Gilles Gautier (France) – la participation des parents à la vie de l’école
Une question fort intéressante, surtout quelle intervient à un moment où la société roumaine est bouleversée par un scandale produit dans une école bucarestoise...
Ioana Stăncescu, 31.01.2014, 14:12
C’est une question fort intéressante, surtout qu’elle intervient à un moment où la société roumaine est bouleversée par un scandale produit dans une école bucarestoise où une institutrice a été filmée en caméra cachée durant un conseil de classe quand elle demandait aux parents des élèves de l’argent en guise de cadeau à l’occasion des fêtes de fin d’année. Or, aucun des parents élus au conseil de classe n’a osé protester ouvertement. Finalement, une mère a eu le courage d’enregistrer sur son portable le discours très insolent de l’institutrice pour le poster par la suite sur un réseau de socialisation.
Pourquoi nous vous racontons tout cela ? Simplement, pour vous dire que victime de la corruption qu’elle arrive à encourager et entretenir, l’école roumaine se sert souvent des parents élus au conseil d’élèves justement pour collecter illégalement de l’argent. Concrètement, chaque année, à l’occasion, disons, de la rentrée, de Noël, Pâques ou encore de l’anniversaire de l’instituteur, de plus en plus des parents membres des conseils commencent à faire du lobby parmi les autres parents pour collecter de l’argent afin d’acheter des cadeaux ou des fleurs ou bien de l’offrir tout simplement à l’instituteur. La pratique est quasi générale dans la Roumanie post communiste qui a fait des professeurs et instituteurs l’une des catégories professionnelles les plus démunies par rapport à son niveau d’études.
Plus de 20 ans après la chute du régime Ceausescu, l’école roumaine est loin d’être gratuite. Et il ne sagit pas du montant des fournitures scolaires, mais de tout un système obscur qui encourage plus ou moins les dessous-de-table. Il est archi connu le cas des directeurs d’établissements scolaires qui prétendent des frais illégaux de la part des parents qui souhaitent inscrire leur enfant dans la classe de tel ou tel instituteur. Il est connu aussi le fait que pas mal de maisons d’édition ou de publications offrent des pots-de-vin aux directeurs pour se voir permettre l’accès dans les écoles afin de commercialiser leurs produits auprès des élèves. Or, dans ce cas, l’instituteur ou le principal fait appel souvent aux membres des conseils de parents d’élèves pour convaincre les autres parents à acheter les produits en question. Officiellement, ce conseil a un tout autre rôle : que celui des organismes similaires en France – il participe activement à la vie de l’établissement, il facilite la communication entre les parents et l’instituteur ou le principal, il tient les professeurs au courant des problèmes de la classe, il organise les activités extrascolaires.
Vous allez bien évidemment demander pourquoi les parents ne se révoltent-ils pas contre ces pratiques illégales ? Parce que la plupart d’entre eux se sont tellement habitués à offrir, tandis que la majorité des professeurs se sont tellement habitués à accepter et à attendre des cadeaux qu’au moment où un parent refuse de donner de l’argent il risque de se voir critiquer par les autres et son enfant – marginaliser par la classe. Pourtant, suite au cas de l’institutrice filmée en cachette que nous venaons d’évoquer, l’école roumaine a toutes les chances de changer un peu ses mauvaises habitudes. A l’heure actuelle, cette institutrice s’est vu suspendre le droit d’enseigner. En plus, de plus en plus de parents ont eu le courage de démasquer dernièrement des actes de corruption dans les écoles. A son tour, le ministère de tutelle a décidé de créer dans chaque établissement scolaire de Roumanie une commission chargée d’examiner de près les possibles implications des professeurs ou instituteurs dans les collectes de fonds organisées par les parents d’élèves.
Toutefois, le problème est loin d’être solutionné. Bien que les écoles soient attenantes aux municipalités et donc bénéficiaires de fonds locaux, les directeurs des établissements scolaires invoquent souvent le manque de financements pour expliquer la nécessité de collecter de l’argent auprès des parents. Une pratique tout à fait légale à condition qu’elle soit lancée par les parents, a affirmé le ministre de l’Education, Remus Pricopie. Une fois de plus, la responsabilité est passée aux parents, bien que chaque école dispose d’un financement public.