Le cyclotourisme en Roumanie
Un nouveau moyen de découvrir le pays, qui séduit les touristes étrangers
Daniel Onea, 09.11.2023, 11:12
Le cyclotourisme n’a cessé de se développer ces dernières
années en Roumanie. De nouvelles pistes cyclables ont été créées, ce qui a fait
augmenter le nombre des touristes qui choisissent de visiter la Roumanie en
deux roues. Leur voyage s’avère à chaque fois une incursion dans l’univers
rural roumain, parsemé d’attractions touristiques importantes.
Au vue de la demande croissante pour ce type de tourisme,
des agences ciblant exclusivement les visites guidées à vélo ont vu le jour en la
Roumanie.
Notre invité d’aujourd’hui, Ionuț Maftei, est lui même à la tête
d’une telle agence. Il avoue qu’au début, sa décision de promouvoir exclusivement
le cyclotourisme a été reçue avec scepticisme. Mais les statistiques n’ont fait
que confirmer que de plus en plus de Roumains se sont procurés une bicyclette
et se sont mis à pédaler sur les routes, en montagne, sur les sentiers moins
connus aussi. Sortir à vélo des sentiers battus en Roumanie, cela attire de
plus en plus de touristes étrangers, constate Ionuț Maftei: « Normalement notre agence organisait des
groupes de 6 à 12 personnes. Mais on s’est vite rendu compte que la Roumanie
était un petit paradis pour le cyclotourisme. En fait, il s’agit d’un tourisme
de niche appelé en anglais « gravel cycling » (« le gravel » en
français), qui consiste à pédaler sur les routes non pavées. Statistiquement
parlant, la moitié des routes de Roumanie ne sont pas pavées, donc où que l’on
aille, on trouve ce type de chemin. En fait, chez nous, c’est plutôt l’infrastructure
qui pose problème. Puisqu’il est difficile de trouver un endroit qui puisse
héberger une cinquantaine de personnes dans les villages et les forêts où nous
pédalons. Plus encore, la plupart de nos invités souhaitent se loger dans une
chambre simple. Il faut donc encore améliorer cet aspect (de l’hébergement).
Par ailleurs, il est très agréable de voir notre groupe de touristes occuper
tout un village. Bien que ce soit logistiquement difficile, nous sommes heureux
d’avoir réussi à le faire. »
Autre petit bémol du cyclotourisme ou du gravel – il
dépend largement de la météo, alors que les journées avec des conditions
optimales pour pédaler sont plus nombreuses au printemps et en automne. Et bien
que ce ne soit pas une activité facile à pratiquer en toute saison, il est tout
de même possible de faire du cyclotourisme tout au long de l’année, y compris
durant la saison froide. Et ce grâce aux vélos et aux équipements modernes,
explique notre invité. Il précise aussi que ce n’est pas sur le sport que l’on met
l’accent lors d’un tel séjout. Ionuț Maftei : « Nos excursions se distinguent moins par leur
côté sportif que par leur côté touristique. L’idée principale est de rendre
visite aux gens des environs, voir comment ils vivent, voir des choses que l’on
ne peut plus voir en Europe, ni ailleurs. Le monde devrait savoir qui nous
sommes, nous les Roumains, puisque souvent, les touristes que nous accueillons
connaissent une seule chose sur la Roumanie : qu’elle se trouve en Europe.
Ils ne connaissent rien des régions, ni des habitants. Alors, au cours des 6 ou
10 jours de leur séjour, nous voulons leur expliquer le mieux possible la vie de
chez nous, pour qu’ils rentrent chez eux avec une vision plus claire du pays.
En retour, les habitants comprennent très bien cette forme de tourisme et ne
sont pas étonnés de nous voir. D’ailleurs, l’infrastructure s’est développée
davantage dans la zone des églises fortifiées de Transylvanie, par exemple. A Sighişoara
aussi. Nous avons constaté l’ouverture des gens envers ce type d’activité et
nous nous en réjouissons. »
Le plus jeune participant des visites guidées à vélo
organisées par notre invité n’avait que 3 mois.
C’était sa grand-mère qui
l’avait emmené. Lorsque ce genre de situation se présente, les organisateurs
peuvent alors offrir aux touristes des programmes supplémentaires ou alternatifs.
Le cas échéant, on fait appel à une voiture pour se déplacer plus loin, comme par
exemple dans le Maramures, dans le nord de la Roumanie. Cette région ne cesse
de charmer les touristes par sa nature, ses nombreuses attractions touristiques,
ses traditions anciennes et sa cuisine. Il en va de même pour la Bucovine, elle
aussi dans le nord. De son côté, la Transylvanie se démarque par des services de
meilleure qualité.
Mais comment se déroule concrètement, une visite à vélo à
travers la Roumanie ? Ionuț Maftei, directeur d’une agence spécialisée
dans ce type de tourisme à deux roues, explique :
« Théoriquement,
les tours commencent à Bucarest parce que la majorité des touristes arrivent en
Roumanie dans la Capitale. Nous offrons la possibilité de visiter la ville
soit au début, soit à la fin du séjour. Nous proposons un itinéraire de
découverte de la ville à vélo de quelques heures et c’est très important pour
eux, surtout que Bucarest ne ressemble pas au reste de la Roumanie. Il y a deux
images assez différentes pour eux. Ensuite nous nous rendons en Transylvanie. Dans
cette région, les itinéraires suivent des routes secondaires ou des routes à
travers la forêt. Parfois, nous utilisons aussi ce que nous appelons les
« single trails », c’est-à-dire de routes spéciales pour les vélos,
sur des sentiers aménagés pour les deux roues, à travers les bois. C’est très
beau. Pour nous, le luxe est dans la forêt. Si quelqu’un cherche le luxe dans
nos itinéraires, c’est là qu’il le trouve, parce que c’est là que se trouvent
les animaux et les plantes, et tout ce qu’il y a de plus beau dans nos séjours.
Evidemment, de temps en temps, nous nous arrêtons pour visiter soit des atelirs
artisans, soit des endroits de grande importance historique, des sites
culturels, architecturaux qui ont une grande valeur. »
Même si ces séjours impliquent beaucoup
d’activités, il ne s’agit pas de visites sportives à proprement parler
« Les
distances que nous parcourons vont de 30 à 80 kilomètres par jour en fonction
du nombre de segments de montée, ou de l’inclinaison des pentes, de la
difficulté de l’itinéraire, si la route est goudronnée ou pas ou s’il y a
beaucoup de sites à visiter. Pour ne donner que quelques exemples, parce que la
Transylvanie m’est très chère, les églises fortifiées sont désormais assez
connues et sont prêtes à recevoir des touristes souvent et en grand nombre. Il
existe une route consacrées aux fortifications transylvaines. Il y a aussi une
route des eaux minérales. Nous essayons de la promouvoir et elle impressionne à
chaque fois. Nous essayons d’utiliser le plus de ressources locales possibles.
C’est-à-dire, les habitants des lieux présentent les sites touristiques. Ce
sont eux qui fournissent les repas et le vin et d’ailleurs nous proposons le
plus possible des hébergements dans des gîtes ruraux, pour pouvoir proposer une
activité encore plus durable. Ce mélange est très apprécié par les touristes et
surtout par les touristes étrangers. » explique encore Ionuț Maftei.
Les visites thématiques de cyclotourisme peuvent durer entre
un et sept jours. Dans le premier cas, une visite autour de Bucarest est
proposée au prix de 35 euros environ par personne. Pour des programmes plus
complexes, le coût s’élève à 200 euros par jour et par personne et comprend
l’hébergement, toutes les visites, les transferts, le support et l’assistance technique
et logistique. (Trad : Alex Diaconescu, Valentina Beleavsky)