Le dossier de la Révolution, de nouveau sur la table de la justice..
.. avec pour inculpés lancien président Ion Iliescu, ainsi que Gelu Voican Voiculescu et Iosif Rus, accusés de crimes contre lhumanité
Roxana Vasile, 26.10.2023, 10:28
Après
plusieurs ajournements, la Cour d’appel de Bucarest a rejeté toutes les
exceptions et demandes soumises par les avocats et a constaté la légalité de l’acte
d’accusation dressé par les procureurs dans le dossier de la Révolution. Par
conséquent, le Tribunal a ordonné l’ouverture du procès dans ce dossier où, 34
ans après la révolution anticommuniste, l’ancien président Ion Iliescu (soit le
premier président de la Roumanie postcommuniste), l’ancien vice-premier
ministre Gelu Voican Voiculescu ainsi que le général à la retraite Iosif Rus,
ancien chef de l’aviation militaire, sont accusés d’avoir commis des crimes
contre l’humanité, qui sont des crimes imprescriptibles. Le début de la saga du
dossier de la Révolution remonte à il y a quatre ans. Dans sa première étape,
il a été soumis au tribunal par le Parquet militaire en avril 2019, pour être renvoyé
au Parquet deux ans plus tard par les juges de la Haute Cour de Cassation et de
Justice de Roumanie, en raison des irrégularités constatées dans l’acte d’accusation.
Après
que les procureurs militaires ont refait l’acte d’accusation, l’ancienne
procureure générale de Roumanie, Gabriela Scutea, a décidé, en août 2022, de renvoyer
le dossier de la Révolution à la Cour suprême, mais, six mois plus tard, un
juge de la chambre préliminaire a décidé que la Cour suprême n’était pas
compétente pour le juger. C’est pourquoi il l’a renvoyé devant la Cour d’Appel
de Bucarest.
Rappelons
que, pendant les années 1970, l’ancien membre de la Nomenklatura communiste et principal
inculpé dans ce dossier, Ion Iliescu, était tombé dans la disgrâce du dictateur
Nicolae Ceaușescu, qui l’avait marginalisé et écarté des principales positions
politiques. Cela, jusqu’à 1989, lorsqu’il est devenu la figure politique
centrale de la Révolution anticommuniste. Il a dirigé l’Etat roumain à trois reprises :
du 22 décembre 1989 à 1992, puis en tant que président élu, de 1992 à 1996 et de
2000 à 2004.
Selon l’acte
d’accusation du dossier, pendant la Révolution, Ion Iliescu aurait
intentionnellement essayé d’obtenir une légitimité populaire, trompant l’opinion
publique à travers ses apparitions télévisées et ses communiqués. En même
temps, il aurait assumé, du 22 au 30 décembre 1989, l’opération systématique
visant à tromper l’opinion publique, une opération menée par les militaires
occupant des postes de direction au sein du Ministère de la Défense Nationale.
Ces faits auraient causé et amplifié une psychose généralisée, provoquant de
nombreuses situations tirs fratricides. Par conséquent, au cours de ces
jours-là de la fin décembre 1989, 857 personnes sont mortes, 2 382 ont été
blessées et 585 ont été détenues illégalement. Ion Iliescu, ainsi que les
autres accusés, ont déclaré être innocents. Au fil du temps, les événements de
décembre 1989 ont fait l’objet d’enquêtes pénales dans plus de 4 500 dossiers.
Dans 112 des cas, 275 personnes ont été déférées à la justice. (Trad. Andra Juganaru)