La majoration des pensions de retraite, aprouvée par le Sénat
Le Sénat de Bucarest a adopté en procédure accélérée la nouvelle loi des pensions de retraite.
Bogdan Matei, 15.11.2023, 12:33
Les quelque
5 millions de retraités de Roumanie comptent parmi les citoyens les plus
pauvres de l’UE, avec une pension de retraite qui approche à peine les 400
euros par mois (selon les chiffres de l’Institut national de la statistique).
En même temps, 2024 sera une véritable super-année électorale en Roumanie, car
tous les types d’élections y seront organisés : euro-parlementaire,
locale, législative et présidentielle. Ce n’est donc pas un hasard, dit la
presse, si l’actuel gouvernement de la coalition formée du PSD et du PNL a
décidé de marier justice sociale et calculs politiques et d’offrir aux
retraités des majorations substantielles de leurs revenus, juste avant de les
appeler aux urnes.
Bénéficiant
d’une majorité nette au sein du Sénat, les sociaux-démocrates et les libéraux
ont adopté mardi, en procédure accélérée et sans turbulences, la nouvelle loi
des pensions de retraite, proposée par le Gouvernement. Aux termes de ce nouvel
acte normatif, les retraités verront leurs revenus augmenter à deux reprises
l’année prochaine : l’une de 13,8 % au 1er janvier, afin de
couvrir l’inflation, l’autre au 1er septembre, d’après une nouvelle
formule de calcul.
Elliminer les inégalités de genre
La ministre du Travail, Simona Bucura-Oprescu (PSD), affirme que la
nouvelle loi permettra d’éliminer les iniquités existant actuellement entre les
pensions des hommes et des femmes et aussi entre les personnes qui ont fait le
même travail mais sont parties à la retraite à des périodes différentes. A son
tour, le sénateur social-démocrate Lucian Romaşcanu se félicite pour cette correction, précisant qu’il n’est
pas juste « d’avoir la même période de cotisation, pour le même poste et toucher
des pensions de retraite différentes ». Du côté des libéraux, le sénateur Daniel Fenechiu admet que la nouvelle loi est
perfectible, mais qu’elle est néanmoins un pas en avant. Ancien partenaire de
la coalition gouvernementale, actuellement dans l’opposition, l’Union
démocrate-magyare de Roumanie (UDMR) a voté en faveur de cet acte normatif,
saluant l’idée de recalculer les pensions de retraite.
Toujours dans
l’opposition, l’Union sauvez la Roumanie (USR) et l’Alliance pour l’Union des
Roumains (AUR) se sont abstenues du vote et ont critiqué le pouvoir pour ne pas
avoir identifié une source de financement soutenable pour les majorations
prévues. Selon le sénateur Claudiu Târziu de l’AUR, son groupe « n’a pas
voté contre la loi, puisqu’une augmentation vaut mieux que rien ».
D’ailleurs, les libéraux eux-mêmes parlaient d’un impact budgétaire de 3 % du
PIB pour la majoration des pensions de retraite, soit un niveau beaucoup plus
élevé que celui estimé initialement. Le ministre libéral des Finances,
Marcel Bolos, ajoute, lui, que la majoration des pensions de retraite est une
priorité mais aussi une responsabilité pour le gouvernement, qui doit assurer
la stabilité financière du pays.
La loi passera sans nul doute
Une fois
approuvée par le Sénat, la nouvelle loi arrive à l’agenda de la Chambre des
députés, qui en est la chambre décisionnelle. Sans nul doute elle passera tout
aussi vite par les représentants de la coalition au pouvoir, qui sont
majoritaires aussi au sein de la Chambre des députes, estiment les
commentateurs politiques. Après, il ne reste plus qu’au chef de l’Etat, Klaus
Iohannis, de promulguer l’acte normatif, alors qu’il est en train d’effectuer
une tournée assez longe en Afrique. (trad. Valentina Beleavski)