La nouvelle vague d’élargissement de l’UE dans les starting-blocks
Clin d'oeil sur l'Ukraine et la République de Moldova - pays candidats à l'adhésion à l'UE
Corina Cristea, 08.12.2023, 01:58
L’Ukraine et la République de Moldova – pays candidats à l’adhésion à l’UE
Pays candidats depuis l’été
dernier à l’adhésion à l’UE, l’Ukraine et la République de Moldova viennent de
recevoir début novembre passé l’aval de la Commission européenne pour démarrer
les négociations. La nouvelle, accueillie avec joie par les dirigeants
prooccidentaux de ces deux anciens Etats soviétiques, ne fait pourtant qu’ouvrir
le long chemin de croix du processus d’intégration. Le premier test devrait
être passé à mi-décembre, lorsque le Conseil européen devrait à son tour se
prononcer, à l’unanimité, sur la question, sur base de l’avis remis antérieurement
par la Commission.
Certains Etats membres, telle la Hongrie, avaient pourtant d’ores
et déjà exprimé leurs réserves. Ensuite, au mois de mars 2024, la Commission
européenne remettra un premier rapport de parcours qui comptabilisera les
progrès enregistrés par les deux Etats. Pour ce qui est de l’Ukraine, elle
devrait résoudre les questions qui font état d’une corruption endémique, et améliorer
la protection de ses minorités. La question de la corruption se pose également en
république de Moldova, qui devrait par ailleurs améliorer l’état de ses
réglementations financières.
Volodymyr
Zelensky : « L’Ukraine sera demain dans l’UE. Nous allons y parvenir grâce à l’effort de transformation que
nous allons y déployer, une transformation qui demeure certainement dans l’intérêt
du peuple ukrainien. Pour nous, l’UE représente un havre de paix et de
stabilité économique et sociale. Pour l’UE, l’Ukraine constitue un atout qui la
rendra plus forte. »
Quant à la présidente Maia Sandu, elle n’y va pas non
plus par quatre chemins.
Maia Sandu : « La décision prise par la Commission
européenne est encourageante et nous pousse à poursuivre dans cette voie :
faire de la république de Moldova un Etat responsable, qui contribue à la
sécurité régionale et qui protège ses citoyens. Le chemin sur lequel nous nous
sommes engagés est semé d’embûches. Mais cela ne nous effraie pas. Notre
objectif est l’adhésion à l’UE avant 2030 ».
Mais l’objectif de la
présidence moldave est pour le moins ambitieux.
Adrian Cioroianu, ancien
ministre roumain des Affaires étrangères, explique :
« Il s’agit d’un objectif,
pas d’une date butoir. Mais d’un autre côté, fixer une date limite c’est une
manière d’offrir un horizon raisonnable. Car, regardez un peu de plus près les
difficultés en matière de politique intérieure avec lesquelles la république de
Moldova est confrontée. Regardez un peu du côté de la Serbie et des difficultés
qu’elle a toujours dans sa relation avec le Kosovo. Il faut offrir à ces pays
un objectif atteignable dans un horizon raisonnable. Démarrer le processus d’adhésion
n’est au fond qu’une manière de montrer une volonté et une promesse commune,
réciproque. L’UE a besoin de ces Etats en son sein, mais il faut encore que ces
Etats intègrent leur besoin des normes et des valeurs européennes. Et il est
certain que nous souhaitons qu’à l’issue de ce processus, l’on soit plutôt
semblables que dissemblables. Certes, des différences demeurent même à l’intérieur
de l’UE, mais il faut bâtir l’Europe sur un socle de valeurs communes,
partagées par nous tous. »
Les choses ne seront pas faciles pour Kiev
Les
recommandations issues par la Commission de
Venise se trouvent en tête de la liste des objectifs que l’Ukraine devrait atteindre
au plus vite. Le journaliste Marin Gherman, directeur de l’Institut d’études
politiques et du capital social de Cernăuți souligne :
« Voyez-vous, les choses ne
seront pas faciles pour Kiev, en particulier la mise en œuvre des modifications
de la législation relative au droit des minorités. Il existe une opposition
marquée au niveau du parlement ukrainien, car cette question est analysée à l’aune
de la guerre avec la Russie. Et lorsque l’on pose la question du droit des
minorités, les Ukrainiens pensent tout de suite aux Russes, aux velléités de
russification, à la guerre. Sortir de ce paradigme ne sera pas chose aisée. »
En sus de cela, l’Ukraine a
besoin d’une reforme de ses services de sécurité et d’une accélération de sa
lutte contre la corruption, ajoute Marin Gherman.
Il y a aussi la question de la Transnistrie
Il y a enfin la question de la Transnistrie,
cette région séparatiste qui échappe au contrôle de Chișinău. L’analyse de Iulian Groza, directeur exécutif de l’Institut des
politiques et des réformes européennes de Chișinău :
« Lors
de la conclusion de l’Accord d’association entre la république de Moldova et l’UE,
il avait été convenu à ce que cet accord produise ses effets sur l’intégralité
du territoire national. Le volet commercial, qui constituait la partie essentielle
de l’Accord, n’est entré en vigueur que deux années plus tard. Et grâce à cet
Accord, la Transnistrie est aujourd’hui bien mieux ancrée à l’espace européen,
et cela constitue un élément de stabilité pour la région dans le contexte de la
guerre en Ukraine et pour donner le change à l’influence qu’exerce la Russie en
Transnistrie. »
L’évaluation
réalisée par la Commission européenne en 2023 comprend par ailleurs une analyse
détaillée de l’état actuel des pays candidats et des progrès enregistrés
dernièrement dans la voie européenne dans laquelle ils s’étaient engagés. (Trad Ionut Jugureanu)