Barbu Alexandru Știrbei, un des artisans de la Grande Union
Elevé et éduqué en France, Știrbei a fait bonne impression à tous ceux qui croisèrent son chemin. C'était un homme agréable, cultivé, avec un style vestimentaire très à l'anglaise.
Steliu Lambru, 26.11.2023, 11:19
La famille Știrbei était l’une des familles de boyards valaques les plus
importantes du 19e siècle. Elle a donné deux noms importants dans l’histoire
des Roumains : le prince Barbu Dimitrie Știrbei, qui régna sur la Valachie
de 1849 à 1843 et de 1854 à 1856 et son petit-fils, Barbu Alexandru Știrbei,
diplomate et homme politique. Barbu Alexandru Știrbei a fait une carrière
politique au plus haut niveau et a participé aux prises de décisions les plus
importantes de l’époque du règne du Roi Ferdinand Ier.
Le prince Știrbei est né en 1872 à Buftea, au nord – est
de Bucarest.
C’était un homme très riche et hormis le domaine de Buftea, il
possédait trois autres grandes propriétés dans les départements d’Olt, de
Teleorman et de Iasi. Il était le président de plusieurs conseils
d’administrations de grandes banques et usines tels que Steaua Română, les
Usines de Reșita et Astra. Il a été marié à sa cousine au second degré, Nadejda
Bibescu, le couple donna naissance à quatre filles. Știrbei est décédé à
Bucarest en 1946, à l’âge de 73 ans.
Elevé et éduqué en France, Știrbei a fait bonne
impression à tous ceux qui croisèrent son chemin. C’était un homme agréable,
cultivé, avec un style vestimentaire très à l’anglaise. Il s’est lié d’amitié
avec le prince héritier Ferdinand et en 1914, lorsque celui-ci devint roi, il
devint conseiller personnel du souverain. Le prince Știrbei accède aussi au
cercle intime de la reine Marie et les documents d’archive attestent qu’il
était plus qu’un ami proche.
Cătălin Strat est éditeur du
volume « I love you, my Marie. Les lettres de Barbu Știrbei à la Reine
Marie ». Il affirme que Știrbei, hormis toutes les rumeurs sur sa relation
amoureuse avec la reine, a été un véritable pilier de l’Etat roumain :« Je crois
qu’il était une sorte d’ange gardien de la dynastie de l’Etat roumain. Il a été
accusé de malversations d’un côté et de l’autre a réussit à mettre les
souverains à l’abri d’attaques. C’était un personnage très intéressant qui savait
cultiver des relations très utiles pour la politique roumaine, pour les
intérêts de la Roumanie. Véritable éminence grise de la Roumanie durant les
années difficiles de la Grande Guerre, il a mis au point les grands projets du
pays de l’époque de la guerre et après 1918 il a constitué une excellente
équipe aux côtés de Ionel Bratianu qui était aussi son beau-frère. »
L’artisan de la réforme agraire
Prince de naissance, Știrbei se rendait parfaitement
compte de sa position et des temps qu’il vivait. Durant la première guerre
mondiale, aux côtés d’Ion I. C. Brătianu, probablement l’homme politique le
plus important, il allait deviner le sens de l’histoire et principalement
l’ouverture de l’accès à la vie politique de la paysannerie. C’est lui qui mis
sur pied une nouvelle réforme agraire qui lui sera d’ailleurs très défavorable et
que le roi Ferdinand présentera aux soldats roumains qui combattaient dans les
tranchées durant la Grande Guerre. Cătălin Strat. « C’était un homme
intelligent et il savait qu’il ne pouvait pas s’opposer au sens de l’histoire.
Malgré le fait qu’il était conservateur non pas par engagement politique, même
si jeune il avait été député représentant des conservateurs, mais par opinion
personnelle, il avait des idées démocrates sur l’agriculture, sur l’industrie
et sur les finances. Il savait qu’une immobilité du modèle social-politique et
économique ancien n’était pas bénéfique au pays. Par conséquent, il a accepté
ce sacrifice que lui et ceux de sa classe sociale avait fait de renoncer à ses
grandes propriétés foncières pour les partager aux combattants de la première
guerre mondiale. Ce fut une décision que tout le monde a apprécié. On dit que
le discours prononcé à Răcăciuni par le roi Ferdinand, mais écrit par Barbu
Știrbei et par Ionel Brătianu, a donné un élan supplémentaire aux troupes
roumaines sur le font de Moldavie. »
Les textes de vulgarisation de l’histoire ont mis en
emphase la relation amoureuse entre Știrbei et la reine Marie.
« La princesse Marie s’est retrouvée à
l’âge de 17 ans envoyée dans un Etat qui venait de sortir d’un Univers oriental
et qui essayait de se frayer un chemin européen, de se moderniser rapidement.
Elle fut confiée à un prince qui n’était pas nécessairement très beau et dont
la personnalité n’était pas très affirmée non plus. Elle s’ennuyait et étant
donné qu’elle était très jeune, elle a commencé à regarder ailleurs. Il parait
que la relation avec Barbu Știrbei a été la plus importante de toutes les
relations qu’elle a eues. La société roumaine a toléré les relations extra
conjugales de la reine et a aussi toléré celle avec Barbu Știrbei. Personne n’a
eu aucune objection ou n’a dit ouvertement que les deux avaient eu une relation
amoureuse. Ce ne furent que des insinuations, des allusions et des mentions
dans les journaux personnels et notamment dans les journaux des dames
d’honneur, qui n’étaient pas du tout discrètes ou bien dans les notes des
serviteurs à la Cour qui étaient de vraies commères. »
Le volume « I love you, my Marie » contient une
partie de la correspondance entre deux amoureux des hautes sphères du pouvoir
de Bucarest et remet un nom important de la politique roumaine à la place qu’il
mérite. (Trad : Alex Diaconescu)