Quel budget 2024 pour la Roumanie ?
Le projet du budget 2024 de la Roumanie est presque finalisé et sera bientôt transmis au Parlement pour le vote final, attendu la semaine prochaine.
Mihai Pelin, 14.12.2023, 11:20
Un budget moderne, aux dires du gouvernement
Le projet du budget 2024 de la
Roumanie est moderne et structuré sur les priorités et les besoins actuels,
affirme le ministre des Finances, Marcel
Boloş.
Il souligne en même temps que le gouvernement se voit obligé de mener
une politique fiscale prudente. Le projet comporte néanmoins les majorations salariales
déjà annoncées par l’Exécutif – à savoir une croissance de 5 % des revenus dans
le système public, à l’exception de l’Education, qui bénéficiera, elle, d’une
majoration de 20 % répartie en 2 étapes : l’une au 1er janvier
prochain et l’autre au 1e juin. S’y ajoute une augmentation de 13,8
% des pensions de retraite et la perspective du recalcul de toutes les pensions
de retraite aux termes de la nouvelle loi. Le budget 2024 table aussi sur un
salaire moyen net de 4 733 lei (950 euros).
A part ces majorations, d’autres
mesures importantes figurent dans le projet du budget 2024. Par exemple, on
suspend l’occupation par concours des postes vacants, alors que les heures supplémentaires
seront compensées par des journées libres.
Le projet du budget de l’année
prochaine table sur une croissance économique de 3,4 %, sur un déficit de 5 %
du PIB et un taux d’inflation moyen annuel de 6 %. Selon les estimations du
gouvernement, les recettes au budget général consolidé devraient dépasser les
586 milliards de lei (118 milliards d’euros), soit 33,8 % du PIB, alors que les
dépenses ont été estimées à plus de 672,7 milliards de lei (135 milliards d’euros),
soit 38,8 % du PIB.
Moins d’avantages l’année prochaine pour plusieurs secteurs
A préciser aussi que la loi du
budget 2024 comporte la plupart des mesures du paquet fiscal et budgétaire sur
lesquelles l’Exécutif a récemment engagé sa responsabilité devant le Parlement.
Parmi elles l’on retrouve un impôt minimum sur le chiffre d’affaires, un impôt
supplémentaire pour les banques et pour les compagnies du secteur du pétrole et
du gaz, moins de facilités fiscales pour les domaines de l’IT, le BTP, l’agriculture
et l’industrie alimentaire, l’augmentation de la TVA de 5 à 19 % pour les aliments
ayant un contenu élevé de sucre mais aussi pour le transport des personnes à
des fins touristiques et de loisirs.
Moins de postes dans le secteur public
L’Exécutif envisage aussi de réduire le
nombre des postes de direction, de supprimer certaines fonctions restées
vacantes et d’accorder l’année prochaine les chèques vacances ou l’indemnité
pour la nourriture uniquement aux salariés de la fonction publique dont les
revenus nets mensuels sont inférieurs à 8 000 lei (1 600 euros). En revanche la
valeur des chèques vacances augmentera de 1 450 à 1 600 lei (320 euros) par an,
pour ne pas affecter les bénéficiaires de l’introduction de l’impôt de 10 % d’assurance
maladie sur ces chèques.
L’opposition critique le projet
De l’autre côté de la barricade, l’opposition
parlementaire de Roumanie critique ce projet de budget pour 2024. Selon l’Union
Sauvez la Roumanie (USR) et l’ultra-nationaliste l’Alliance pour l’Union des
Roumains (AUR), le déficit budgétaire dépassera les 5 % du PIB estimés. Plus
encore, les dépenses sont trop élevées et les revenus ont été calculés de manière
non réaliste, insiste le premier vice-président de l’AUR, Marius Lulea. Il attire
aussi l’attention sur le fait que les spécialistes de son parti ont estimé,
eux, un déficit de 6 % – 7 %. Enfin, l’ancienne ministre des Finances de l’USR,
Anca Dragu, table, elle, sur un déficit budgétaire de 7,2 % du PIB en 2024. Autant
de voix pour et contre ce projet du budget. (trad. Valentina Beleavski)