Monica Lovinescu aux éditions Casa Radio
A loccasion du centenaire de Monica Lovinescu, les éditions Casa Radio ont lancé un album dédié à la journaliste et critique littéraire devenue la plus importante voix féminine de lexil roumain.
Corina Sabău, 23.12.2023, 10:41
Une fois diplômée de la faculté de Lettres de
l’Université de Bucarest en 1946, Monica Lovinescu commence à collaborer avec
plusieurs publications culturelles. En 1947, elle obtient une bourse de l’Etat
français et s’en va à Paris, affrontant un contexte de risques. Au lendemain de
l’abdication forcée au roi Michel I, elle demande l’asile politique en France. Après
quelques années durant lesquelles elle signe la mise en scène d’une série de
spectacles d’avant-garde, en 1951 Monica Lovinescu se lance dans l’activité
radiophonique. En 1962, elle commence à collaborer avec Radio Free Europe, où
elle anime deux émissions hebdomadaires, avec une forte influence sur le grand
public et dans les milieux culturels de Roumanie : « Actualitatea
culturală românească/L’actualité culturelle roumaine » et « Teze şi
antiteze la Paris/« Thèses et Antithèses à Paris ». Monica Lovinescu
écrit aussi des articles et des études sur la littérature roumaine et
l’idéologie communiste dans de nombreuses publications: East Europe, Kontinent,
Preuves, L’Alternative, Les Cahiers de L’Est, Témoignages, La France
Catholique. L’album « MONICA LOVINESCU. Şi am ales microfonul. Interviuri
la Radio România (1993-2004)/MONICA LOVINESCU. Et j’ai choisi le micro.
Interviews à Radio Roumanie (1993-2004) », sorti aux éditions Casa Radio,
inclut un livre et deux CD.
La journaliste de Radio Roumanie Culture, Anca
Mateescu, en signe une présentation générale ainsi que les interviews gravées
sur les deux CD. Dorin-Liviu Bîtfoi, chargé de production aux éditions Casa
Radio, donne des détails sur Monica Lovinescu et l’album qui lui est consacré : « Nous pourrions dire, même
si c’est peut-être un cliché plein de vérité d’ailleurs, qu’elle est la voix de
la dignité et de la conscience libre pour les Roumains de l’exil, mais aussi,
et beaucoup, pour les Roumains du pays, qui l’écoutaient assidument à la radio. Ils le faisaient pour comprendre le
quotidien du monde libre, mais aussi pour être au courant des abus perpétrés
dans le monde fermé, le monde de Roumanie, le monde communiste. Le travail sur
ce livre m’a procuré un grand plaisir, parce qu’il est très actuel pour ceux
qui souhaitent apprendre des détails sur le passé récent et ses effets, puisque
les effets sont encore visibles de nos jours. Il est très intéressant de lire,
mais aussi d’écouter ce livre, l’album incluant également un audio-book. Les
deux CDs avec les interviews de Monica Lovinescu sont le résultat d’une
documentation et d’un esprit de suite admirables, je dirais même très rare à
cette époque-là. C’est la raison de mon admiration pour la journaliste Anca
Mateescu, pour sa ténacité. »
Pour marquer le centenaire de la naissance de Monica
Lovinescu, la Fondation Humanitas Aqua Forte et la maison d’édition Humanitas
ont proposé un exercice d’admiration avec un agenda d’événements très riche sur
l’ensemble de l’année 2023 – l’Année MONICA LOVINESCU.
L’écrivaine Ioana
Pârvulescu, présidente du jury de la première édition du Prix Monica Lovinescu,
a été présente au lancement du l’album paru aux éditions Casa Radio : « Ce petit livre a une
voix. Vous me direz que tous les
livres ont une voix. Ce qui est vrai, mais ce livre-ci contient effectivement
la voix de Monica Lovinescu. Il est né de la rencontre de deux journalistes en
accord l’une avec l’autre et je dis haut et fort mon admiration pour Anca
Mateescu. Elle est une journaliste extraordinaire, qui, en plus de préparer son
interview, pose des questions incitantes. Elle pose des questions qui prouvent
qu’elle maîtrise le sujet, qui ne vous coupent pas les ailes. Anca Mateescu a
le don de poser la question juste, la question qui stimule, et cela est aussi
évident dans ce livre. Le premier entretien de ce livre d’interviews avec
Monica Lovinescu a été réalisé lorsque Anca Mateescu avait 27 ans, sa carrière
journalistique et, comme la présentation le dit, il ne lui avait pas été facile
d’approcher Monica Lovinescu, mais elle a fini par réussir. Et le résultat en
est ce témoignage extraordinaire. Je suis sûre que la valeur de ce livre
augmentera avec chaque année qui passe. Je disais que j’ai été surtout
intéressée par l’interview où Monica Lovinescu parle de son père, Eugen Lovinescu,
qu’elle regardait comme un père, mais dont elle a aussi dû accepter l’image
publique de critique littéraire. L’interview sur le cénacle Sburătorul,
coordonné par Eugen Lovinescu, est digne de l’histoire de la littérature et je
vais probablement la recommander à mes étudiants, pour qu’ils apprennent des
informations supplémentaires sur la littérature roumaine de
l’entre-deux-guerres. »
Les dialogues avec la journaliste Anca Mateescu retracent
les moments ayant marqué le destin de Monica Lovinescu: le départ de Roumanie
et le voyage à Paris, ses débuts en tant que metteure en scène dans la capitale
française Paris, la rencontre avec le journaliste Noël Bernard, directeur du
Service roumain de Radio Free Europe, son parcours littéraire, l’assassinat de
sa mère Ecaterina Bălăcioiu-Lovinescu. Des personnalités de Roumanie et de
l’exil son également évoquées dans cet ouvrage ; parmi elles, le père, le
critique littéraire Eugen Lovinescu, Ion Barbu, Camil Petrescu, Dan Petraşincu, Eugène Ionesco,
Stéphane Lupascu, Emil Cioran, Ion Negoiţescu, Ion Omescu. (Trad. Ileana Ţăroi)