Space X et l’avenir de l’humanité
Depuis quelques dernières décennies le monde assiste à une véritable révolution en matière spatiale, deux noms se détachant du lot : l'entreprise SpaceX, fondée en 2002 par Elon Musk, et le programme Artemis de la NASA.
Corina Cristea, 21.12.2023, 18:20
Une véritable révolution en matière spatiale
Depuis quelques dernières
décennies le monde assiste à une véritable révolution en matière spatiale, deux
noms se détachant du lot : l’entreprise SpaceX, fondée en 2002 par Elon
Musk, et le programme Artemis de la NASA. En effet, SpaceX s’est imposée en peu
de temps comme un joueur clé en matière de lanceurs, tablant sur une
amélioration conséquente dans la gestion de processus et la réduction des
coûts, notamment grâce à l’emploi des fusées réutilisables.
SpaceX, joueur clé en matière de lanceurs
Dès 2005, SpaceX
planche sur la production de son premier lanceur, Falcon 1, capable de placer,
selon son constructeur, 670 kg en orbite basse. La société travaille depuis
2011 à la conception d’un nouveau moteur baptisé Raptor. Initialement, celui-ci
doit utiliser un mélange hydrogène-oxygène liquide, mais fin 2012 le dirigeant
de SpaceX indique que le moteur, destiné à propulser un étage supérieur,
brûlera un mélange méthane/oxygène liquide (LOX). Ce moteur est destiné à
propulser le lanceur super-lourd Starship, développé à partir de 2016,
entièrement réutilisable, et capable d’importer 100 tonnes en orbite basse,
puis 150 tonnes lorsque optimisé. La navette est dotée de deux étages, le
premier censé propulser le véhicule dans l’espace, le second se comportant
comme une navette spatiale autonome, capable d’emporter un équipage humain.
Starship : premier vol, le 20 avril 2023
Le
premier vol d’essai au complet de Starship a eu lieu le 20 avril 2023 et s’est
soldé par un échec partiel. Selon les chiffres affichés, le lanceur a culminé
sur sa lancée à 39 km d’altitude, avant de redescendre et d’exploser à 29 km
après un peu moins de 4 minutes de vol. Le deuxième vol d’essai, réalisé le 18
novembre passé, a vu un fonctionnement en apparence normal des 33 propulseurs
du premier étage Super Heavy, détruit après la séparation. Le deuxième étage a
dépassé les 140 km d’altitude avant une perte de contact.
Invité sur les ondes
de Radio Roumanie, le chercheur Claudiu Tănăselia fait le bilan du dernier vol en
date de la navette Starship :
« J’aimerais
pour ma part conclure à un test réussi, même s’ils n’ont pas réussi à atteindre
l’ensemble des objectifs fixés. La navette n’avait pas atteint la vitesse
orbitale, n’est pas parvenue à faire le tour de la Terre et survoler le Hawaï,
ainsi qu’il était prévu. De ce point de vue donc l’on pourrait conclure à un
échec. D’un autre côté, ce test s’inscrit dans la philosophie de l’entreprise
américaine : essayer, casser et progresser… tant qu’on est en phase de
développement bien entendu. La navette s’est maintenue en vol plus longtemps
que lors du premier essai, l’ascension de Starship poussé par le Super Heavy
était bien plus conformes aux attentes. Une amélioration du pas de tir, aucun arrêt
des 33 propulseurs Raptor ni d’éléments éjectés depuis la baie des moteurs
n’ont été aperçus, ce qui confirme l’amélioration de la conception des
propulseurs. Et ce n’est pas peu de chose que d’avoir 33 propulseurs qui
fonctionnent de concert près de 8 minutes. D’un autre côté, le premier étage a
explosé après la séparation, tout comme le second. Il reste donc quelques
points d’interrogation. Mais moins qu’après le test d’avril, lorsque le
lancement avait ébranlé le pas de tir, et lorsque plusieurs propulseurs ont mal
fonctionné, probablement à cause des chocs subis pendant le lancement. Pour ma
part, je vous le disais, j’apprécie le test comme un succès, même si le vol
n’est pas arrivé à son terme ».
Et
même si la navette n’a pas atteint l’orbite terrestre, ajoute Claudiu Tănăselia, elle est quand même parvenue à
dépasser 100 km d’altitude, allant donc plus loin que les navettes soviétiques
des années 60-70, époque où l’URSS tentaient de rattraper les Américains dans
la course spatiale.
Artemis : objectif -a mener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025
Claudiu Tănăselia : «
Maintenant, le souci qu’il y a, je crois, c’est le timing. Evidemment, l’on
parle d’une industrie de pointe, de ressources financières et humaines
considérables qui sont impliquées. Mais la réussite du programme Artemis, dont
l’objectif est d’amener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025, soit dans
deux ans, dépend étroitement de la réussite de Starship. Or, cette navette
n’est même parvenue à se mettre sur l’orbite terrestre, alors qu’elle est
censée être mise sur cette orbite, à partir de laquelle elle devrait
réalimenter la navette censée alunir et la renvoyer vers l’orbite lunaire. Il
est à se demander si SpaceX parvienne à brûler les étapes pour s’avérer fin
prête en 2025. Il est plus probable à ce que le vol vers la Lune soit remis à
plus tard, vers 2030 probablement. C’est mon estimation personnelle, compte
tenu de l’état du programme de la navette Starship, mais aussi de l’état de
développement des costumes des astronautes censés alunir et des autres éléments
nécessaires à cette mission. »
La lune, pas avant 2030
Selon
Claudiu Tănăselia, l’homme ne remettra pas le pied sur la lune avant 2030. Et
la question se pose encore qui sera ce premier humain… Un Américain ou un
Chinois ? Parce que la Chine prépare elle aussi une mission similaire
prévue avoir lieu dans la même période. Et cette fois-ci, l’objectif n’est plus
juste d’atteindre la Lune pour y enfoncer son drapeau, mais d’établir des bases
permanentes, d’utiliser les ressources du sous-sol lunaire pour alimenter les
futures imprimantes 3D. Autrement dit : apprendre à vivre sur notre
satellite naturel, avant d’aller à la conquête de Mars. Une conquête qui, selon
le chercheur roumain, ne devrait pas avoir lieu avant 2040, voire 2050. (Trad.
Ionut Jugureanu)