Législation contre les productions « deepfake »
Avant la fin avril, la Roumanie introduira une législation censée combattre le phénomène des hypertrucages
Daniela Budu, 12.02.2024, 12:47
La technique des « deepfake », par le biais de laquelle l’intelligence artificielle est utilisée pour créer du contenu enligne falsifié à l’intention de tromper les utilisateurs a pris de l’ampleur ces derniers temps en Roumanie aussi. Cette technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle peut servir à superposer des fichiers vidéo ou audio existants sur d’autres fichiers vidéo (par exemple changer le visage d’une personne sur une vidéo) ou audio (par exemple reproduire la voix d’une personne pour lui faire dire des choses inventées). Des images avec le président Klaus Iohannis, du ministre de l’énergie Sebastian Burduja et du gouverneur de la Banque centrale Mugur Isărescu ont déjà été utilisées d’une manière frauduleuse. Les autorités roumaines ont averti à plusieurs reprises quant aux tentatives d’arnaque en milieu virtuel par l’hyper trucage d’images et d’enregistrements.
Le ministre de la recherche, Bogdan Ivan, a précisé que des pourparlers se déroulaient déjà avec les représentants des grandes plates-formes Internet et qu’une nouvelle série de filtres seraient introduits afin de rendre encore plus difficile la publication de contenu qui utilise l’intelligence artificielle et qui ne reflète pas la réalité. Il estime qu’avant le mois d’avril, la Roumanie introduira un cadre légal avec des sanctions claires pour ceux qui ne respectent pas les règles. Les députés élaborent déjà un projet de loi à ce sujet qui prévoit des amendes allant jusqu’à 40 mille euros et même des peines allant jusqu’à deux ans de prison ferme pour ceux qui produisent et distribuent sur Internet et dans les médias du contenu profondément falsifié, sans le signaler en tant que tel, avec le message « cette production contient des contenus imaginaires ».
L’initiative législative appartient à des élus du PSD, du PNL, de l’UDMR et des minorités nationales. Le social-démocrate Robert Cazanciuc explique : « Cette loi n’interdit pas l’utilisation des deepfakes, mais affirme que désormais lorsque vous transmettez une production vidéo mystifié, vous devez mettre un avertissement, soit dans le message vidéo soit dans l’audio. » a déclaré Robert Cazanciuc.
Le président de l’Université polytechnique de Bucarest, Mihnea Costoiu, affirme qu’il faut tout simplement réglementer l’intelligence artificielle. Mihnea Costoiu: « Je crois qu’il est nécessaire de réglementer l’intelligence artificielle, mais nous devons prendre en compte le fait que toute réglementation ou du moins nombre de ces réglementations peuvent en quelque sorte barrer le développent de celle-ci. » a précisé Mihnea Costoiu.
Les principaux partis de l’Opposition affirment pourtant que le projet ne respectait pas toutes les recommandations de l’UE dans ce domaine et demandent de ré-analyser le texte dans le cadre des commissions spécialisées. Au niveau européen, les Etats de l’UE ont approuvé à l’unanimité une série de réglementations au sujet de l’intelligence artificielle, après des négociations intenses pour ce qui est de l’équilibre entre l’innovation et la sécurité. L’accord appelé AI Act, établit les première règles jamais élaborées au sujet de l’Intelligence Artificielle, qui devrait être plus sûre et qui devait respecter les droits fondamentaux au sein de l’UE.