Michel Beine (Belgique) – La cité de Biertan
Au cœur de la Transylvanie, une belle cité saxone et son église, incluses depuis 1993 sur la liste du patrimoine de lUNESCO...
Ioana Stăncescu, 02.08.2013, 21:31
La première attestation documentaire du village de Biertan remonte à 1283, aux côtés des localités de Medias et de Moshna, toutes les trois étant en compétition pour devenir le centre administratif de la région. En 1397, Biertan est mentionnée dans un autre document, en tant que forteresse. Comme toute localité typiquement saxonne, elle avait une organisation urbaine, avec des maisons qui entourent la place centrale, dominée par une église de dimensions impressionnantes construite sur une colline. Mélange de style gothique et Renaissance, ce lieu de culte était défendu par 3 murs d’enceinte avec des tours et des bastions.
L’actuelle église, celle qui s’est retrouvée sur une de nos cartes QSL des années précédentes fut bâtie entre 1486 et 1524, en style gothique tardif. Cette construction monumentale est composée de 3 halles de dimensions égales. On peut y entrer par 3 portes — des côtés ouest, nord et sud. Son splendide autel est le plus grand de Roumanie et l’iconostase est composée 28 panneaux peints. Elle a été réalisée par des spécialistes de Vienne et de Nürnberg. A son tour, la chaire de l’église fut sculptée en pierre en 1500 par le maître Ulrich de Brasov. C’est pourquoi on y remarque une forte influence du style allemand du sud. On ne saurait oublier non plus la porte de la sacristie, dotée d’un système très compliqué de 19 serrures. Réalisée en 1515, elle a été primée à l’Exposition Mondiale de 1900 à Paris, étant un des meilleurs exemples de manufacture saxonne médiévale grâce à son système original, et qui fonctionne de nos jours encore.
300 années durant, soit de 1572 à 1867, Biertan a été le siège de l’Evêché évangélique. C’était donc une des forteresses paysannes saxonnes les plus importantes et les plus puissantes de Transylvanie, grâce à ses 3 rangées de murailles, ses 3 bastions et ses 6 tours. Néanmoins, au début du 18e siècle, elle fut attaquée et dévastée par les haïdouks, qui ont volé de nombreux objets de culte et des documents d’une valeur inestimable et ont profané les cryptes des évêques en cherchant des trésors. La cité de Biertan n’est pas une simple église défendue par des murailles. Une tour–mausolée se trouve du côté nord-ouest; depuis 1913, elle abrite les tombes des évêques évangéliques.
Le bastion du côté est a quant à lui une histoire plutôt amusante. Au 15e siècle on y renfermait les couples qui s’étaient disputés et voulaient se séparer pour différentes raisons. On leur laissait une seule assiette, une seule cuillère, une seule fourchette, une seule tasse et un seul lit. La plupart des couples réussissaient à trouver une solution à leurs problèmes et n’avaient plus recours à la justice.
La forteresse de Biertan disposait également d’une prison, mais la tour qui l’abritait fut démolie en 1840 pour faire place à une école. Pour arriver à l’église il faut traverser un escalier couvert en bois, long de 100 m et qui faisait la liaison avec la place centrale de la localité. Une fois montés, on arrivait devant l’église où se trouvait un grand rocher sur lequel devaient s’asseoir, chaque dimanche, les personnes qui avaient fait de mauvaises choses pendant la semaine, pour que tout le monde les voie. C’était une méthode très efficace, paraît-il, d’éduquer la communauté.