L’exposition « Pèlerin » de l’artiste plasticien Vlad Ciobanu
Il est un des sculpteurs roumains contemporains les plus connus, formé à lInstitut des Beaux-Arts de Bucarest, dont les œuvres ont pu être admirées à des salons et expositions personnelles et collectives, en Roumanie et à létranger.
Eugen Cojocariu, 27.01.2024, 10:30
Pèlerin, la toute dernière exposition de Vlad Ciobanu
Le début du
mois de décembre 2023 a donné lieu au vernissage d’une exposition accueillie
par la Bibliothèque municipale Bucarest (BMB), dans le cadre de l’Artothèque
BMB. Portant le titre « Pelerin / Pèlerin », l’exposition réunit les
dessins d’un des plus talentueux et appréciés artistes plasticiens
contemporains – Vlad Ciobanu. Malheureusement, ce fut sa toute dernière
exposition, car il nous a subitement quittés à l’âge de 75 ans. Il est un des
sculpteurs roumains contemporains les plus connus, formé à l’Institut des
Beaux-Arts de Bucarest, dont les œuvres ont pu être admirées à des salons et
expositions personnelles et collectives, en Roumanie et à l’étranger.
Quel concept?
Dans un de ses très probablement derniers entretiens avec les médias, le
regretté artiste plasticien Vlad Ciobanu nous a parlé du concept et du choix des créations présentées
sur les cimaises de la Bibliothèque municipale Bucarest:
Vlad Ciobanu: « J’ai exposé des ouvrages, des
dessins, principalement de deux cycles – « Pelerin/Pèlerin » et « Pământ
rugător/Terre implorante ». Vous avez pu constater que c’est un style
figuratif en quelque sorte, en ce sens que je suis parti de l’idée du pèlerin
en quête d’un but, et que, justement, cette quête et ce but le transforment et
le construisent. Lui, il devient cet enjeu, cette cible, cette quête. La terre
implorante veut dire de nombreuses bornes religieuses, consacrées, dans ce
monde. Cette terre est transfigurée du fait d’être une terre des prières,
consacrée en ce sens. Ce qui plus est, l’homme est lui-même une terre
implorante, car Adam se traduit par « terre rouge/pământul roșu ».
J’ai aussi exposé d’autres ouvrages en partant du rouge, du jaune et du bleu,
assis sur l’idée facilement décelable, d’un hommage rendu à ce pays, que nous
aimons malheureusement de moins en moins. En même temps, en matière de symbole
des représentations chromatiques, le bleu est consacré au Père, le rouge au
Fils et le jaune au Saint Esprit. Et c’est là que surgit le personnage qui se
détache de la Trinité et descend pour notre rédemption. Ces trois couleurs sont
liées ensemble et pour moi elles sont plutôt des prières. Il y existe peut-être
aussi une sorte de réflexion, mais pour moi ce sont des façons de prier. J’ai
deux autres dessins, inspirés par une Élégie de Nichita Stănescu. Nous étions
comme des frères et, puisque le 13 décembre il y a eu 90 ans depuis sa
naissance et 40 ans depuis son départ final, j’ai ressenti le besoin de
l’évoquer. »
Des projets qui, malheureusement, n’auront plus lieu
Qu’est-ce que l’année 2023 a apporté à l’artiste Vlad
Ciobanu? Et quelle est l’explication du choix de présenter exclusivement des
dessins dans l’exposition accueillie par l’Artothèque BMB?
Vald Ciobanu: « J’ai travaillé sans trop
avancer, mais les recherches sont moins visibles que les réussites. J’ai aussi
voulu montrer de la sculpture, mais j’ai voulu voir d’abord comment s’accordent
les dessins, s’ils sont en mesure de coaguler un monde, pour ramener la
sculpture après. Si les dessins allaient devenir parasitaires, je les aurais enlevés,
pour ne garder que ce qui s’inscrirait d’une façon organique dans l’exposition.
Finalement, j’ai renoncé à la sculpture, car l’exposition a tout naturellement
été fermée du 21 décembre au 7 janvier, car la salle appartient à la
Bibliothèque Sadoveanu (BMB). J’ai donc pensé que l’effort était assez important pour
une visibilité fort réduite. D’ailleurs, je referai cette exposition dans une
autre salle, on va voir, car celle-ci est plutôt petite et malheureusement
discrète, comme vous le savez. Mais, en clair, l’exposition est avant tout faite pour que moi, je puisse me rendre compte si les choses peuvent continuer dans
cette direction et si mes créations constituent un monde, un univers à part, si
elles proposent quelque chose de palpable. Et il me semble que ça peut
continuer comme ça. Alors, pour répondre à votre question, 2023 a été une bonne
année, puisque j’ai réussi à arriver à une conclusion, certes provisoire, mais
conclusion quand même. »
Puisque l’année 2024 est à son début, s’annonçant bien
chargée du point de vue du travail et des événements culturels, Vlad Ciobanu nous
a parlé de ses projets en matière d’expositions et de symposiums artistiques:
Vlad Ciobanu: « Aux
symposiums, l’on est invité. À présent, je ne fais plus commissaire
d’exposition. Pour les symposiums, on va voir… ce sera peut-être à Ploiești, je
ne sais pas… mais je prépare une exposition à Iași, à la Salle Cupola, et une
autre, grande, façon rétrospective, pour 2025 au Palais de la culture de Iași.
Moi je suis originaire de Moldavie, donc je commencer là-bas et ça va
probablement occuper presque tout mon temps. Je suis aussi en train d’écrire
deux-trois livres, mais ce n’est pas un travail systématique, parce que la
sculpture ne me laisse pas trop libre. Pour l’instant, j’ai des projets. Pourvu
que Dieu me garde en bonne santé. J’espère qu’il a encore prévu des choses pour
moi.»
Le sculpteur Vlad Ciobanu était en
train de préparer une rétrospective d’envergure pour 2025, à Iaşi (au nord-est
de la Roumanie). L’exposition sera malheureusement posthume. (Trad. Ileana
Ţăroi)