« Mammalia », un drame surréaliste
Son protagoniste, István Téglás avoue que le rôle de Camil a été l'un des plus difficiles de sa carrière.
Eugen Cojocariu, 21.10.2023, 05:09
Le drame surréaliste «Mammalia », réalisé par Sebastian
Mihailescu a été présenté pour la première fois dans le cadre de la section
Forum de la 73e édition du Festival international du film de Berlin et il est
désormais projeté dans les salles de cinéma de Roumanie. Ce film a été projeté
en avant-première nationale à Cluj dans le cadre du Festival international du
Film Transilvania TIFF. La production a été sélectionnée aussi au Festival du
Film d’Uruguay et a été incluse dans la compétition SMART7, un programme
itinérant qui met l’accent sur des voix novatrices et qui repose sur sept
festivals prestigieux. « Mammalia » a été présenté également à Kino Pavasaris à
Vilnius (en Lituanie) et IndieLisboa (au Portugal). « Mammalia » (une
coproduction Roumanie, Allemagne, Pologne) est un voyage surréaliste à travers
la crise de la masculinité, écrite par Sebastian Mihăilescu et Andrei Epure.
Le film mélange le drame au mystère et à la comédie.
Sebastian Mihăilescu a évoqué au micro de RRI
la manière dont il est arrivé à réaliser le film, le type de cinéma dans lequel
s’inscrit « Mammalia », la compétition SMART7 et l’itinéraire international du
film. « Pour
ce qui est de la démarche, j’ai essayé de m’approcher d’un cinéma poétique. Un
cinéma poétique qui utilise pleinement les moyens du cinéma, évidemment : le
montage, le temps, la lumière et c’est pourquoi j’ai appréhendé la pellicule
comme un environnement analogique. J’ai probablement choisi cette approche
aussi parce que j’ai peur du temps. C’est mon combat avec le temps, avec ma
peur du temps, des choses que j’ai également dit dans les sessions de
questions-réponses. Au sujet de SMART7, il est vrai, c’est la première fois
qu’un film roumain est sélectionné dans ce circuit. Ce mois-ci, le film sera
projeté à deux reprises à Reykjavík, et je serai sans nul doute présent à l’une
de ces projections. Le film sera aussi projeté à Salonique. Et pour évoquer le temps,
pour moi, le cinéma est ma deuxième carrière, que j’ai commencée à 27 ans.
Avant de faire du cinéma, j’ai été ingénieur informatique. Cette année, j’ai
fêté mon 40e anniversaire et je crois que c’est un moment important pour toute
personne. Je n’étais pas épanoui et c’est pourquoi j’ai abandonné ma carrière
d’informaticien. Initialement, je voulais devenir peintre, je n’ai pas eu ce
courage, puis j’ai voulu devenir architecte, et là à nouveau je n’ai pas eu le
courage. C’est ainsi que j’ai atterri à l’Université Polytechnique, mais
parallèlement je me suis occupé du design, j’ai continué à peindre et à faire
de l’art de rue. Mais le désir de m’exprimer par l’art a toujours été présent
chez moi. J’ai essayé de l’exprimer comme j’ai pu et le film lie toutes ces aptitudes.
Ma passion pour la littérature, pour la peinture, pour l’image et pour la
photographie. »
István Téglás joue le rôle
de Camil, un homme de 39 ans qui se lance dans un voyage onirique dans lequel
la banalité et le fantastique s’entremêlent.
Une fois perdu le contrôle sur son
travail, sur son statut social et sur sa relation amoureuse, Camil se lance
dans une quête de soi et finit par remettre en question son identité et sa
masculinité. En suivant sa partenaire, il arrive au sein d’une étrange
communauté, avec des rituels troublants, dans laquelle il arrive finalement à
se confronter à un renversement tragicomique de rôles.
Le rôle de Camil, un des plus difficiles
« Ca
a très difficile pour moi et j’ai souvent été très agité. Cette manière de
travailler un film, lorsqu’on ne sait jamais ce qui va se passer, peut provoquer
toute sorte d’états d’âme. Qui plus est, après plusieurs jours de travail, on
commence à fatiguer lorsqu’on doit tourner quotidiennement, parfois en
commençant à 5 heures du matin par
exemple. Mais j’ai essayé de me concentrer, d’être présent, c’était l’aspect le
plus important et je crois que j’ai réussi. Certes, ça a été un rôle très
difficile aussi du point de vue physique et je le dis même si je suis habitué à
ce genre de travail, j’ai joué des rôles difficiles aussi dans des spectacles
de théâtre. J’étais entraîné, préparé en ce sens, mais les défis ont également
été assez nombreux. Par exemple, j’ai dû entrer dans l’eau dehors à la fin
octobre, lorsqu’il faisait froid. Dans de telle conditions le costume de
scaphandre peut aider jusqu’à un certain point, après quoi il ne reste qu’à
résister. « Mammalia » est une sorte de film dans le cadre duquel le
réalisateur m’a offert une liberté totale, mais aussi une sorte de direction,
parce que les situations que je devais interpréter étaient claires. C’est pourquoi
je ne me suis jamais senti perdu. » István Téglás
L’acteur a également évoqué sa collaboration à Mammalia
avec des acteurs non-professionnels. « Généralement,
j’aime travailler avec des gens qui n’ont pas de diplôme parce qu’il me semble
qu’ils sont plus ouverts que les acteurs professionnels. Je le savais depuis
longtemps. J’ai souhaité travailler avec des acteurs amateurs et voilà que ce
rêve s’est réalisé. Nous nous sommes très bien entendus et dans les séquences
en question, je me suis en quelque sorte laissé diriger par eux, au lieu de les
conduire moi-même. Et j’ai beaucoup aimé cette situation, même si généralement
en tant qu’acteur il n’est pas facile de le faire. Le plus souvent, on
veut ou on est tenté de prendre les choses en main. Mais l’expérience de
Mammalia s’est très bien déroulée. »
Hormis István Téglás, la distribution du film inclut
aussi Mălina Manovici, Denisa Nicolae, Steliana Bălăcianu, Rolando Matsangos,
Mirela Crețan, Andreea Gheorghe, Mircea Bujoreanu, Marian Pîrvu, Dan Zarug
Mihai et Elena Chingălată. (trad. Alex Diaconescu)