe de Ana Pauker. Une fausse déclaration qui a fini par se faire accepter, en libérant Dej de toute responsabilité pour les crimes commis en cette période.



Le même année, en 1956 donc, Dej arrive à gagner la confiance de Khrouchtchev, après avoir soutenu létouffement par lURSS de la révolte anticommuniste de Hongrie. Dej rejetait les idées réformistes des communistes hongrois et craignait leur prolifération en Roumanie. Avant détouffer la révolte hongroise, la direction soviétique a adopté une déclaration pour fixer le nouveau cadre des relations entre lURSS et les pays socialistes. Moscou désignait ainsi les limites admissibles de la libéralisation des politiques internes des pays satellites, mais aussi les concessions que les Soviétiques étaient prêts à faire. La Roumanie a réagi dès le lendemain, en avançant lidée du retrait des troupes soviétiques de son territoire. Afin de démontrer à Khrouchtchev que le régime communiste nencourait aucun danger et que la situation restait sous contrôle, Dej a lancé une nouvelle campagne de représailles à ladresse de tous ceux dont il voulait se débarrasser. En 1958, les troupes soviétiques se retirent enfin de Roumanie, mais le nombre des détenus politiques sest majoré de 6400 en 1955 à 17,6 mille en 1960. La dernière vague de représailles a frappé la Roumanie en 1962 quand dans le reste du camp soviétique, la stalinisation était déjà du passé.



Le processus déloignement pacifique des communistes roumains par rapport à lURSS a reposé aussi bien sur la désoviétisation du système politique et de la société en général que sur lencouragement du nationalisme et sur la mise à profit des ressentiments de la population vis-à-vis de lannexion russe de la Bessarabie et de la Bukovine du Nord. Pourtant, par ce processus, le régime de Roumanie ne se proposait que son indépendance face à Moscou et un renforcement de son propre pouvoir sans pour contester le système en soi ou lidéologie communiste.



Sur le plan extérieur, Dej ne sest pas rallié à lURSS dans son conflit contre les Etats-Unis. Après la crise des missiles à Cuba, en 1962, qui a mené le monde au bord du conflit nucléaire, Bucarest a informé Washington quen cas de guerre russo-américaine, la Roumanie préservera sa neutralité. La même position neutre, Dej la adoptée dans le cas du conflit sino-soviétique qui avait escaladé au début des années 1960 quand Mao sétait opposé à la politique de déstalinisation menée par Khrouchtchev.



En 1963, la Roumanie a rejeté la proposition avancée par certains pays du bloc soviétiques daccepter une sorte de division internationale du travail et le statut de pays agraire au sein de lorganisation économique des pays communistes, le Comecon. A lépoque, Bucarest avait triplé le volume de ses rapports commerciaux avec les pays occidentaux, tels lAllemagne de lOuest, la France ou lItalie. Notons quen 1961, la Roumanie avait enregistré le plus grand taux de croissance économique au sein de lEurope de lEst. Du coup, Bucarest a déclaré rejeter le statut de pays agraire au sein du Comecon pour pouvoir continuer le processus dindustrialisation.



Une année plus tard, en 1964 donc, lidée de spécialiser les économies des pays socialistes a été ranimée par un économiste russe qui avançait un projet de complexe inter-étatique dans le bassin du Danube. La Roumanie a rejeté fermement le projet, surtout que les raisons nétaient pas exclusivement économiques. Bucarest a vu ce projet comme une menace à sa souveraineté et Gheorghe Gheorghiu Dej comme une attaque à ses fonctions. Les tensions ont fini par déboucher sur la signature en avril 1964, dune déclaration dindépendance du Parti des ouvriers roumains. Le prétexte était la neutralité annoncée par la Roumanie par rapport au conflit entre les deux grandes puissances communistes, la Chine et lURSS.



Tout en reconnaissance le droit de Mao à une politique indépendante, fut-elle dinspiration stalinienne, Gheorghe Gheorghiu Dej affirmait son droit à la propre politique intérieure et extérieure et tentait dobtenir le soutien de Pekin. La déclaration dindépendance signée en 1964 où la Roumanie sengageait à décider toute seule de son chemin politique a eu un impacte positif dans ses relations avec lOccident, tout en provoquant la furie de Moscou. Pour obtenir le soutien de la population, Dej a commencé une relaxation de la politique intérieure, en libérant de prison la majorité des dissidents politiques parallèlement à la poursuite du processus de déstalinisation. Lapprentissage du russe dans les écoles nest plus obligatoire, une série dinstitutions de propagande russe sont fermées, etc.



La rupture entre Bucarest et Moscou semblait donc inévitable. Et pourtant, en octobre 1964, Khrouchtchev sest vu écarté du pouvoir par un triumvirat ayant à sa tête Leonid Brejnev. Dans un premier temps, celui-ci a essayé de réparer les relations avec les pays communistes. Le 19 mars 1965, Gheorghe Gheorghiu Dej est mort des suites dun cancer pulmonaire sans désigner aucun successeur. Trois jours plus tard, le Parti des ouvriers de Roumanie a installé à sa tête le plus jeune membre de la direction communiste de Bucarest, Nicolae Ceausescu. (Auteur: Aleksandr Beleavschi, trad.: Ioana Stancescu)




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