Pont aérien vers Israël
La Roumanie continue de rapatrier ses citoyens se trouvant en Israël et dans la Bande de Gaza
Bogdan Matei, 16.10.2023, 11:33
L’opinion publique
roumaine et la classe politique de Bucarest n’ont jamais été indifférentes face
à la situation au Moyen Orient. Et pour cause. Des centaines de milliers de
Juifs originaires de Roumanie et leurs descendants vivent en Israël. Certains
ont également gardé la nationalité roumaine. Dans le monde arabe, du Marghreb
au Levant, y compris dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et de
Gaza, il existe de nombreuses familles mixtes, formées en général de Roumaines mariées
avec des Arabes venus faire leurs études en Roumanie. Pour rappel, à la fin des
années 60, le régime communiste de Bucarest a été le seul derrière le Rideau
de Fer qui n’avait pas rompu les relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël,
bien que simultanément, le dictateur Nicolae Ceausescu n’ait cessé d’invoquer ce
qu’il appelait la juste cause du peuple palestinien et d’entretenir des relations
très proches avec son leader historique, Yasser Arafat. Mené par des ambitions
plutôt ridicules d’acteur-clé sur la scène internationale, Ceausescu s’était même
imaginé un médiateur de la paix entre les Juifs et les Arabes.
Ces derniers jours, les
récentes violences éclatées en Israël et dans la Bande de Gaza ont semé la
panique dans les rangs des Roumains qui s’y trouvent et ont obligé les autorités
de Bucarest de réagir rapidement afin de protéger leurs citoyens qui risquent
de se voir coincés sous les tirs croisés des deux parties en conflit. Le
premier ministre roumain Marcel Ciolacu a déclaré que les autorités étaient en
contact avec presque tous les 350 Roumains de la Bande de Gaza, des personnes à
double nationalité pour la plupart, et que jusqu’ici personne n’avait quitté ce
territoire soumis à un blocus toujours plus rigoureux par l’armée israélienne.
Pour l’instant leur vie n’est pas en danger, a précisé le premier ministre,
mais tout le monde espère qu’ils pourront retourner en Roumanie dans les plus
brefs délais.
Pour ce qui est de l’aide
accordée aux réfugiés ukrainiens d’Israël, Marcel Ciolacu a précisé que la Roumanie
en avait déjà accueilli 3 000 telles personnes, la plupart se trouvant en
transit vers d’autres pays. L’opération s’est déroulée sur demande des
institutions européennes, qui en ont aussi assuré le financement intégral. Sur
ces 3000 Ukrainiens ramenés d’Israël, seulement 48 personnes ont demandé de rester
en Roumanie. Par ailleurs, plus de 2 000 Roumains sont revenus d’Israël la semaine
dernière, ayant bénéficié de 22 courses aériennes opérées tant par la compagnie
nationale TAROM que par des société privées. Entre temps, jeudi dernier, la
TAROM a suspendu temporairement son vol régulier vers et depuis Tel Aviv,
précisant que seules le courses spéciales resteraient en place, sur demande de
la cellule de crise du ministère des AE de Bucarest. La compagnie reste en contact permanent
avec les autorités dans la gestion de cette situation. D’ailleurs, la TAROM est
une des peu nombreuses compagnies qui n’ont pas annulé leurs vols vers Tel
Aviv, suite aux attaques terroristes de l’organisation islamiste Hamas contre
Israël. Bien au contraire, le nombre des vols entre Bucarest et Tel Aviv a été doublé
entre le 7 et le 10 octobre dernier, lorsque les combats battaient déjà leur plein.
(trad. Valentina Beleavski)