L’exposition de sculpture « Andezit 10 »
Lidée de cette exposition est née lors dun symposium de sculpture monumentale Via Transilvanica.
Eugen Cojocariu, 02.12.2023, 10:35
La galerie
d’art Simeza de Bucarest a accueilli au mois de novembre l’exposition de groupe
itinérante « Andezit 10 ». La présentation dans la capitale roumaine
est en fait la dernière étape d’un périple, à travers la Roumanie, des
créations de dix artistes visuels reconnus. Les sujets sont groupés autour du
thème central « Via Transilvanica – La route qui unit », faisant
référence au trajet touristique de 1.400 kilomètres qui traverse la Roumanie,
depuis le monastère de Putna (dans la province de Moldavie, au nord-est) à la
ville de Drobeta-Turnu Severin (au sud-ouest du pays). Certaines des bornes
kilométriques sur le trajet sont réalisées en andésite (une roche magmatique
produite par l’éruption d’un volcan).
Lors du vernissage, le sculpteur et
initiateur du projet, Maxim Dumitraș, a expliqué comment l’exposition
accueillie par la galerie Simeza est née et comment le groupe d’artistes s’est
formé: « L’idée
de cette exposition est née lors d’un symposium de sculpture monumentale Via
Transilvanica, quand chaque artiste a réalisé cinq ou six bornes kilométriques.
Or, tous les dix avaient participé à ce symposium. Nous avons choisi l’andésite
comme matériau et chacun de nous a proposé des projets personnels, qui, je
pense, vont acquérir aussi une dimension monumentale avec le temps. Moi, j’ai
rassemblé l’équipe sur la base de ce travail sur l’andésite, qui est une roche
très dure, plus dure que le granite. Il fallait, tout naturellement, de
l’expérience pour travailler ce matériau et l’on est passé à la sélection des
artistes. Chacun a donc réalisé 6 bornes, sur un projet personnel. L’exposition
a été présentée au Musée d’art comparé de Sângeorz-Băi, à Baia Mare, à Sighetu
Marmației, à Bacău, à Iași et maintenant le cycle d’une année prend fin à la
galerie Simeza de Bucarest. Les pièces, nous les avons travaillées sur la
colline de Via Transilvanica, pour les exposer ensuite le long du trajet. La
réalisation de l’exposition a toujours pris en compte la salle allouée. »
Maxim
Dumitraș a ensuite parlé du travail de l’andésite, une roche dure, difficile à dompter: « C’est une
technique particulière, qui emploie des disques spéciaux, parce qu’on ne peut
pas jouer avec certains matériaux. La roche est très dure, mais quand la
sculpture est finie, c’est fantastique. Je l’ai utilisée pour la première fois
dans le circuit des sculptures il y a une dizaine d’années ; on a aussi
beaucoup travaillé lors des symposiums. Cette roche résiste bien au passage du
temps, aux intempéries. Ce qui est également intéressant c’est qu’on peut
l’utiliser de la structure du gri jusqu’à celle sur-façonnée, qui rappelle le
verre. »
L’artiste
visuel Bogdan Pelmuș, dont plusieurs créations sont présentées à la galerie
Simeza, a parlé de sa participation au projet « Andezit 10 »: « Moi, je n’ai
pas fait des études de sculpture, en fait j’ai étudié la peinture, mais j’ai
trouvé intéressant de travailler sur un objet. Personnellement, je travaille
sur un objet, sur la vidéo et d’autres médias. Et puis, le matériau, je l’ai
aussi trouvé très intéressant, parce qu’il est très dur, très lourd, pouvant
mener à un résultat final contraire de ce qu’on a cherché. Tout dépend de
comment on joue avec lui. »
Quels sont
les ouvrages de Bogdan Pelmuș exposés à la galerie Simeza? « Ce sont deux pièces intitulées « Zbor/L’envol »
et deux dessins, qui s’approchent d’une certaine manière de l’idée de dualité,
de recherche intérieure, de trésor, d’enfance. Comment, en tant qu’adulte,
peut-on faire ressortir des idées de son être le plus profond. »
Présent au
vernissage, le président de l’Union des Artistes plasticiens (UAP), Petru
Lucaci, a déclaré, à son tour: « C’est magnifique tout ce qui se passe ici. Le fait
d’assister à un tel déploiement de forces est un défi pour les sculpteurs et
pour nous, car nous pouvons parler même de force. L’andésite est une roche très
dure. J’ai regardé les sculpteurs lors des symposiums et j’avoue avoir été
impressionné par le type d’effort qu’ils assument afin d’identifier dans le
bloc de pierre une image, une idée, une forme, un message. Les ouvrages sont
intéressants, le groupe est homogène, mais nous pouvons y identifier de
nombreuses personnalités différentes, car il s’agit d’artistes aguerris, avec
une grande expérience du travail dans des colonies artistiques et avec de tels
matériaux. Celui-ci est inédit, et sa force d’expression est très particulière.
Nous avons l’habitude des colonies de pierre blanche de Viștea, avec un
calcaire plus délicat, plus malléable, plus facile à dompter. L’andésite est
tout le contraire, un défi extraordinaire avec un effet frappant. »
Petru Lucaci
a ensuite abordé le concept du projet, dont les commissaires sont les artistes eux-mêmes: « Je trouve
que l’exposition a de la logique et de la force, elle est aussi unitaire, car
ceux, qui s’y sont associés, se connaissent très bien les uns les autres,
savent quel est leur potentiel individuel et celui du matériau employé. Et je
crois qu’ils ont trouvé la meilleure formule de mettre en œuvre leurs idées. »
Quel est le
bilan sur 2023 de l’UAP? Qu’est-ce que l’Union prépare à l’intention du public?
Le président Petru Lucaci répond: « Pour l’instant, nous essayons de dresser le bilan du Salon
national d’art contemporain, un événement d’envergure selon moi. Il a été
accueilli dans quinze espaces différents, dont certains de grandes dimensions,
par exemple les huit galeries d’exposition aménagées dans les anciennes salles
de production du Combinat du fonds des plasticiens, qui s’est transformé en un
hub culturel. Très probablement, le plus grand de Roumanie, où se passent des
choses extraordinaires, que les galeries de la ville, de moindres dimensions,
ne peuvent héberger. Le tout nouveau siège de l’UAP a aussi une galerie d’art
au rez-de-chaussée et l’exposition mise en page là-bas, nous essayons de la
montrer au plus grand nombre dans un contexte plus officiel, au moment de
l’inauguration du bâtiment. C’est pour la première fois que l’Union a sa propre
maison, pour ainsi dire, et ça c’est extrêmement important. », a conclu le président de l’Union
des Artistes plasticiens (UAP), Petru Lucaci. (Trad. Ileana Ţăroi)