Michel Minouflet (France) – le monastère Mihai Voda de Bucarest
Un des édifices les plus anciens de la capitale roumaine...
Ioana Stăncescu, 25.04.2014, 14:51
Erigé en 1594, du temps du prince régnant Michel le Brave, Mihai Voda en roumain, le monastère homonyme figure parmi les édifices les plus anciens de la capitale roumaine, Bucarest. Il fut tour à tour résidence princière, hôpital militaire, école de médecine pour que de nos jours il n’en reste que l’église et son clocher. Construit au XVIème siècle en haut d’une colline appelée par la suite la Colline Mihai Voda, le monastère allait devenir vers le début du XIXème siècle l’un des monastères les plus importants du pays. Il a été bâti sur les lieux d’un ancien monastère datant de 1433 qui, dit la légende, aurait abrité une icône miraculeuse. C’est d’ailleurs devant cette icône que le prince régnant Michel le Brave a prêté serment de faire construire le monastère qui allait porter son nom.
Une légende dit que Michel, avant de devenir prince de Valachie, fut accusé par le voïvode Alexandru Voda dit le Méchant d’avoir orchestré un complot afin de s’emparer du pouvoir. Par conséquent, il fut arrêté et condamné à mort par décapitation. Le jour de l’exécution, le cortège passa devant un monastère construit aux pieds de la Colline de Spirei et Michel voulut y entrer pour prier. Les gardes acceptèrent ce dernier vœu et donc le condamné jurait qu’il allait ériger une sacrée demeure si Dieu fait un miracle pour empêcher l’exécution. La légende dit que 12 boyards ont déposé une garantie en or en faveur de Michel et que le prince Alexandru Voda a accepté de lui accorder son pardon. Du coup, Michel a tenu sa promesse et a ordonné la construction du monastère connu de nos jours sous le nom de Mihai Voda.
Au XVIIe, le monastère se voit offrir différents dons de la part des voïvodes et sa beauté ne passe pas inaperçue aux yeux des étrangers qui visitent la Valachie. Les documents historiques parlent de la visite du Patriarche d’Antioche venu en terre roumaine accompagné par Paul d’Alep. Ce dernier a affirmé que le monastère était « magnifique et glorieux ». D’ailleurs, à compter de 1775, les princes régnants ont souhaité se rapprocher de Dieu et ils aménagèrent leur cour près du monastère. Malheureusement, un terrible incendie a dévoré cette nouvelle cour royale connue dans l’histoire sous le nom de la « La Cour brûlée ».
Considéré le long des siècles comme un véritable joyau d’architecture du XVIe siècle, magnifique symbole de la foi chrétienne orthodoxe figurant parmi les édifices les plus représentatifs de la capitale roumaine, le monastère Mihai Voda fut menacé de disparition à l’époque communiste. De 1977 à 1989, Ceausescu fit détruire une vingtaine des 365 églises de Bucarest dont 9 classées monuments historiques. Huit autres édifices religieux ont été translatés derrière des grands HLMs afin que les habitants de la ville ne les voient plus. Parmi eux, l’église Mihai Voda. Léglise pesant 3100 tonnes a été déplacée, à grands frais, de 250 mètres après avoir été surélevée par des vérins et posée sur des rails. Le monastère dont elle était léglise a, quant à lui, disparu.